Auteur

Maxime Hébert-Lévesque

N.D.L.R. : Le texte qui suit fait partie d’un dossier rédigé dans le cadre du cahier thématique dont le thème est : « Un secteur forestier responsable et durable » publié dans notre édition du mois d’avril.

DOLBEAU-MISTASSINI – Dany Gaudreault est copropriétaire de l’entreprise Forestiers G. T. Son gagne-pain consiste à récolter du bois pour son client Produits forestiers Résolu (PFR). Un travail exigeant basé sur les connaissances forestières, la rapidité d’exécution et surtout, la coordination avec les autres intervenants de la forêt.

« Présentement, nous travaillons sur un territoire situé au nord du lac Mistassini. J’ai comme seul client PFR. C’est la plus grosse entreprise forestière au Saguenay–Lac-Saint-Jean et à juste titre, elle possède des scieries, des papeteries et des usines de transformation. Malgré les difficultés reliées à la main-d’œuvre, mon travail est stable et je m’attends chaque saison à faire de 40 à 45 semaines d’ouvrage. Ma tâche consiste à me rendre en forêt avec ma machinerie, à abattre les essences demandées et à transporter les billes jusqu’aux chemins où d’autres camions appartenant à la multinationale viennent les récupérer », raconte Dany Gaudreault.

L’entrepreneur a commencé il y a sept ans à son compte, après avoir été récolteur pour PFR pendant des années. Aujourd’hui, Forestier G.T possède deux abatteuses multifonctionnelles, la machinerie servant à abattre et débiter les arbres, et emploi une dizaine de personnes. « Si chaque année mon travail me semble plus simple parce que je prends de l’expérience, il y a des enjeux de main-d’œuvre et de coût d’opération qui obscurcissent le tableau ».

La production plus que jamais

Comme pour la majorité des emplois en foresterie, la rémunération du récolteur se fait sur la productivité, l’argent est calculé en fonction du nombre de billots que le « bucheur » rapport sur le bord du chemin. Il n’y a donc pas une heure à perdre et Dany Gaudreault confie que son équipe et lui-même travaillent 100 heures par semaine, jour et nuit, afin de rendre l’opération rentable. « Nous devons récolter de 65 000 à 85 000 mètres cubes de bois par machine par année. Nous avons dans nos multifonctionnelles des cartes GPS avec des détails très précis sur les sites puisqu’il faut sortir le bois rapidement.

C’est une chaîne, nous dépendons tous les uns des autres. Le transporteur est aussi payé à la productivité. Alors, lorsqu’il arrive sur le chemin situé près du site de récolte, il s’attend à trouver de quoi remplir son camion. Nous travaillons tous en synergie, la productivité et la rapidité d’exécution demeurent le nerf de la guerre. »

Une machinerie 4.0

La machinerie utilisée dispose d’une technologie avancée qui facilite la vie du bûcheron moderne. Surtout au niveau de l’ordinateur de tête qui vaut à lui seul plus de 35 000 $. Cet appareil embarque des informations cruciales comme la liste de prix par essence et le nombre de mètres cubes récolte. L’opérateur connaît donc en temps réel la valeur de son travail.

De plus, chaque type de coupe pour chaque arbre est préenregistré dans la mémoire de la machine et l’opérateur n’a qu’à reconnaître l’essence devant lui et le reste se fait de manière automatique. « Une multifonctionnelle neuve vaut plus de 750 000 dollars et elle coûtera tout au long de son utilisation des frais de maintenance. Pour un retour sur investissement et pour que notre entreprise soit viable, chaque machine doit rapporter un million de dollars par année. »

Une formation qui pourrait être plus longue

Âgés pour la plupart dans la quarantaine et la cinquantaine, les employés de Forestiers G.T sont des gens d’expériences qui, par leurs connaissances, rendent les opérations de l’entreprise profitable. « J’ai une équipe solide, mais elle n’est pas éternelle. Un jour, je vais devoir recruter et au-delà de la rareté de main-d’œuvre, il y a les coûts reliés à la formation. Un vieux routier récolte 200 mètres cubes dans son chiffre de 12 heures, tandis qu’une recrue en coupe 50 mètres… », confie Dany Gaudreault qui souligne qu’un individu met au moins deux ans d’expérience sur le chantier avant d’être rentable.

Dans un métier qui repose sur la rapidité d’exécution, l’embauche de nouvelles ressources peut compromettre une saison. « Ce n’est pas juste de comprendre la machine, c’est aussi de reconnaître les types d’essences. En plus, nous recevons de notre client un bonus important pour la qualité de la coupe. Lorsque les jeunes sortent du DEP, malheureusement, leur formation n’est pas achevée, elle devrait durer plus longtemps et couvrir plus de matière. Les centres de formation nous renvoient la balle en nous expliquant que c’est à nous de compléter leur apprentissage… je suis d’avis qu’ils devraient nous compenser davantage lorsque nous les accueillons pour leur stage de fin d’études. C’est tout le secteur qui en serait gagnant », conclut l’entrepreneur.

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