Guy Bouchard
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Guy Bouchard

N.D.L.R. : Le texte qui suit fait partie d’un dossier rédigé dans le cadre du cahier thématique dont le thème est : « Un secteur forestier responsable et durable » publié dans notre édition du mois d’avril.

SAINT-FÉLICIEN – Entrée en production en 2016, Serres Toundra est un exemple parfait d’économie circulaire dans le domaine de l’agroalimentaire et de la forêt. L’entreprise serricole comprenant 19 hectares, et qui verra ses installations bonifiées de 8,5 hectares d’ici la fin de l’année, profite actuellement de sa proximité avec les installations de production de pâte Kraft de Produits Forestiers Résolu (PFR) pour une partie importante du chauffage de ses serres. Par ailleurs, des équipements sont en phase d’installation pour permettre l’utilisation des émanations de dioxyde de carbone de l’usine, pour alimenter les plans de concombres de cette encombrante molécule qui, autrement, accélère le réchauffement climatique.

Donc des installations qui profiteront bientôt beaucoup plus largement des avantages de l’économie circulaire de deux importantes industries de la région, en plus des bienfaits concrets en environnement comprenant une diminution appréciable des émissions de GES de PFR.

« L’utilisation de la chaleur résiduelle de PFR et prochainement du CO2 de l’usine ne constitue pas vraiment un avantage financier. On peut dire que nos installations servent à refroidir l’eau de procédé et on en profite au niveau du chauffage de nos serres, ce qui évite que nous utilisions un important volume de gaz naturel. C’est véritablement une question environnementale. Ça fait partie de nos valeurs », assure Éric Dubé,le directeur général de Serres Toundra.

La pandémie retarde les travaux…

Bien entendu, pour ces deux phases majeures, les travaux ont été retardés par la pandémie de la COVID-19, mais ils avancent quand même doucement, selon le DG. « Nous avons réduit au minimum la circulation du personnel non essentiel dans nos installations. On ne fait pas exprès pour faire entrer les travailleurs quand ce n’est pas nécessaire. Mais on pense être en mesure d’être en activité dans cette 3e phase de 8,5 hectares à l’automne », lance Éric Dubé.

L’homme se fait beaucoup plus discret en ce qui concerne la production de ces nouvelles serres, qui ne seraient pas destinées aux concombres. « Nous testons différents produits actuellement et nous n’avons pas pris de décisions à ce chapitre, mais nous pensons être fixés d’ici le mois de juin », assure-t-il.

Mais accélère l’expansion!

Jusqu’à maintenant, les actionnaires de Serres Toundra (dont PFR détient 49 % des actions) ont investi quelque 175 M$ principalement pour la construction et les équipements de l’entreprise. D’autres phases sont également à l’étude, alors que quelques dizaines d’hectares pourraient être ajoutées dans les prochaines années, selon Éric Dubé, qui estime que la pandémie un eu un effet positif important pour accélérer les investissements québécois à ce chapitre. « Là, je donne un A+ au gouvernement pour avoir mis très rapidement des programmes et des incitatifs pour le développement de l’industrie serricole, pour faire face à la pandémie et réduire nos chaînes d’approvisionnements. En plus c’est gagnant-gagnant parce que les mesures obligent les gens d’affaires à investir pour y avoir droit. Toutes les conditions gagnantes sont là pour développer notre industrie. »

Quelques chiffres

L’entreprise produit, sept jours sur sept, annuellement quelque 100 millions d’unités de quatre variétés de concombres, sans compter la fabrication d’un condiment (relish). Ces produits sont principalement distribués dans les épiceries des chaînes IGA, Métro et Maxi. Actuellement, 160 travailleurs y sont actifs, principalement à la récolte et à la manutention. Ce nombre devrait augmenter à 220 d’ici la fin de 2021, lorsque la nouvelle phase sera en production. Selon le DG, 100 % des employés affectés à la récolte proviennent de l’étranger, notamment du Guatemala et du Mexique. « Si on n’avait pas ces travailleurs étrangers, on serait fermé. […] En plus, ils ont un impact sur l’économie locale, puisqu’ils doivent se nourrir et s’habiller et se loger », confie Éric Dubé.

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