N.D.L.R. : Le texte qui suit fait partie d’un dossier rédigé dans le cadre du cahier thématique dont le thème est : « L’aluminium : la transformation à l’ordre du jour » publié dans notre édition du mois de novembre.
SAGUENAY – Lilianne Savard, la chargée de projet de la Société de la Vallée de l’aluminium (SVA) revient tout juste d’une mission exploratoire auprès de l’industrie maritime de la Gaspésie et elle est emballée par l’accueil que lui ont réservé ses hôtes. Elle est surtout positivement étonnée de l’intérêt des entrepreneurs rencontrés envers ce que peut leur offrir notre grappe aluminium.
Celle qui était accompagnée par sa collègue Josée Dallaire, directrice du Créneau d’excellence Transformation de l’aluminium, est revenue très motivée par le potentiel de cette industrie. « Nous y sommes allés sans grandes attentes, je dois l’avouer. Mais à ma grande surprise, ils ont écouté avec un grand intérêt ce que nous leur avons présenté. Ils se sont montrés tellement intéressés qu’ils vont venir nous visiter en 2020 dans le but établir des relations d’affaires avec nous et les entreprises de la filière aluminium », annonce Lilianne Savard. Celle-ci ajoute que les propriétaires de deux importants fabricants gaspésiens de bateaux de pêche de grande envergure (jusqu’à 150 pieds de longueur) et qui utilisent l’aluminium dans certains de leurs produits ont été rencontrés.
Potentiel sous-exploité
Les deux représentantes de la SVA ont constaté que ces fabricants utilisaient l’aluminium de façon très conventionnelle. C’est-à-dire qu’ils s’en servent exactement comme ils le font pour l’acier, principalement en soudant les pièces et les plaques pour alléger leurs bateaux.
« Ils font ça à l’ancienne méthode », lance Lilianne Savard, qui souligne leur avoir présenté le potentiel des nombreux alliages, disponible et les produits transformés et complémentaires (mousse d’aluminium, adhésif, etc.). En plus de certaines techniques d’assemblage des matériaux d’aluminium développés ou perfectionnés chez nous, notamment la soudure par friction malaxage.
Visite gaspésienne après les Fêtes
Mais elles ont surtout insisté pour exposer l’expertise de nos équipementiers et fournisseurs régionaux, qui pourraient éventuellement leur procurer tout un éventail de produits et services. « Nous avons rencontré des ingénieurs et architectes navals de deux des principaux fabricants de bateaux de pêche. Ils nous ont écoutées avec une grande attention. (…) J’ai vu des entrepreneurs qui rêvent de construire leurs navires entièrement en aluminium et ils ont les moyens de leurs ambitions. Nous leur avons fait voir qu’au-delà des structures, il y a beaucoup d’équipements en aluminium que nos entrepreneurs pourraient construire. À la fin de nos rencontres, ils étaient tellement emballés qu’ils veulent venir nous visiter au cours des prochaines semaines », lance-t-elle, en précisant par ailleurs que deux missions économiques devraient finalement se tenir en janvier prochain avec des délégations de l’industrie maritime gaspésienne.
Le militaire dans la mire aussi
Lilianne Savard explique également que le marché des équipements militaires est dans la mire de l’équipe de la SVA pour les prochains mois. Elle précise que c’est plus de 12 G$ de fonds publics qui seront dépensés par Ottawa au cours des prochaines années pour équiper les troupes en matériel et véhicules neufs. Il faut savoir que les fabricants de ce secteur industriel utilisent de plus en plus d’aluminium dans la fabrication de ces produits, notamment pour en alléger le poids. Un des enjeux importants pour les entreprises qui veulent devenir fournisseur pour la Défense nationale du Canada c’est la sécurité. Les PME et leurs ressources humaines doivent « montrer patte blanche » et se conformer à des règles strictes de confidentialité, en s’astreignant à un long processus de conformité.
C’est notamment à ce chapitre que veut intervenir la SVA. « Un des enjeux pour les PME c’est de se conformer aux exigences du ministère de la Défense. C’est un processus qui est lourd pour les entrepreneurs. On estime qu’on a une vingtaine d’entreprises qui pourraient devenir fournisseurs pour les produits militaires. On prévoit les aider à analyser cette possibilité à intégrer ce marché. Mais il faut commencer rapidement parce que ça peut prendre jusqu’à cinq ans pour atteindre le niveau de conformité requis », relate Lilianne Savard. Elle explique d’autre part que la SVA discute avec d’autres pôles de fabrication industrielle, notamment européens, qui travaillent déjà dans le secteur militaire et qui sont ouverts à partager leur expertise dans ce domaine.