Auteur

Maxime Hébert-Lévesque

N.D.L.R. Le texte qui suit fait partie d’un dossier rédigé dans le cadre du cahier thématique dont le thème est : « Vitrine industrielle du Lac-Saint-Jean, une vue d’ensemble » publié dans notre édition du mois de juin.

ALMA – Alors que le débat entre l’industrie forestière et la protection du caribou forestier est en cours, la notion de municipalité mono-industrie refait surface. Un concept qui souligne la vulnérabilité d’une communauté lorsque son économie dépend de 30 à 40 % d’un seul secteur d’activité. Toutefois, les nouvelles réalités démographiques et socioculturelles rendent le phénomène moins problématique.

Le lien entre le nombre de résidents d’une municipalité et le nombre d’emplois qu’elle y renferme est de moins en moins étroit. En effet, les outils de communication moderne comme l’Internet haute vitesse et les réseaux de transport toujours plus nombreux relèguent au placard l’époque où certaines municipalités pouvaient se retrouver isolées. « Prenez par exemple Sainte-Hedwidge, la petite communauté de la MRC du Domaine-du-Roy. Elle ne compte pas beaucoup d’emplois sur son territoire, mais affiche une population d’environ 1000 habitants. Cela s’explique en partie par le nombre de personnes retraitées qui y vivent, mais également de sa proximité avec Roberval », explique Roger Boivin, président du Groupe Performance Stratégique (GPS) qui se spécialise, entre autres, dans l’étude des impacts économiques des secteurs industriels et municipaux.

Il y a donc deux concepts qui se superposent lorsqu’on fait le parallèle entre les emplois d’un secteur et son nombre de citoyens. Autrement dit, les emplois créés par les entreprises physiquement implantées dans une municipalité ne sont pas garants de sa population.

« Il est mieux de se référer au bassin d’emplois si l’on veut mesurer la diversité économique et la vulnérabilité d’un secteur. Les communautés des plaines du sud du lac Saint-Jean comme Métabetchouan, Desbiens, Chambord et Saint-Prime ne survivraient pas si des bassins comme Alma, Roberval et Saint-Félicien ne se trouvaient pas à proximité. »

Les bassins d’emplois

Le gouvernement du Québec identifie 250 bassins d’emplois dans la province répartie dans les MRC. Au Saguenay–Lac-Saint-Jean : Saguenay, Alma, Roberval, Saint-Félicien et Dolbeau-Mistassini sont considérés comme des bassins. Ces municipalités fournissent la majorité du travail aux gens de la région et elles permettent à de plus petites villes de survivre. « Toutefois, les bassins d’emplois peuvent nuire dans certaines situations aux villages les entourant. C’est le cas, entre autres, de Saint-Félix-d’Otis et de Saint-Gédéon. Deux endroits reconnus pour leur beauté et qui sont habités par une population aisée financièrement. Toutefois, leurs commerces sont en difficulté parce que leurs habitants effectuent leurs achats dans les villes plus denses à proximité », indique Roger Boivin qui ajoute que les principales sources de revenus des villes proviennent du secteur résidentiel et commercial.

En contrepartie, une communauté trop éloignée des bassins d’emplois risque de se retrouver dans une situation de vulnérabilité. « Normandin, Saint-Thomas-Didyme, Péribonka, Sainte-Monique, Saint-Ludger-de-Milot et Lac-Bouchette peuvent être considérés comme des municipalités mono-industrie. Ce sont des secteurs dépendants de l’industrie forestière et trop loin des centres d’activités. »

Choix de résidence

Il y a présentement un phénomène d’exode urbain au Québec. Les gens quittent les grands centres pour venir s’établir en région. Le télétravail, les allocations familiales et les programmes de crédit d’impôt pour les travailleurs qui s’établissent en région sont tous des facteurs qui réduisent l’obligation des salariés d’habiter près des grandes villes.

« C’est une opportunité pour les petites municipalités de voir leur nombre de citoyens augmenter. Les gens, de nos jours, recherchent les places de villégiatures, les grands terrains, les maisons abordables et la proximité avec la nature. Un bon exemple est la municipalité de Saint-Honoré. Le principal employeur de la ville ce n’est pas la mine Niobec, mais l’hôpital de Chicoutimi. Les gens y vivent pour la qualité des lieux et la tranquillité. Je pense qu’il faut capitaliser là-dessus. Le télétravail et les emplois décentralisés offrent des perspectives intéressantes pour les petites communautés qui doivent renouveler leur population vieillissante. Les efforts pour amener l’Internet haute vitesse sur l’ensemble du territoire seront aussi salutaires pour nos communautés. »

Les retraités représentent également une clientèle à fort potentiel pour les villages. Au cours des prochaines années, un bon nombre de personnes relativement jeune seront à la retraite. Ces gens ayant vécu une partie de leur vie dans le brouhaha de Québec et Montréal seront tentés de venir s’installer dans une communauté qui offre une certaine quiétude. Les communautés ont donc le devoir de mettre en valeur leurs attraits.

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