SAGUENAY – Le Port de Saguenay est l’une des infrastructures au Canada les mieux positionnées, notamment géographiquement, pour le développement industriel. S’appuyant sur un accès en eau profonde et sur un immense terrain de 3 000 acres, les administrateurs du port sont présentement en prospection de nouveaux clients afin de stimuler la croissance d’un des moteurs économiques les plus importants de notre région.
« Il faut parfois en parler à haute voix pour réaliser à quel point le Port de Saguenay est unique en son genre. Il n’y en a pas de semblable au Québec et au Canada. C’est un port industriel qui se situe à proximité d’une ville comprenant un grand bassin de population et qui est logistiquement bien placé pour les marchés du nord du Québec. De plus, ici, il y a une culture industrielle et les gens sont ouverts à la grande industrie. Ces nombreux atouts mis bout à bout sont des éléments que nous devons promouvoir afin d’intéresser les grandes entreprises à investir et s’implanter ici », explique Carl Laberge, directeur général de l’Administration portuaire de Saguenay, qui mentionne que Promotion Saguenay ainsi qu’Investissement Québec travaillent conjointement à cette stratégie. Si les dernières années ont servi à relier l’infrastructure au réseau ferroviaire et à aménager le site, il est maintenant le temps d’attirer une nouvelle clientèle.
Un emplacement idéal
Le principal atout du port est sans aucun doute son emplacement. Les eaux du Saguenay étant profondes et facilement navigables, jouissant de peu de hauts-fonds contrairement au fleuve Saint-Laurent, permettent de rejoindre aisément les marchés asiatiques, européens et nord-américains. « On le réalise peu, mais c’est un lien rapide pour le monde. Un exportateur chinois ne fait aucun autre arrêt lorsqu’il livre ici, c’est direct. » « En plus, la région possède une expertise et nous avons plusieurs écoles et centres de formation pour créer de la main-d’œuvre en usine et en chantier. Cela est un plus pour les projets de transformation industrielle », lance Carl Laberge.
C’est d’ailleurs dans cette logique de facilité d’accès qu’en 2015, une ligne connectant le secteur industrialo-portuaire au réseau ferroviaire a été ajouté. « Le marché des matières premières est en forte hausse et cela va inévitablement se traduire par une augmentation des projets dans le nord du Québec. Le Saguenay–Lac-Saint-Jean est le carrefour entre les régions éloignées et les grands centres comme Québec et Montréal. » Du côté des services, le port de Saguenay est également choyé, en étant relié au réseau de gaz naturel et en se trouvant entre deux grandes lignes de transport d’hydroélectricité, provenant des installations de la baie James et la Côte-Nord.
Des années records
L’année 2019 aura été celle des records de volumes transités par le port, principalement à cause de multiples cargaisons de sel de déglaçage en direction des Grands Lacs. Toutefois, depuis, le téléphone ne dérougit pas pour les administrateurs, qui soulignent que 2020, malgré l’absence des bateaux de croisières, a constitué une deuxième année record. « Pour 2021, nous estimons un trafic similaire à 2020. Il n’y aura toujours pas de bateaux de croisière en raison de la pandémie de COVID-19, mais cela sera compensé par le terminal d’expédition de granules de bois provenant de Barette-Chapais, expédiés en Angleterre, qui opère au maximum de sa capacité. À titre de comparaison, l’usine était à 50 % de son potentiel à même date l’an passé. »
Un convoyeur de 60 M$
Annoncée en 2020, la construction d’un convoyeur entre le site industriel et le quai représente un investissement d’au moins 60 millions de dollars et vise à optimiser la chaîne logistique à partir, notamment, de la zone ferroviaire. « Ce projet est notre priorité présentement. Nous avons commencé les travaux d’ingénierie préliminaire et lancé les appels d’offres. C’est un gros projet et nous sommes à la recherche de financement ». En effet, l’argent demeure le nerf de la guerre et Port de Saguenay n’y échappe pas. Selon les administrateurs, l’organisation se retrouve dans la position de la poule et de l’œuf. « Est-ce qu’on développe tout en grande capacité comme des alimentations en électricité, en eau et en gaz naturel pour attirer de nouveaux joueurs ou l’on attend la signature d’un important client avant de procéder à tout cela ? Il y a un risque qui se pose et nous faisons face à un dilemme », conclut Carl Laberge, qui souligne que le partenariat avec d’autres acteurs est l’une des stratégies à adopter pour réduire les risques.