Auteur

Maxime Hébert-Lévesque

N.D.L.R. : Le texte qui suit fait partie d’un dossier rédigé dans le cadre du cahier thématique dont le thème est : « Un secteur forestier responsable et durable » publié dans notre édition du mois d’avril.

SAGUENAY – La tâche des entrepreneurs sylvicole est composée de trois grandes activités : la préparation des terrains, le reboisement et l’éducation de peuplement. Pour ces entrepreneurs, la forêt est un jardin qu’il faut organiser et cultiver.

C’est au ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP) que revient la tâche de déterminer année après année la quantité de bois à récolter dans la province. Les fonctionnaires et gestionnaires du MFFP établissent donc les zones de coupe et les territoires à protéger. Les volumes à prélever sont toujours calculés de façon que le milieu forestier soit en mesure de se régénérer perpétuellement. Au Québec, on replante de 20 % à 25 % de la superficie forestière récoltée.

La forêt est divisée en unités d’aménagement, c’est-à-dire des zones délimitées où les récoltes s’effectueront, et des entreprises, comme Reboitech, ont le mandat de s’occuper de ces secteurs tout au long de leurs cycles. « C’est Rexforêt, une entreprise qui est la propriété d’Investissement Québec et du MFFP, qui nous emploie. Tous les mandats et travaux qui nous sont attribués ont été approuvés par leurs ingénieurs forestiers. C’est également eux qui s’occupent de vérifier notre travail et de faire respecter les normes », explique Jean-François Harvey, directeur des opérations pour Reboitech, une firme qui effectue des travaux d’aménagement forestier. Tous les ans, l’entreprise emploie au plus fort de sa saison 200 employés et gère un territoire de 5000 hectares pour un chiffre d’affaires d’environ 10 millions de dollars.

Le début d’un nouveau cycle

La fin d’un cycle dans le langage sylvicole représente le retour à l’étape de récolte. C’est-à-dire qu’il y a eu une première récolte, le sol a été scarifié et préparé, il a ensuite été reboisé et ses pousses entretenues et finalement après plusieurs années récoltées à nouveau. C’est le type d’arbre qui détermine la durée d’un cycle. « Les plantations les plus agressives, celles qui se font au sud comme le peuplier hybride, surtout utilisé pour la fabrication de la pâte kraft, font de 20 à 30 ans, mais c’est le plus rapide qu’on puisse observer. Ici, au SLSJ, nos arbres résineux mettent de 60 à 80 ans. Il est donc très rare d’assister à deux cycles au cours de sa vie professionnelle ! » La préparation, à l’an un, consiste essentiellement à scarifier le sol, c’est-à-dire à tracer de profonds sillons dans lesquels différentes essences seront plantées. C’est une opération qui a été mécanisée depuis plusieurs années et qui, contrairement aux autres activités sylvicoles, ne représente pas un gros défi pour les entreprises.

Le reboisement, un travail ardu et essentiel

Le reboisement s’effectue à l’an deux. Les essences plantées sont déterminées par la nature des sols et les besoins de l’industrie. « Dans l’imaginaire collectif, le reboisement c’est notre activité la plus connue. Surtout depuis la conscientisation environnementale. Le fait de replanter permet de capter de grande quantité de CO2 et ça, les gens l’ont bien saisi », souligne Jean-François Harvey. Malgré cet engouement pour les actions écologiques, les reboiseurs ne courent pas les rues. En effet, il s’agit de la tâche en sylviculture qui présente les plus de défi. « C’est la captation et rétention de main-d’œuvre qui pose un problème. Les jeunes générations ne sont pas attirées par ces métiers saisonniers. Le travail en forêt, c’est difficile physiquement, mentalement, et ce n’est pas pour tout le monde. »

Toutefois, il semble y avoir un regain d’intérêt venant cette fois-ci du côté des travailleurs immigrants. « Il ne s’agit pas de travailleurs étrangers, comme c’est le cas pour les champs en agriculture, mais de personnes en processus de résidence permanente ou vivant sur le territoire depuis quelques années.

Ces nouveaux arrivants sont de plus en plus présents dans nos forêts et sont satisfaits avec la rémunération basée sur la production et le travail physique. Étonnement, la COVID-19 aura été un élément favorisant le retour en forêt. Nous avons observé un plus grand intérêt pour nos postes saisonniers probablement causés par la fermeture de nombreux commerces. »

Jardiner la forêt

L’éducation de peuplement est l’activité qui consiste à jardiner la forêt. Le débroussailleur veille à ce que les arbres grandissent dans le meilleur environnement possible et, pour se faire, le travailleur va tailler et retirer des tiges indésirables. « En créant une distance entre les arbres, nous favorisons leur croissance ».

Cette action de déboisement partiel survient généralement quelques années après une plantation et se poursuit tout au long d’un cycle. Lorsqu’une unité d’aménagement est à quelques années d’une récolte, les débroussailleurs seront appelés au chantier pour préparer des « paniers » de produits. Cette opération vise à faire une présélection commerciale des essences qui ont de la valeur pour l’industrie.

« Tout comme pour le reboisement, c’est un secteur qui souffre de la rareté de main-d’œuvre. Auparavant, c’était une activité menée par les bûcherons et effectuée manuellement. Avec la mécanisation, les coûts pour devenir débroussailleur ont grimpé et les jeunes générations n’ont pas répondu à l’appel. Il faut compter un peu plus de 1 000 dollars pour s’équiper d’une scie à chaîne adéquate. Plus que nulle part ailleurs, ce sont les immigrants qui viennent sauver la mise en reprenant le flambeau. »

Commentaires