Auteur

Jonathan Thibeault

N.D.L.R. Le texte qui suit fait partie d’un dossier rédigé dans le cadre du cahier thématique dont le thème est : « L’économie sociale, un modèle d’affaires prospère à l’échelle humaine » publié dans notre édition du mois de décembre.

SAGUENAY – Concrètement, au Saguenay–Lac-Saint-Jean, c’est plus de 670 entreprises qui sont constituées en tant qu’organisme sans but lucratif ou en tant que coopérative. La région recense un nombre élevé d’entreprises collectives en fonction de son nombre d’habitants. En entrevue avec Informe Affaires, le DG d’ESSOR 02, Simon Latulippe, rappelle que ces organisations contribuent à l’économie en générant des revenus annuels de 1,3 milliard de dollars.

Souvent perçus comme des organismes ayant moins de leviers financiers pour se développer, Simon Latulippe cite en exemple le Groupe Coderr, Nutrinor et des restaurateurs comme le Café Cambio. Selon lui, il est important de se rappeler qu’il s’agit d’une forme d’entrepreneuriat qui crée des retombées économiques et qui emploie 17 % de la population active du territoire, soit plus de 9300 employés.

« Ce qu’il est intéressant de constater, c’est qu’il y a un engouement qui se manifeste pour ce modèle d’affaires. Les gens voient l’intérêt de se mettre à plusieurs pour accomplir une mission. D’entreprendre en groupe, que ce soit sous forme de coopérative ou organisme sans but lucratif, ça enlève une charge, car on vient partager l’effort équitablement. Il y a aussi une volonté de ramer dans la même direction. »

Structure pérenne

Des statistiques présentées par Simon Latulippe démontrent que le modèle d’affaires en entrepreneuriat collectif affiche un plus grand taux de survie à long terme, car contrairement à une société privée, la mission est facilement transférable à de nouveaux administrateurs.

« C’est une structure qui assure un maintien sur le long terme. Concrètement, après 10 ans, 75 % des entreprises privées cessent leurs activités. À l’inverse, il a été calculé que 80 % des coopératives et organismes sont toujours en activité 15 ans plus tard. Il est donc possible d’affirmer que d’accomplir une mission dans une volonté de partage assure une stabilité et une volonté d’assurer une viabilité à long terme », souligne le directeur du Pôle régional d’économie sociale.

« La région baigne dans l’économie sociale sans s’en rendre compte »

Le modèle économique est plus répandu qu’on peut le croire, affirme M. Latulippe. « L’économie sociale, c’est un modèle d’affaires. Il est possible d’en trouver dans tous les secteurs économiques. À part l’aluminium, dans la région, la majorité des secteurs sont fièrement représentés. Lorsqu’on prend le temps d’y penser, il y a tellement d’entreprises qui sont opérées collectivement et qui ont un rayonnement positif. La première qui me vient en tête, c’est Coderr. Ils sont en train de devenir un chef de file en matière résiduelle. Le Carrefour environnement Saguenay est l’une des trois entreprises les plus importantes dans son domaine et il s’agit d’un OBNL. Au niveau touristique, les gens viennent ici pour l’aspect majestueux du paysage, mais quand tu parles de produit d’appel en tourisme, on pense au Zoo Sauvage de Saint-Félicien qui est une entreprise d’économie sociale. La région baigne dans l’économie sociale sans s’en rendre compte et il faut s’enlever la mentalité qu’il s’agit d’une économie précaire. C’est pour cela que nous multiplions nos actions pour informer la relève, pour transformer les perceptions », indique Simon Latulippe.

Plusieurs transformations dans les dernières années

Simon Latulippe ne peut évidemment pas passer sous silence les conversions réussies d’entreprises vers le modèle collectif. « Pensons à Bizz qui est renée de ses cendres sous forme d’une coopérative, la librairie Les Bouquinistes qui s’est transformées en coop et qui assure son avenir grâce à la mobilisation de ses membres, mais il y a aussi la Coopérative de l’Information qui permet au journal Le Quotidien de demeurer actif dans la communauté. Ce sont ici des exemples concrets où la prise en charge par des membres peut créer un avenir plus stable qu’en demeurant une entreprise privée dirigée par une seule personne ou un petit groupe limité », conclut-il.

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