SAGUENAY – Malgré une pause forcée le 24 mars en raison de la crise de la COVID-19, le chantier d’Elysis a repris au début du mois de mai dans l’ancien centre de production des anodes du complexe Rio Tinto à Jonquière, un projet de quelque 50 M$.
« La pandémie a eu des impacts sur le projet, oui et non. La construction a été arrêtée pendant six semaines, mais nous avons été en mesure de reprendre avec une autre organisation du travail pour s’assurer de se conformer aux normes sanitaires imposées. Pour réduire le nombre de personnes sur le chantier, nous sommes passés d’un quart de travail de 35 travailleurs, à deux en divisant l’équipe. Les activités avancent de nouveau rondement. En fait, il est important de retenir que malgré la pandémie et l’effondrement du marché de l’aluminium, notre projet ne ralentit pas et on continue sur notre plan de travail », mentionne le PDG d’Elysis, Vincent Christ, lors d’un entretien avec Informe Affaires.
Le défi, selon M. Christ, est de travailler avec un nombre d’équipementiers qui, eux aussi, ont vécu des impacts liés à la pandémie. « Nous avons une bonne proximité avec les équipementiers du Québec, mais également avec ceux qui proviennent d’outre-mer comme la Suède, la France et l’Espagne. On est en train de s’assurer que l’on va recevoir les équipements à temps pour mettre en route notre centre de recherche avant la fin de l’année, ce qui fait que l’on reste dans nos échéanciers, car on prévoyait le démarrage pendant la deuxième moitié de 2020 », précise le PDG, en ajoutant que la construction comme telle tire à sa fin. La prochaine étape est la réception des équipements, l’installation de ceux-ci, les essais et ensuite, on passera à l’étape de démarrage.
Embauches en cours
L’entreprise procède actuellement à l’embauche et à la formation des 25 personnes nécessaires au fonctionnement du centre de recherche. « Nous sommes bien avancés dans les embauches. Nous avons déjà les trois quarts des gens mobilisés sur le total prévu de 25. Ils font des rotations pour ne pas avoir tout le monde en même temps dans les bureaux, la moitié œuvrant en télétravail quand l’autre est sur le site. Ils ont commencé leurs activités avec la formation et la préparation du démarrage », ajoute Vincent Christ.
En ce qui concerne les potentiels clients, le PDG avoue qu’il n’y pas de contrat de confirmé pour l’instant. « Nous ne sommes pas rendus au stade des signatures d’entente. Nous avons le centre de recherche que l’on va démarrer et la prochaine étape sera de faire des cuves d’électrolyse de taille commerciale et c’est cela qui fera le produit qu’on vendra à la fin. Le lieu où seront situées ces cuves fait toujours l’objet de discussions. Il est assuré que ça sera au Québec. Oui, la région du Saguenay–Lac-Saint-Jean est aussi dans les discussions », soutient-il.
Pour Elysis, c’est important d’installer les cuves au Québec pour quatre raisons, toujours selon M. Christ. Les actionnaires principaux, Alcoa et Rio Tinto, ont des opérations dans la province, le centre de recherche étant également situé dans une opération existante de RT; l’avantage de l’hydroélectricité; le grand support des gouvernements du Québec et du Canada à travers le financement; ainsi que le bassin d’expertise en termes d’aluminium, pas seulement au niveau des opérations, mais aussi en raison de la présence d’universités, des centres de recherche et de tout le milieu qui gravite autour de l’aluminium. Quand on lui mentionne que ces quatre critères répondent parfaitement au territoire du Saguenay–Lac-Saint-Jean, Vincent Christ répond avec un sourire dans la voix que c’est exact et que « c’est pourquoi la région fait partie des discussions ».
Réduire l’empreinte carbone
Rappelons qu’Elysis est issue d’un partenariat entre Alcoa et Rio Tinto. Le développement de sa technologie est également appuyé par Apple et par les gouvernements du Québec et du Canada, qui se sont joints aux deux géants de l’aluminium dans l’investissement de 188 M$ nécessaire à la création de la coentreprise. Cette technologie vise à répondre à la demande mondiale de produits à plus faible empreinte carbone (au Canada seulement, on parle d’une réduction potentielle des émissions de GES de sept millions de tonnes). Elle permettra de réduire les coûts d’exploitation des alumineries tout en augmentant leur capacité de production.
Lors de la commercialisation de la technologie, Elysis assurera la vente exclusive des matières nécessaires à la fabrication des anodes et cathodes de nouvelle génération, qui posséderont une durée de vie 30 fois supérieure à celles utilisées actuellement.