Auteur

Jonathan Thibeault

N.D.L.R. Le texte qui suit fait partie d’un dossier rédigé dans le cadre du cahier thématique dont le thème est : « L’agroalimentaire, moteur de la relance » publié dans notre édition du mois de juillet.

NORMANDIN – « Les changements climatiques pourraient être profitables aux productions de la région au cours des prochaines années », selon le président de l’Union des producteurs agricoles du Saguenay–Lac-Saint-Jean (UPA), Mario Théberge. Ce dernier croit également que l’unicité des produits régionaux permettra à la région de se démarquer au Québec, mais éventuellement partout dans le monde.

« Bien que nous ayons des enjeux importants, notamment du côté de la main-d’œuvre, la sécheresse et les disparités entre nos normes sévères et celles des autres pays, je dois dire que l’avenir s’annonce quand même intéressant pour notre industrie », affirme M. Théberge. Le réchauffement climatique pourrait profiter à la région, constate l’agriculteur, qui observe de nouvelles productions émerger. « On voit pousser des choses qu’il n’était pas possible de faire avant. Les changements climatiques vont faire en sorte que le Québec deviendra tôt ou tard le garde-manger du monde. Les saisons végétatives s’allongent et on constate qu’au Lac-Saint-Jean, il y a de plus en plus de maïs qui poussent », met-il en relief.

Agriculture bio : élément différenciateur

L’agriculteur et volubile président de l’UPA régional a affirmé que le Saguenay–Lac-Saint-Jean devient de plus en plus une référence dans l’agriculture durable, ce qui assure un bel avenir pour les producteurs d’ici. « Il faut se servir de nos différences pour en faire des opportunités. Les prévisions du marché ont dépassé toutes les attentes. Ça veut donc dire que les consommateurs sont de plus en plus fervents de l’agriculture durable. Ce n’est pas seulement une étiquette, ça crée des envieux. Faire du lait pour faire du lait, ça se fait partout dans le monde, mais si tu fais du lait avec un goût spécial et une valeur ajoutée, ça ne pourra pas être imité », détaille Mario Théberge.

Selon les dires de M. Théberge, la ferme expérimentale du gouvernement fédéral située à Normandin aura un rôle important à jouer pour développer l’agriculture d’avenir. « À partir du moment où notre élément distinctif est trouvé, les recherches de la ferme expérimentale vont nous permettre de nous faire développer de nouvelles choses. Autant on était inquiets qu’elle ferme, mais grâce à l’embauche de nouvelles ressources en agriculture biologique, ça donnera un gros coup de main pour l’avenir. Ça confirme que les efforts de pousser dans le biologique portent fruit. C’est avec ça qu’on va se démarquer en tant que région et que ça va permettre aux consommateurs de mieux manger », soutient-il.

La technologie aide les agriculteurs

Avec la rareté de la main-d’œuvre agricole, la technologie aide énormément les fermiers à diminuer les charges sur leurs épaules. « Les trayeuses mécanisées ont changé la vie de plusieurs agriculteurs. C’est sans compter la réduction des risques de blessures. C’est avec la technologie qu’on va pouvoir perdurer. En ayant davantage d’efficacité, c’est là qu’on devient compétitifs malgré nos normes élevées », exprime le président.

Faciliter la relève agricole

Réclamé depuis des années, un changement fiscal pour le transfert familial de fermes, officialisé par le gouvernement fédéral, facilitera énormément la relève. « C’est une demande qu’on avait depuis des années et qu’on transmettait aux politiciens. Il y a eu beaucoup de pression qui a été faite par les députés bloquistes, ce qui se traduira par une plus grande facilité à transférer nos actifs à nos enfants. Nous, les producteurs, on le prenait comme une pénalité, parce que tu payais plus cher d’impôts que de vendre à autrui. Si on est capable de transférer nos entreprises à nos enfants, c’est un gros plus parce que nous avons de moins en moins de marge. Tout coûte de plus en plus cher », témoigne-t-il.

Le président régional de l’UPA termine ses propos en étant reconnaissant envers la population, de plus en plus sensible face à l’achat local et aux enjeux de l’industrie. « C’est important, nourrir le monde, ce n’est pas une affaire de producteur, c’est l’affaire de la société. Quand elle se conscientise, ça fait effet. Et on le constate, la population est de plus en plus derrière nous. Ils savent qu’être agriculteur, c’est une vocation et que ça ne se fait pas en criant ciseau », conclut Mario Théberge.

Commentaires