SAGUENAY – Une nouvelle ère industrielle débute dans un contexte où la réduction de notre empreinte carbone est essentielle. De grandes entreprises, comme Apple, comptent décarboniser leurs activités au cours des prochaines décennies et ainsi revoir leur chaîne d’approvisionnement. Pour les producteurs d’aluminium, la technologie d’Elysis permettrait de rendre leur métal plus vert que vert.
Dans nos alumineries, le procédé utilisé pour fabriquer de l’aluminium est appelé Hall-Héroult et il consiste à dissoudre l’alumine dans un bain d’électrolyse à des températures avoisinant les 1000 degrés Celsius. Afin de séparer les atomes d’oxygène de l’aluminium, un fort courant électrique de plusieurs centaines de milliers d’ampères est passé dans la solution liquide entre une anode en carbone et une cathode en graphite. Durant le processus, l’anode libère du dioxyde de carbone (CO2) dans l’atmosphère.
Bien qu’il s’agisse d’un métal recyclable à l’infini et que sa refonte ne nécessite qu’un vingtième de l’énergie requise pour sa fabrication initiale, la production primaire de l’aluminium est extrêmement énergivore.
La source et la production plus vertes
L’électricité est la principale source d’énergie pour réaliser le procédé Hall-Héroult. Selon un rapport de l’Association de l’aluminium du Canada (AAC), plus de 14 000 kWh seraient nécessaires pour produire une tonne d’aluminium. Au Québec, l’électricité est produite grâce aux barrages hydroélectriques, une caractéristique qui rend notre production de métal moins polluante que celle provenant de pays où l’énergie est générée par des centrales thermiques.
« Ce qu’on appelle l’aluminium vert, c’est un métal produit à partir d’une source renouvelable. Il existe une prime sur le marché pour le métal avec une empreinte écologique moins élevée. Chez Elysis, nous proposons une technologie qui pourrait bonifier cette prime en décarbonisant également la production. Nous avons mis au point un procédé qui n’utilise pas d’anodes en carbone et qui génère uniquement de l’oxygène comme sous-produit », explique Vincent Christ, p.-d.g. de Elysis.
Des avantages économiques et de marché
L’aluminium est considéré comme un métal d’avenir. Il est léger, durable et résistant à l’oxydation. L’industrie automobile qui doit plus que jamais réduire son empreinte écologique utilise de plus en plus ce métal blanc. Moins lourd que l’acier, ce dernier réduit le poids des véhicules et a pour conséquence de diminuer la consommation de carburant, un élément important considéré par l’acheteur lorsqu’il fait l’acquisition d’une voiture.
« Des entreprises visent une carboneutralité au cours des prochaines années. Pour atteindre cet objectif, ils n’auront pas le choix de décarboniser leur chaîne d’approvisionnement aussi. C’est pourquoi Apple a investi dans Elysis, nous avons réussi à démontrer que nous pouvions développer un métal de standard international, le P1020, sans émettre de CO2. »
Dans certains secteurs, produire de manière consciencieuse à l’environnement est synonyme de coût supplémentaire. Or, Elysis avance que sa technologie réduit les coûts de fabrication. En effet, ses anodes faites à partir de matériaux brevetés auraient une durée de vie 30 fois plus longue que les anodes traditionnelles, qui elles, doivent être remplacées tous les 23 à 25 jours.
Elysis en 2022
« Nous commençons progressivement à démarrer notre centre de recherche et la construction de notre prototype dans l’usine de Rio Tinto à Alma commencera bientôt. Ce sera la première fois qu’on s’installe dans un milieu industriel moderne et nous pourrons tester une production à grandeur réelle », commente Vincent Christ qui conclut qu’aucun montant pour la construction de cette vitrine technologique ne sera divulgué. Selon le dirigeant, l’investissement qui a permis la fabrication du prototype n’est pas comparable au prix de la version qui sera commerciale.