Auteur

Maxime Hébert-Lévesque

N.D.L.R. Le texte qui suit fait partie d’un dossier rédigé dans le cadre du cahier thématique dont le thème est : « La forêt, ADN du Saguenay-Lac-Saint-Jean » publié dans notre édition du mois d’avril.

Notre équipe de rédaction est fière de vous présenter notre 7e cahier annuel sur l’industrie forestière, en partenariat avec Alliance Forêt Boréale. Dans ces pages, nous aborderons plusieurs enjeux en lien avec cette industrie, qui a largement contribué au développement de notre région.

Comme vous le constaterez à la lecture de ces textes, les acteurs de cette importante chaîne de valeur, qui fait encore grandement partie de notre ADN aujourd’hui, ont démontré une grande résilience au cours des dernières décennies.

Ils ont réussi à se renouveler et s’adapter aux nouvelles exigences en matière de développement durable, de respect de l’environnement et s’impliquent dans la réduction des GES, tout en contribuant à la richesse collective des régions du Québec.

Bonne lecture !

La rédaction.

SAGUENAY – Alliance forêt boréale (AFB), l’organisme de promotion de l’exploitation forestière au Saguenay–Lac-Saint-Jean (SLSJ), a mandaté une firme externe en 2021 pour mettre à jour les données relatives à son industrie. L’étude en main, les administrateurs disposent maintenant d’arguments supplémentaires pour faire avancer leurs dossiers.

« Ce qui nous a motivés à commander une étude de la sorte a été le désir d’affirmer l’importance de notre industrie économiquement parlant pour nos communautés. On voulait démontrer concrètement avec des données tangibles et récentes que notre région représente une grosse part de la filière forestière au Québec », commente le directeur général de l’AFB, Aldé Gauthier.

Les dernières données que possédait l’association dataient parfois de 2012 et 2015. Lorsque le groupe défendait ou revendiquait la force de la région et les retombées économiques de l’industrie, les membres avaient souvent l’impression de n’avoir rien sur quoi s’appuyer. « Nous rabâchions de l’information qui n’était pas à jour et lorsque nous cherchions à actualiser nos connaissances, c’était difficile puisque les données provenaient de plusieurs sources différentes. Le rapport reçu en septembre dernier rectifie la situation. Aujourd’hui, nous avons l’information économique segmentée par MRC, par emploi et par secteur : Aménagement-exploitation-support, 1re transformation, 2e transformation, Pâtes et papiers et Transport. »

Le SLSJ et la filière forestière

Le chiffre de 60 000 emplois directs reliés au secteur forestier est véhiculé par le gouvernement du Québec. On stipule également que cette industrie se retrouve au cœur de l’économie de 140 municipalités et que plus de 3 000 établissements se consacrent à la fabrication de produits en fibres ligneuses de tout genre. Pour le directeur général de l’AFB, il devenait nécessaire de mesurer l’apport de la région dans la province.

« Après analyse du rapport, nous avons pu observer que la contribution du SLSJ au Québec pour la filière forestière est de 25 %. Fait étonnant, nous détenons également 25 % des emplois, 25 % du territoire forestier et 25 % des attributions forestières. Nous pouvons donc émettre le constat que nous produisons la juste part que nos ressources nous permettent. Toutefois, ça ne veut pas dire qu’au niveau gouvernemental nous sommes favorisés. »

Un budget 2022-2023 sans surprise

Avec ces données en main, l’AFB pensait pouvoir négocier avec plus d’aplomb lors de ses demandes auprès de Pierre Dufour, ministre des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP). « Nous avons sollicité le cabinet du ministre Dufour pour avoir des précisions supplémentaires parce que le nouveau budget 2022-2023 ne présente aucune surprise. Les montants contenus dans les enveloppes prévues pour le secteur forestier sont pratiquement identiques à ceux de l’année précédente. Pourtant, la situation économique a beaucoup changé, entre autres, avec la pénurie de main-d’œuvre et l’inflation à la hausse. Nous trouvons cette situation déplorable puisqu’à long terme, nous ne serons plus en mesure de produire autant. Au minimum, nous demandons l’indexation de l’enveloppe pour les travaux sylvicoles parce que celle-ci n’a pas été mise à jour depuis 2014. »

Les grandes revendications

Le 1er avril 2013, le MFFP a instauré un nouveau régime forestier pour actualiser la gestion et l’aménagement forestier de manière durable et dans le but de stimuler la compétition dans le secteur. En effet, le régime permet à l’État de mettre aux enchères 25 % du bois récolté sur les terres publiques. Autrefois, l’ensemble de la matière ligneuse était octroyé par contrat à des sociétés privées. Une façon de faire qui rendait difficile l’accès au bois pour de plus petits joueurs. « Le nouveau régime fêtera ses 10 ans l’an prochain et nous changerons alors de quinquennat. Cela signifie que le gouvernement du Québec va réattribuer des garanties d’approvisionnement aux usines de transformation. Les chiffres que nous avons en main, 16 000 travailleurs directs et indirects dans la région, ne devraient pas trop bouger. Toutefois, nous continuerons à proposer des changements et des modifications au régime pour le rendre plus près des intérêts de l’industrie. »

En effet, l’ingénieur forestier et son association revendiquent depuis plusieurs années la notion d’accès à la fibre ligneuse. Ce qu’on appelle les forêts de proximité, c’est le concept de pouvoir aménager la ressource existante sur le territoire. « Nous nous battons pour une fibre plus accessible et aussi plus rentable. Abattre des arbres à 300 km au nord c’est économique et moins viable que récolter du bois dans un rayon de 50 km. Ce que nous désirons, c’est que la gestion de la ressource soit prise en charge par les MRC. Toutefois, c’est un combat de longue haleine et aucun indice ne laisse présager un consentement à la décentralisation des pouvoirs au niveau de l’État », conclut Aldé Gauthier.

Faits saillants

- AFB couvre les MRC du Saguenay–Lac-Saint-Jean et celle de Manicouagan sur la Côte-Nord.

- En 2021, on estimait le salaire moyen annuel à 54 820 $ pour les emplois directs du secteur de l’AFB.

- En calculant les emplois directs, indirects et induits, on estime à 19 465 le nombre de travailleurs pour la filière forestière du territoire de l’AFB.

- Pour les gouvernements, les revenus annuels générés par les secteurs couverts par l’AFB sont de 332,4 millions $ pour le Québec et de 121,4 millions $ pour le Canada.

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