SAGUENAY – Construire des maisons et bâtiments en bois permet de contribuer à limiter les quantités de dioxyde de carbone, un gaz à effet de serre, relâchées dans l’atmosphère et contribue à la lutte contre les changements climatiques, confirme Réjean Gagnon, biologiste et professeur retraité de l’UQAC, un spécialiste reconnu de l’écologie forestière.
« Un arbre est capable de réduire le taux de CO2, parce que c’est nécessaire à sa croissance. […] Les arbres vont capter le CO2 et le transformer en carbone dans le bois. […] Si vous prenez un 2X4 ou un morceau de bois sec, 50 % de son poids, c’est du carbone qui provient du CO2 », indique Réjean Gagnon. Il précise que, lorsque l’arbre meurt et se décompose en forêt, il va relâcher le dioxyde de carbone qu’il avait capté dans l’atmosphère, le remettant en quelque sorte en circulation. Lorsqu’un arbre est transformé en bois pour la construction, le CO2 reste emprisonné pour toute la vie du bâtiment. Comme il s’agit d’un matériau très résistant, cela peut représenter une très longue durée.
Trente tonnes de CO2 retenues
Réjean Gagnon explique que les maisons dont l’ossature est construite en bois nécessitent normalement environ de 25 à 30 mètres cubes de bois. Il est généralement acquis qu’un mètre cube de bois séquestre environ une tonne de CO2. Ainsi, on peut conclure qu’une maison régulière permet de retenir de 25 à 30 tonnes de ce gaz à effet de serre. « Ici, ça se fait automatiquement, parce qu’on utilise automatiquement du bois pour construire nos habitations », souligne le professeur. Mentionnons également que, pour leur part, des matériaux comme l’acier et le béton génèrent des quantités importantes de gaz à effet de serre pour leur production.
Le spécialiste de l’écologie forestière affirme que l’épinette noire, l’espèce qu’on récolte principalement dans la forêt boréale, est très recherchée pour le bois d’œuvre. « C’est ce qui se fait de mieux pour la construction. C’est un bois très solide, résistant et léger. » Avec les résidus de sciage, elle permet de produire un des meilleurs papiers au monde (mince, résistant, facile à blanchir). Réjean Gagnon assure aussi que l’usine de Saint-Félicien produit l’une des plus belles pâtes kraft sur la planète. « Il n’y a pas de perte quand on coupe un arbre », rappelle-t-il.
Par ailleurs, lorsqu’on brûle le bois, il relâche dans l’atmosphère seulement le dioxyde de carbone qu’il avait emmagasiné auparavant. Chauffer au bois n’ajoute donc pas de gaz à effet de serre au bilan, contrairement aux combustibles fossiles, précise également l’expert.
Biodiversité préservée
La forêt boréale possède une grande partie de sa biodiversité dans ses sols. C’est d’ailleurs ce qui lui permet de repousser après un feu ou une épidémie. « Ce sont des espèces qui sont généralement bien adaptées à se régénérer après les feux. […] Dans des forêts d’épinette noire, c’est près de 80 % du territoire qu’on coupe qui se régénère de façon naturelle. On a le même stock génétique d’arbres qu’avant », note M. Gagnon.
Il cite l’exemple du bleuet, dont la tige principale est souterraine, ce qui lui permet de repousser rapidement après le feu. La même chose se produit après les coupes. « Et dans la forêt boréale, on n’a pas d’espèce végétale ou animale connue qui est disparue à cause des coupes. Il y a eu beaucoup d’analyses qui ont été faites », ajoute-t-il.
Réjean Gagnon rappelle aussi que le bois est une ressource renouvelable. Lorsque la régénération ne se fait pas naturellement, on va aller reboiser ces espaces et les techniques utilisées sont efficaces, selon lui. « On va opposer l’image d’un paysage forestier à une coupe forestière. C’est sûr que là, on ne trouve pas ça beau. […] Mais sachant qu’au bout de cinq ans, ça repousse, qu’il y a des arbustes qui vont se développer, ce qui est bon pour la grande faune, ce n’est pas mort », conclut-il.