Auteur

Maxime Hébert-Lévesque

N.D.L.R. Le texte qui suit fait partie d’un dossier rédigé dans le cadre du cahier thématique dont le thème est : « Le transport, une industrie vitale pour la région » publié dans notre édition du mois de mai.

SAGUENAY – MapGears, une entreprise dans le secteur des technologies de l’information (TI), réalise présentement son plus gros contrat en partenariat avec la multinationale Fujitsu. Le projet, qui consiste à peaufiner un logiciel qui répertorie et centralise l’information sur le trafic maritime canadien, est une commande de Transport Canada. Il s’agit d’un chantier de trois ans qui permet à la firme saguenéenne de faire évoluer sa plateforme technologique et de confirmer sa notoriété dans le secteur de la géomatique.

L’équipe de MapGears se compose d’une dizaine d’employés à Chicoutimi, Québec et Montréal, mais dont le siège social et la majorité des ressources humaines se trouvent dans la région. Depuis 2006, la firme s’investit dans le domaine de la géomatique, c’est-à-dire le développement de logiciels qui collectent, traitent, analysent et diffusent des données géographiques. Pour se faire une idée des avantages, rappelons que l’application populaire Google Maps est un outil de géomatique. MapGears propose donc depuis ses débuts une solution à ses clients leur permettant de repérer et de gérer leurs effectifs ou équipements sur un territoire donné, en utilisant les technologies du Web. À titre d’exemple, un club de motoneige peut connaître en temps réel la localisation de ses surfaceuses et les diriger vers des sentiers à entretenir.

Un contrat sur mesure

« À l’automne 2018, Transport Canada a émis un appel d’offres pour la réalisation d’un logiciel permettant en temps quasi réel de fournir des données sur la circulation maritime, sur la météo, sur les glaces, sur les vents, sur la faune, sur la pollution et sur les zones sensibles des côtes ouest et est canadiennes. En résumé, un outil qui centralise les données géographiques de l’activité côtière », explique Daniel Morissette, copropriétaire de MapGears.

Après vérification et analyse du contenu de l’appel d’offres, l’homme d’affaires et son équipe se sont rendu compte que les compétences recherchées pour la réalisation du système de Connaissance améliorée de la situation maritime (CASM) correspondaient à 90 % de leur expertise. « En lisant les exigences, nous reconnaissions notre technologie Evouala. » Une opportunité que le groupe ne pouvait pas laisser passer. Toutefois, il y avait un obstacle et de taille.

David apprivoise Goliath

« Nous n’étions pas une assez grosse entreprise pour soumissionner sur un tel projet. À l’époque le contrat représentait 75 % de la valeur de notre entreprise. C’était trop risqué de se lancer seul là-dedans. Il nous fallait un partenaire solide qui pouvait essuyer les pertes si le projet venait à échouer. » C’est à ce moment que l’équipe a approché la multinationale Fujitsu, un partenariat plutôt insolite entre David et Goliath.

« Normalement, les grandes sociétés comme Fujitsu jouent le rôle d’entrepreneur général et redistribuent un 15 à 20 % de l’ouvrage à des tiers comme nous, mais pas cette fois. Nous leur avons proposé un partenariat 50/50 et ils ont accepté. Ils fournissent l’équipe technique et nous, la solution technologique », explique l’homme d’affaires, qui précise que la relation avec le géant se passe bien. Par ailleurs, le monde de la géomatique au Québec n’étant pas très grand, les gens chez MapGears connaissaient plusieurs employés de la multinationale qui étaient impliqués dans ce secteur d’activité, ce qui a constitué un avantage indéniable.

Cette association permet à MapGears de poursuivre sa croissance en embauchant, notamment, de cinq à six ressources humaines dédiées à cette tâche, en plus de consolider le reste de son équipe. « Nous gardons le droit de propriété sur le logiciel. Il évolue donc de façon accélérée dans un projet de trois à quatre millions de dollars par année. Dès l’obtention du contrat, nous avons mis en place une stratégie de diversification en dirigeant le reste de notre équipe vers du développement d’affaires. D’ailleurs, l’acquisition d’Ondago, il y a quelque mois, fait partie intégrante de cette stratégie. »

Un développement adaptatif

Au moment de soumissionner pour Transport Canada, cinq entreprises étaient en lice et conformes pour répondre à l’appel d’offres. Le gouvernement a octroyé le contrat au partenariat MapGears et Fujitsu à la suite d’un concours. « Nous avions deux mois pour monter un prototype et le présenter aux fonctionnaires d’Ottawa. » Une façon de faire de plus en plus répandue dans le secteur informatique. Si, dans le monde de la construction, le cahier des charges et l’ensemble des modalités sont décidés dès le départ, dans le secteur des TI, le développement se fait plutôt en mode AGILE.

« C’est une technique qui évite les dépassements de coûts astronomiques. Lorsque nous avons fourni le prototype au gouvernement, nous leur avons démontré que nous possédions la base technologique nécessaire. Le contrat de trois ans qui suit consiste à produire de nouvelles versions du logiciel sur une base trimestrielle.

Nous effectuons donc plusieurs rencontres avec les utilisateurs afin de déterminer les prochaines fonctionnalités à ajouter à notre système. C’est un moyen de développement axé sur les besoins des clients. Il nous reste un an et demi à travailler et nous devrions ensuite avoir un produit mature. »

Un outil pour les Premières Nations côtières

Le logiciel CASM est destiné aux communautés des Premières Nations vivant près des côtes canadiennes. Le logiciel permet de voir sur une carte géographique interactive l’ensemble des activités sur les eaux canadiennes. Ces informations se trouvent normalement sur le Web, mais sont difficiles à consulter, voire impossibles à retrouver. À l’aide d’une liste de filtres, il est possible de sélectionner quels éléments on veut observer sur le territoire maritime et même de placer des alertes et des balises.

« Les communautés côtières contrôlent des zones protégées où il y a une interdiction pour les bateaux de naviguer ou des vitesses réduites à respecter. Cet outil leur permet de tenir leur rôle de “chien de garde” de ces secteurs en ayant les mêmes données que les autorités fédérales », explique Simon Cloutier, directeur solution chez MapGears.

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