Auteur

Karine Boivin Forcier

N.D.L.R. Le texte qui suit fait partie d’un dossier rédigé dans le cadre du cahier thématique dont le thème est : Économie autochtone : une force à découvrir publié dans notre édition du mois de janvier.

MASHTEUIATSH – Le développement du secteur tertiaire à Mashteuiatsh fait partie des priorités de la Société de développement économique Ilnu (SDEI). Celui-ci affiche actuellement un recul par rapport à d’autres domaines économiques, ce qui entraîne la fuite de capitaux à l’extérieur de la communauté.

La directrice générale de la SDEI, Caroline Bouchard, révèle que les organismes et entreprises, les données évaluent la proportion de dépenses locales à 10 %, contre 90 % à l’extérieur de Mashteuiatsh. Cela représentait, en 2019, une fuite de capitaux de l’ordre de 17,9 M$. « C’est énorme. Tout ce qui est fournisseur pour les entreprises, nous n’en avons pas. […] Quand une compagnie obtient un contrat, elle veut toujours assurer le plus de retombées locales, mais si nous n’avons pas de quincaillerie ou de station d’essence, par exemple, ce sera plus difficile d’acheter ici », indique-t-elle.

Madame Bouchard estime qu’il y a des fuites de capitaux semblables chez les ménages résidant dans la communauté. Elle souhaiterait voir des entreprises s’installer pour combler ces besoins, notamment dans le nouveau parc industriel. «  Nous n’avons plus de restaurants, d’hébergement. Il y a vraiment un marché à regarder dans le secteur tertiaire pour la vente de produits et services », a-t-elle souligné.

Projet touristique

La SDEI, qui constitue un guichet unique pour l’accompagnement des entrepreneurs autochtones, collabore avec Pekuakamiulnuatsh Takuhikan sur un projet d’hébergement. «  Nous avons un bel achalandage du point de vue touristique, mais les gens ne sont que de passage. Il nous faut un point d’ancrage, de l’hébergement », affirme la directrice générale.

Une fois cet établissement implanté, cela permettrait d’intégrer de nouvelles entreprises autour et de stimuler l’économie touristique de la communauté. « C’est beaucoup plus intéressant pour un promoteur de développer un projet s’il y a une offre d’hébergement attrayante sur place. »

Incubateur

Parmi les autres projets sur lesquels travaille la SDEI, celui de créer un incubateur revêt également une grande importance. « Nous voulons lancer un incubateur pour les entreprises autochtones. Il y a vraiment un besoin dans la communauté. Nous pourrions ainsi aider nos entrepreneurs à démarrer en leur offrant un accompagnement plus poussé. Ce serait la suite logique de nos camps entrepreneuriaux », souligne Caroline Bouchard.

Ce projet nécessiterait toutefois l’agrandissement du bâtiment existant. La SDEI évalue actuellement la faisabilité de cette idée, puisque la façon dont l’infrastructure est conçue rendrait l’opération complexe.

Répertoire Web

En 2023, l’équipe de la SDEI travaillera aussi en collaboration avec celle de la Commission de développement économique des Premières Nations du Québec et du Labrador (CDEPNQL) sur l’élaboration d’un répertoire Web. Celui-ci aurait pour but de favoriser le maillage entre les entreprises autochtones et allochtones.

« Nous aimerions créer une application qui permettrait aux entreprises de s’inscrire et de manifester leur intérêt pour des partenariats. Il y aurait un engagement à prendre parce qu’il faut que ce soit gagnant-gagnant et il doit connaître la réalité de l’autre. Ensuite, le répertoire mettrait en lien des organisations qui sont susceptibles de développer des partenariats », explique la directrice générale.

Numérique

Mentionnons que le développement du numérique est également un enjeu d’importance pour la SDEI. Dans ce domaine, la directrice générale note un manque d’accès au financement pour des entrepreneurs de la communauté qui aimeraient lancer un projet dans ce domaine.« Il y a du financement qui existe lorsque l’entrepreneur a aussi besoin de matériel, mais pas s’il a seulement besoin d’un site Web. Par exemple, une personne qui souhaite développer une entreprise offrant des conférences, ce sera plus difficile pour elle de trouver des fonds. C’est une lacune. »

Par ailleurs, en ce qui a trait à la période transitoire entre le prédémarrage et le démarrage d’une entreprise, les résidants de Mashteuiatsh sont désavantagés. « Il y a des programmes qui existent pour soutenir l’entrepreneur entre la finalisation du plan d’affaires et l’obtention du financement et le lancement du projet, mais seulement s’il n’est pas dans la communauté. Cela fait en sorte que, parfois, nous les perdons parce qu’ils retournent vers un emploi salarié », précise Caroline Bouchard qui désire que cette iniquité soit corrigée.

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