LAROUCHE - Entièrement conçu et fabriqué dans la région depuis l’automne 2015 par deux associés de Larouche, Rémy Lefebvre et Sylvie Lespérance, la microroulotte iGoutte fait des malheurs non seulement au Québec, mais intéresse les propriétaires de motocyclettes «Spyder» en France.
Cet équipement unique au Québec, presque entièrement fabriqué d’aluminium, a été remarqué récemment par l’Association BTW-France (BTW pour Brothers of the Third Wheel) qui regroupe des amateurs de motocyclettes à trois roues.
En milieu de juin dernier la BTW a invité les concepteurs de la iGoutte a participer au «Meeting International Trikers» présenté à Aix-Les-Bains, qui se tenait le 24 juin dernier. Les associés, qui sont également des conjoints dans la vie, ont dû décliner l'invitation, qui arrivait beaucoup peu trop vite à cette étape de leur développement. Qu'à cela ne tienne, pour Sylvie Lespérance ce n'est que partie remise. S'il n'en tient qu'à elle, la iGoutte roulera en France en 2017, lors de la prochaine édition de ce rendez-vous des passionnées de motos.
Celle qui s’implique principalement dans le marketing et le développement des affaires de la microroulotte assure que nos voisins du sud lorgnent également du côté de la iGoutte. Selon la femme d’affaires, un important distributeur d’équipement de moto aurait contacté le couple pour discuter de la distribution du produit aux États-Unis. « Mais on doit être prêt. On ne veut pas aller trop vite », assure-t-elle.
Un produit unique et innovateur
Aux dires de Rémy Lefebvre et Sylvie Lespérance, la iGoutte est une véritable attraction partout où elle passe. Elle ne fait pas seulement tourner les têtes pour son élégance, mais intéresse les gens pour son côté pratique et ses caractéristiques techniques. Il faut dire que son poids de quelque 370 livres - la plus légère sur le marché - permet à la maisonnette d’être facilement tractée par les populaires motocyclettes «Spyder», de plus en plus présentes sur les routes de l’Amérique du Nord.
La iGoutte offre un confortable habitacle de 46 pouces par 78 pouces. La couchette propose un matelas de haute qualité "Lion d'Or", fabriqué dans la région. Elle est également équipée d'un panneau solaire qui alimente la batterie 12V, dotée d'un chargeur intelligent, une fois la iGoutte stationnée. Une glacière et différents équipements, notamment une télé de 19 pouces, un lecteur de DVD et un ventilateur, équipent la microroulotte. La iGoutte est essentiellement construite d’aluminium et de bois. Son facteur isolant est de R7. Les clients peuvent commander l’application d’un logo ou d’une peinture spéciale pour personnaliser leur microroulotte. Le prix de cet équipement original varie entre 8000 et 10000 dollars.
Un cadeau de mariage
L’histoire du développement de la iGoutte n’est certes pas moins originale que le produit. Rémy Lefebvre et Sylvie Lespérance se sont mariés en juillet 2015. Le couple voulait s’offrir un périple avec leur moto «Spyder» et voulait remorquer une microroulotte pour se loger pendant leur voyage. Après des recherches laborieuses, ils finissent par trouver un modèle construit en bois et pesant quelque 600 livres. Rémy Lefebvre modifie la microroulotte en profondeur pour qu’elle soit moins lourde et puisse être tractée par la moto.
Même s’ils trouvent que cette maisonnette a beaucoup de défauts, l’expérience de voyager ainsi les passionne véritablement. Ils ont la piqûre. Pour Sylvie Lespérance, c’est vraiment la liberté. « On a arrêté de rouler au mois d’octobre », explique-t-elle. La jeune femme, bien au fait des talents de bricoleurs et d’innovateur de son conjoint, lui propose un défi. «Je lui ai dit : t’es capable d’en faire une bien meilleure», lui lance-t-elle en septembre 2015. Ils prennent le mois d’octobre pour établir le budget et concevoir le produit.
Du défi personnel, à l’entreprise
Fin novembre 2015, la microroulette est terminée. «On a exactement ce qu’on voulait. Tout a été pesé et mesuré », assure Rémy Lefebvre. L’homme d’affaires s’assure de ne pas dépasser la limite de poids, soit 400 livres, dont 40 livres déposés sur le timon pouvant être tirée par le «Spyder». Les amis et la famille du couple sont renversés par la beauté et le côté pratique de l’équipement complété. L’entourage est unanime. La microroulotte doit être commercialisée et elle fera fureur.
Rémy Lefebvre et Sylvie Lespérance embarquent dans l’aventure des affaires. Lui s’occupera de la construction et elle du marketing de l’équipement qu’ils baptisent la iGoutte. Dès les premières semaines de visibilité de la microroulotte, sur les réseaux sociaux et sur la route, c’est la folie assure le couple. « Nous ne pouvons pas aller nulle avec la iGoutte part sans qu’on nous aborde pour de l’information », confirme Sylvie Lespérance. Déjà quatre iGoutte ont été vendues sur le territoire du Québec. Mentionnons que la microroulotte est assemblée dans une petite remise derrière la maison des associés à Larouche. Toutefois, dès cet automne, un atelier sera construit pour faciliter le travail et répondre à la demande anticipée.
Ne pas brûler les étapes
Malgré l’engouement pour leur produit, Rémy Lefebvre et Sylvie Lespérance ne veulent surtout pas brûler les étapes. Ils gravissent les marches une à une pour éviter les écueils et s’assurer d’un développement qui suivra la demande du produit. « On va suivre la demande, si on doit engager (du personnel), on le fera», assure la femme d’affaires. Question de partir du bon pied, Sylvie Lespérance est inscrite à des cours de gestion d’entreprise. Elle s’active aussi à la préparation des bilans pros format des premières années d’opérations, pour aller à la recherche de financement.
Par ailleurs, plusieurs salons et activités de marketing sont au programme pour la iGoutte cet été. Entretemps, outre la fabrication de nouvelles unités, Rémy Lefebvre prépare une variante de la microroulotte. Elle sera sensiblement plus petite et légère que la iGoutte originale, pour pouvoir être tractée pas des motos conventionnelles. Or, le créateur a une obsession: diminuer sensiblement le poids de la iGoutte. «Je vise 300 livres et je vais l’avoir», lance-t-il en guise de conclusion.