SAGUENAY - Le gouvernement du Québec a annoncé ce matin un investissement pouvant aller jusqu'à 14,1 M$ dans Elysis. Celui-ci se fera par le biais de la détention de parts dans l'entreprise.

Ce montant représente l'investissement nécessaire pour le gouvernement pour maintenir sa quote-part actuelle de 3,53 % dans Elysis. Les deux autres membres de la coentreprise, Alcoa et Rio Tinto, ont réinjecté 192 M$ chacun dans cette ronde de financement de 400 M$. Cela porte à 94 M$ la somme investie par Québec depuis 2018 pour soutenir le projet de production d'aluminium sans émission de GES d'Elysis.

"C'est pour faire passer à un stade plus avancé, supérieur, les avancées autour de la technologie d'Elysis. [...] Le souhait, c'est de se rendre à une industrialisation. Pour y aller, il faut passer un certain nombre de jalons. C'est un nouveau jalon qu'on permet d'atteindre avec les investissements qui sont faits", a affirmé la ministre de l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie. 

La mise en service d'une première cuve prototype industrielle (450 kA) est d'ailleurs prévue pour le milieu de l'année 2025. Rappelons que celle-ci est implantée à l'extrémité d'une ligne de production existante de l'aluminerie d'Alma. "On a complété la fabrication de cette cellule à la fin de l'an passé. Nous sommes présentement dans les étapes de préparation de démarrage de cette cellule-là", a précisé le nouveau président-directeur général d'Elysis, François Perras, qui est entré en fonction le 1er janvier. 

M. Perras a souligné l'engagement des employés d'Elysis dans le développement de la technologie et les nombreux défis qui ont été relevés depuis le lancement de la coentreprise. "Le Québec a toujours été à l'avant-garde de l'industrie de l'aluminium. On a présentement la capacité de produire l'aluminium ayant la plus faible empreinte carbone dans le monde et on a l'opportunité de continuer à être le leader et d'avancer à la prochaine étape en mettant en place le processus d'électrolyse décarboné", a-t-il fait valoir. 

Importance stratégique

La ministre Fréchette a profité de l'occasion pour réitérer l'importance stratégique qu'occupe l'industrie de l'aluminium au Québec. La province génère en effet près de 90 % de la production canadienne de métal gris et 75 % de la production nord-américaine. "C'est vraiment un atout que l'on a et que l'on va mettre en valeur et qu'on va mettre de l'avant dans le cadre des négociations qu'on va tenir avec l'administration américaine advenant qu'il y ait une volonté d'imposer des tarifs de leur côté", a-t-elle affirmé.

La présidente-directrice générale d'Investissement Québec, Bicha Ngo, estime pour sa part que la technologie d'Elysis vient renforcer la compétitivité du Québec dans ce secteur. Elle souligne qu'à ce jour, Elysis est considérée comme l'une des entreprises les plus avancées mondialement dans le développement d'une technologie d'électrolyse d'aluminium sans émission de GES. 

"Le procédé d'électrolyse sans carbone qui va être produit ici intégrera la chaîne de valeur tant pour des joueurs au Québec qu'à l'international. Cette technologie favorise non seulement une production plus verte et durable, mais elle jette les bases pour une chaîne de valeur et une expertise stratégique internationale et locale", a-t-elle déclaré. Elle rappelle que ces développements représentent des opportunités importantes pour les équipementiers de la région et de la province. 

Christine Fréchette considère également qu'Elysis permettra au Québec et au Saguenay-Lac-Saint-Jean de se démarquer. "Cette technologie d'Elysis va nous positionner comme étant un leader à l'échelle internationale dans un contexte de transition énergétique. [...] Elle a le potentiel de propulser le Québec à l'avant-scène d'un véritable changement dans l'industrie de l'aluminium et d'augmenter notre compétitivité à l'international. Ça va permettre au Québec de renforcer son rôle en matière de décarbonation et de se positionner de façon très avantageuse à l'international", a-t-elle ajouté. 

Rappelons finalement que Rio Tinto a annoncé, en juin dernier, cuves utilisant la technologie ELYSIS au Complexe Jonquière. Celles-ci produiront annuellement jusqu'à 2 500 tonnes métriques d'aluminium.