Auteur

Maxime Hébert-Lévesque

N.D.L.R. Le texte qui suit fait partie d’un dossier rédigé dans le cadre du cahier thématique dont le thème est : « Espace aluminium, un regard tourné vers l’avenir ! » publié dans notre édition du mois d’octobre.

SAGUENAY – Le chantier Valorisation et recyclage lancé à la fin de l’année 2020 par Alu-Québec a pour objectif de cartographier le flux de rebuts d’aluminium dans la province. Un travail qui permettra de mieux faire valoir le cycle de vie de l’aluminium. L’industrie de la seconde fusion représenterait des millions de dollars par année et des opportunités d’affaires intéressantes pour les acteurs du milieu.

« L’objectif avec le chantier est d’identifier le volume de rebuts d’aluminium généré au Québec. Nous voulons être en mesure, entre autres, de connaître leur nature, qui les produit et par où ils transigent pour être recyclés ou non. À partir de là, nous serons capables de déceler les opportunités d’affaires pour les entreprises d’ici. Il faut voir le chantier Valorisation et recyclage comme d’un point de convergence où les acteurs et professionnels de l’industrie se retrouvent pour créer des partenariats et des stratégies de revalorisation des rebuts. L’expertise est déjà présente dans la province, nous devons démontrer avec un cas d’affaires la viabilité économique du recyclage », explique François Racine, président d’Alu-Québec.

Post-industriel

Les producteurs d’aluminium primaire, les transformateurs comme les extrudeurs ou encore les usines d’assemblage sont des acteurs qui produisent des résidus industriels. « Outre la difficulté de récupérer les rebuts générés par certains procédés, l’enjeu avec le métal post-industriel est de séparer ses alliages avant sa deuxième fusion pour éviter la contamination. Les connaissances et les techniques pour réaliser ce type d’opération existent. D’ailleurs, le transformateur Shawinigan Aluminium s’est équipé d’un four de refonte et offre dans son portefeuille de produits des billettes fabriquées à partir de rebuts recyclés. » Si le flux de matière recyclable s’avère important, par le travail de cartographie d’Alu-Québec, des entreprises pourraient voir le jour et se spécialiser uniquement dans la refonte.

Pour une aluminerie, recycler ses rebuts pourrait signifier améliorer son bilan environnemental tout en augmentant sa capacité. Règle générale, on produit la même quantité de métal en deuxième fusion pour seulement 5 % de l’énergie exigée en première fusion. Le président d’Alu-Québec souligne que de nombreux constructeurs automobiles comme BMW, Ford et Jaguar, pour ne nommer qu’eux, exigent de plus en plus de leurs fournisseurs des produits d’aluminium comportant un certain pourcentage de matière recyclée.

Post-consommation

Les canettes en aluminium, les contenants alimentaires, les voitures et même les châssis de fenêtres sont des résidus de type post-consommation. Pour le cas précis de la canette, la totalité de son recyclage se fait aux États-Unis et son cycle de vie est l’un des mieux implantés avec le système de consignation. « Des tonnes de rebuts d’aluminium sont envoyées, chaque année, aux États-Unis pour être recyclées. Se pourrait-il qu’avec le volume de métal issu de la post-consommation générée ici nous puissions implanter une usine de traitement ? C’est l’une des questions que notre chantier vise à répondre. Est-ce qu’on peut garder le métal ici et lui donner une valeur ajoutée ? » Présentement, il n’existe aucune installation au Québec qui traite la contamination présente sur l’aluminium de post-consommation comme la peinture.

Un marché tendance

Tout en restant prudent, François Racine estime qu’il se produirait au Québec des centaines de milliers de tonnes de rebuts par année. « Pour donner un ordre de grandeur, la production de détritus d’aluminium annuellement serait l’équivalent de la production d’une aluminerie, soit plus ou moins 400 000 tonnes. » En plus du volume de matière recyclable, il y a les nouvelles tendances qui motivent les acteurs du milieu de l’aluminium vers la seconde fusion. Il s’agit de l’engouement pour l’acheteur de réduire son empreinte environnementale. Des sociétés comme Apple capitalisent beaucoup sur l’écoresponsabilité de leurs produits pour attirer des consommateurs. Ces grands joueurs économiques sont donc de plus en plus acquéreurs d’aluminium « vert ». « Il y a aussi un avantage économique. Le prix de l’aluminium de seconde fusion est parfois en dessous du primaire. Étant un produit de commodité, si le marché se retrouve avec de grandes quantités de matières recyclées, l’acheteur peut bénéficier d’importants escomptes », conclut le président d’Alu-Québec.

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