SAGUENAY – Les gestionnaires de la Corporation des camionneurs en vrac de la région 02 (CCVR02) ne remarquent aucune perte de vitesse pour leurs 330 membres au niveau des contrats, malgré le contexte de pandémie. Les défis résideraient plutôt dans la pérennité de cette industrie à long terme et la gouvernance de l’organisme.
En plus du contexte de pandémie, les camionneurs artisans sont soumis au bon vouloir de dame nature. En effet, le climat et la température jouent un rôle prédominant pour le secteur du vrac en hiver. « Un camionneur de Jonquière qui sort normalement de 20 à 25 fois pour ramasser de la neige n’a été sollicité que quatre fois cet hiver. On remarque aussi, pour l’hiver 2020-2021, une baisse de 30 à 35 % pour le transport de sels et de produits de déglaçage », explique Daniel Tremblay, directeur général de la CRV02, qui rappelle que ses membres ont dû également essuyer des coûts d’entretien et d’opération plus élevés en raison de la COVID-19.
Pour le secteur du lac Saint-Jean, la stabilisation des berges du lac du même nom constitue une part importante de l’activité. Dans ce cas précis, les vents d’automne, qui sont responsable de l’érosion autour du lac, ont été relativement calmes, ce qui a eu un effet à la baisse sur le nombre de contrats octroyés par Rio Tinto pour l’entretien des berges. Cette situation est venue réduire le volume de travail des camionneurs en vrac des secteurs d’Alma et de Roberval.
Des projets venus à la rescousse
Fin 2020, le gouvernement de Francois Legault a placé les travaux d’infrastructures au cœur de sa stratégie de relance économique, notamment avec l’adoption de la loi 66 visant à accélérer les projets d’infrastructures. Cette action a pour effet de stimuler le secteur des camionneurs en vrac. « 2021 sera une bonne année, la relance va se faire par le génie civil et les chantiers vont avoir besoin de transporteurs. Nos gars restent dans le camion et ne sortent que pour signer ou prendre des documents. Les mesures sanitaires sont très bien intégrées et la COVID-19 ne ralentit pas notre travail. De plus, le dossier des Maisons des aînés a été accéléré et, cet hiver, nos membres ont pu travailler là-dessus à Chicoutimi et Roberval. Ce projet, en plus des travaux sur le chantier de la ligne Micoua-Saguenay, qui a donné de l’ouvrage à une centaine de nos membres, est venu compenser la perte de contrats en raison du climat cet hiver. »
Le MTQ, un acteur important
Le ministre des Transports du Québec, François Bonnardel, a annoncé en avril dernier que le MTQ consacrera 230 M$ pour les routes et infrastructures au Saguenay–Lac-Saint-Jean pour les deux prochaines années, une annonce qui a réjoui les membres de CCVR02 qui détiennent une entente de retombées de 50/50 avec le ministère. « Ça veut dire que l’entrepreneur général qui remporte l’appel d’offres a l’obligation de sous-traiter la moitié du travail par camion à nos membres. C’est une clause qui assure des retombés économiques pour les entreprises de la région », précise Daniel Tremblay, qui souligne par le fait même que le développement résidentiel dans la région est en augmentation et que, pour les prochaines années, ses membres pourront compter sur des travaux d’aqueduc et d’entretien du réseau routier.
« La pérennité passe par les grands projets »
Pour le directeur général de CCVR02, les grands projets demeurent intimement liés à la vitalité de son secteur. « Lorsqu’il y a un BAPE, nous n’hésitons pas à déposer des mémoires favorables pour des projets comme GNL Québec, Arianne Phosphate et Métaux BlackRock. En échange, les grands donneurs d’ouvrages nous signent des ententes pour travailler sur leur chantier. Si je prends en exemple le parc d’éoliennes Rivière-du-Moulin, le projet a duré deux ans et nous a permis de facturer au moins deux à trois millions de dollars. Ce sont ces grands projets qui assurent une continuité et une pérennité pour notre monde. »
COVID et administration
C’est au niveau administratif que les conséquences reliées à la pandémie se font le plus ressentir, selon Daniel Tremblay. « Par mesure de distanciation, nous n’avons pas eu de congrès régional depuis deux ans et il est difficile de faire nos assemblées générales. »
Il s’agit d’une problématique importante, puisque les organismes de courtage comme le CCRV02 sont sous la surveillance de la Commission des transports du Québec. « Pour la bonne santé de l’organisation, il faut déposer chaque année un bilan financier de chaque bureau à la commission. Cet exercice permet de s’assurer qu’il n’y ait pas de collusion entre un bureau de courtage et un travailleur. Le but de l’organisme est de partager équitablement le fruit des revenus entre ses membres. »
Il n’y a pas qu’au niveau administratif que la pandémie affecte la bonne tenue du secteur. Le renouvellement de contrats tend à prendre plus de temps à se concrétiser et les ententes se complexifient. « Ce n’est pas tout le monde qui est à l’aise avec les rencontres en téléconférence. On note une baisse de participation. Nous avons une importante réunion prochainement pour renouveler notre entente avec la Ville de Saguenay. Négocier un contrat de la sorte sur plusieurs années par Zoom n’est pas optimal pour nos camionneurs », conclut M. Tremblay.