Auteur

Maxime Hébert-Lévesque

N.D.L.R. Le texte qui suit fait partie d’un dossier rédigé dans le cadre du cahier thématique dont le thème est : « Le transport, une industrie vitale pour la région » publié dans notre édition du mois de mai.

SAGUENAY – L’entreprise de transport, Groupe Morneau, fait un premier pas dans l’électrification de sa flotte en acquérant un tracteur de remorque à motorisation 100 % électrique, une première au Canada. L’acquisition s’inscrit dans un projet pilote afin d’adapter ce type de camion aux conditions et réalités du réseau routier québécois. D’ailleurs, il est prévu qu’il circule partout sur le territoire.

Le véhicule en question, un Volvo VNR E62T300, est un camion bien connu dans le milieu. Cependant, cette version du VNR est 100 % électrique. Pour les gestionnaires de chez Morneau, son acquisition découle de la volonté de l’entreprise d’investir dans le développement durable. « Depuis quelque temps, nous électrifions nos chariots élévateurs et autres équipements de manutention. Les ingénieurs chez Volvo cherchaient à pénétrer le marché canadien en vendant leur premier VNR Electric à une entreprise qui pouvait l’opérer sur de courtes distances et au niveau local. Étant déjà des partenaires d’affaires, nous avons enclenché le processus pour l’acquérir », raconte Denis Marcotte, directeur des services techniques chez Groupe Morneau.

Un développement en partenariat

Une entente de six ans unit l’entreprise québécoise au constructeur automobile. Durant cette période, le camion sera amené à effectuer différents trajets qui serviront de banc d’essai pour l’adapter à notre climat et au relief du territoire. « Le camion sera basé à Québec et servira pour le transport alimentaire. Nous ferons une série de trajets évolutifs et nous aimerions l’amener aussi loin que Saguenay. Le but est de récolter un maximum de données sur ses performances afin de travailler avec les gens de chez Volvo pour adapter le produit au marché canadien. »

Si le Groupe Morneau a fait confiance au fabricant suédois pour l’achat de son premier 10-roues électrique, c’est pour s’assurer un bon service. « C’est un véhicule nouveau et qui demande plus de support qu’un camion ordinaire. Volvo a déjà une vingtaine de ces camions en opération chez nos voisins du sud et ils ont bâti une nouvelle usine pour sa conception et les commandes s’allongent. Lorsque nous recevrons notre VNR Electric en septembre prochain, nous nous assurons une certaine tranquillité d’esprit pour ce qui est du service après-vente. »

Un véhicule remarquable

À titre comparatif au chapitre énergétique, la batterie qui équipe la Chevrolet Volt, une berline 100 % électrique, est de 18,4 kWh. Pour sa part, le VNR E62T300 dispose d’une puissance de 265 kWh. Un monstre qui peut pourtant se recharger aussi vite qu’une automobile. « Une borne de 150 kW peut charger le camion au complet en 1 h 30. Toutefois, ce type d’équipement ne se trouve pas dans les stationnements de restaurants… l’opérateur du VNR Electric aura à sa disposition une borne portative de 25 kW. Dans ce cas, la batterie mettra 14 heures avant d’atteindre sa pleine capacité », souligne le directeur technique, qui précise qu’au niveau de la puissance, il n’y a aucune commune mesure avec un camion conventionnel. En effet, si un tracteur routier possède une force d’environ 1600 livres-pied, le moteur de 265 kWh peut, en théorie, produire 4000 livres-pied. Pour ce qui est de l’autonomie, les gens chez Morneau n’avancent pas un kilométrage précis. « Le constructeur parle d’environ 250 km avec une charge totale de 60 000 livres. Ce chiffre risque de changer avec nos hivers rigoureux. »

Durabilité et fiabilité

Il faut compter pas moins de 450 000 $ pour l’acquisition d’un Volvo VNR E62T300. Une somme plutôt élevée si on la compare avec le prix moyen d’un tracteur fonctionnant au diesel, qui se chiffre autour des 150 000 $. Toutefois, selon Denis Marcotte, un véhicule de ce genre réduit les coûts d’opération de 30 à 40 % annuellement. « Une motorisation électrique n’a pas besoin d’un système antipollution, une composante souvent problématique dans les camions traditionnels. Également, nous réalisons une économie sur le carburant, alors qu’un tracteur diesel consomme en moyenne 40 litres aux 100 km. Il y a aussi un gain net du côté de la fiabilité. Un moteur électrique comprend moins de pièces mobiles susceptibles de briser, comme des pistons, des valves, etc. Nous avons expérimenté la différence avec l’acquisition de nos nouveaux chariots élévateurs électriques et, niveau entretien, c’est le jour et la nuit en comparaison de nos anciens. »

Une technologie qui demande une modernisation

L’un des enjeux dans l’intégration de véhicules électriques dans sa flotte est la modernisation de ses infrastructures et équipements. « À terme, nos bornes de rechargement à haute efficacité (150 kW) deviendront nos points de ravitaillement. Il faudra alors revoir nos installations, puisqu’une prise de 150 kW nécessite un disjoncteur de 250 ampères, 600 volts à elle seule. Dans le futur, d’énormes accumulateurs (d’imposantes batteries) remplaceront donc nos réservoirs d’essence. Ces dispositifs seront connectés de façon constante au réseau d’Hydro-Québec et serviront de tampons entre les véhicules qui rechargent et le réseau afin d’éviter les périodes de pointe énergétique et ainsi conserver une consommation constante. »

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