Dominique Savard
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Dominique Savard

N.D.L.R. : Le texte qui suit fait partie d’un dossier rédigé dans le cadre du cahier thématique dont le thème est : « La construction, levier de la relance » publié dans notre édition du mois de février.

SAGUENAY – Malgré la pandémie, la région du Saguenay a terminé l’année 2020 avec un record de 535 mises en chantier résidentielles, en hausse de 18 % sur l’année précédente où l’on en a dénombré 452. Ainsi, on constate un cumul de 336 mises en chantier de maisons unifamiliales l’an dernier ainsi que 173 dans le secteur locatif (incluant les logements coopératifs) et 26 copropriétés.

« C’est une vague qui est arrivée un peu partout au Québec. Après avoir arrêté une trentaine de jours au printemps, c’est tout un rattrapage et plus encore qui s’est produit. Ça nous dit aussi que nous avons beaucoup de travail devant nous, car le carnet de commandes est assez bien garni. Il faudra continuer et achever les mises en chantier qui ont débuté l’automne dernier. Et selon nos enquêtes, on voit qu’il y a encore beaucoup d’appétit pour la rénovation domiciliaire, » confirme François Bernier, vice-président aux Affaires publiques à l’Association des Professionnels de la Construction et de l’Habitation du Québec (APCHQ).

Une bonne mauvaise nouvelle ?

« Cela fait que les constructeurs et les rénovateurs vont avoir une autre bonne année, sous réserve toutefois de deux éléments », lance-t-il, en expliquant que s’il est intéressant de voir que les entrepreneurs ont beaucoup d’activités, il faut savoir que, pour certains intrants comme le bois d’œuvre, on prévoit aussi un problème d’approvisionnement et des coûts beaucoup plus élevés. Par ailleurs, l’enjeu de la rareté de la main-d’œuvre est toujours fortement d’actualité.

« C’est comme une bonne mauvaise nouvelle… La pénurie de main-d’œuvre est toujours là. On attend grandement l’adoption des fameuses mesures de la CCQ qui ont pour but d’aider à diminuer ce problème. Ce sont des changements réglementaires pour aider à ajouter des effectifs ou à les rendre plus polyvalents. On a besoin de ces bras-là », lance-t-il.

Les mesures suggérées pour pallier la rareté de la main-d’œuvre sont :

• Bonifier de 50 % les heures reconnues dans l’apprentissage pour la réussite d’un DEP;

• Permettre la supervision d’un deuxième apprenti si celui-ci est dans sa dernière période d’apprentissage;

• Permettre l’émission de deux exemptions à détenir un certificat de compétence-apprenti par entreprise aux enfants d’employeurs;

• Permettre l’émission d’un certificat de compétence-occupation aux diplômés de DEP qui mènent aux occupations spécialisées (exclusion pour les soudeurs, soudeurs en tuyauterie et monteur de ligne);

• Permettre l’émission de certificats de compétence-apprenti d’une durée de six mois pour les personnes inscrites à temps plein dans les programmes menant à des métiers de la construction;

• Permettre l’accès à l’examen de qualification au statut de compagnon une fois complété à 85 % la période d’apprentissage;

• Permettre l’émission d’un certificat de compétence-apprenti aux personnes qui démontrent une expérience de travail pertinente équivalente à 35 % de l’apprentissage d’un métier;

• Permettre aux apprentis d’effectuer les mêmes tâches résiduaires que les compagnons de leur métier.

Matériaux plus rares et plus chers

La pénurie de matériaux, le bois d’œuvre plus particulièrement, plane toujours en raison des pressions de l’industrie de la construction qui fait face à une solide demande et l’industrie américaine, qui est excessivement active, drainant cette ressource vers ce marché, ce qui se répercute par une pression à la hausse sur les prix.

Cette situation demandera certainement des ajustements au cours des prochains mois. « Il faudra être prudent dans ce que l’on promet de faire et dans la livraison parce que ça peut déraper à cause des problèmes d’approvisionnement. On espère que nos petits sondages que l’on fait vont nous ramener des détails, car on entend parler de difficultés d’approvisionnement dans d’autres domaines. C’est vraiment dommage d’avoir un projet, même si tout le monde est de bonne foi, de se rendre compte qu’il manque un élément dans la chaîne d’approvisionnement », confie François Bernier.

Clause de révision des prix

Pour pallier un peu ces problèmes, le porte-parole de l’APCHQ avance qu’au niveau légal, il serait bon d’avoir une clause de révision de prix dans les contrats.

« Malgré cela, le volet communication entre les deux partis est le plus important. Dans un climat particulier, on risque d’avoir des indexations déraisonnables, d’avoir des délais, il faudrait s’en parler au départ et qu’on convienne du degré de tolérance de chacun en matière de variations de prix, de délais ou retards, afin de savoir si le projet tient toujours la route. J’invite les gens (constructeur et client) à être très transparents. Par ailleurs, on ne peut pas faire grand-chose contre les problèmes d’approvisionnement et de hausses des coûts qui sont fixés par le marché nord-américain. On peut quand même être prudents et essayer de réserver des quantités auprès de son marchand local et d’avoir des ententes d’approvisionnement. Il faut aussi éviter le phénomène du papier de toilette et de trop s’approvisionner longtemps d’avance, ce qui ne ferait que d’accélérer le problème de pénurie. »

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