Auteur

Karine Boivin Forcier

N.D.L.R. : Le texte qui suit fait partie d’un dossier rédigé dans le cadre du cahier thématique dont le thème est : « Mashteuiatsh, une force à découvrir ! » publié dans notre édition du mois de janvier.

MASHTEUIATSH – Le développement de la fibre entrepreneuriale chez les jeunes Ilnu et les femmes autochtones est au cœur des priorités de l’incontournable Société de développement économique Ilnu (SDEI), dont les gestionnaires ont mis en place plusieurs mesures en ce sens au cours des dernières années.

Depuis quatre ans, la SDEI organise le rassemblement pour la MRC du Domaine-du-Roy de la Grande journée des petits entrepreneurs, un événement qui se tient à l’échelle de la province pour permettre aux jeunes de cinq à 17 ans de s’éveiller à l’entrepreneuriat en lançant leur entreprise d’un jour. « On s’était dit que ce serait intéressant d’organiser un rassemblement à Mashteuiatsh pour cette activité, mais comme il n’y en avait pas dans la MRC, on s’est dit : pourquoi ne pas les inviter avec nous ? », explique la directrice générale de la SDEI, Caroline Bouchard.

L’activité, qui en aurait été à sa quatrième édition à Mashteuiatsh en 2020 s’il n’avait été annulé en raison de la pandémie, regroupe donc plusieurs jeunes du territoire de la MRC du Domaine-du-Roy et de Mashteuiatsh pour une journée festive et amicale. « Ce qui est intéressant aussi avec cette activité, c’est que nous travaillons beaucoup sur les partenariats en général, et elle apprend aux jeunes à travailler autant avec des autochtones que des allochtones. Ça part de la base et ce rassemblement-là est bien bénéfique pour ça », mentionne de son côté Louise Bergeron, la directrice des services aux entreprises.

Depuis six ans aussi, deux membres de l’équipe de la SDEI travaillent chaque année à mettre sur pied des projets avec les jeunes dans les deux écoles de la communauté de Mashteuiatsh. La SDEI et les écoles ont notamment participé à la Bourse Scol’Ère en 2017-2019, mis en place un projet d’économie collective et œuvrent actuellement sur un projet de mosaïque avec un groupe de femmes de la communauté. « Ce sont les jeunes qui vont être la force de l’économie plus tard. Il faut commencer jeune. Si, parmi ces jeunes-là, on fait trois, quatre, cinq, 10 entrepreneurs, ce sera merveilleux plus tard », souligne Mme Bouchard.

L’entrepreneuriat féminin, un besoin

La SDEI a choisi de miser sur les femmes après avoir constaté que plusieurs hommes se lançaient en affaires, mais très peu de femmes. « De promouvoir l’entrepreneuriat chez les femmes, ça devenait un besoin réel. […] On s’est demandé ce qu’on pouvait faire pour aller développer cette fibre-là chez les femmes autochtones. On a fait un 5 à 7. Ça a permis à des femmes de la communauté de venir voir quels étaient les services offerts par la SDEI. Il y a eu des témoignages de femmes entrepreneures. Elles ont vu que ça peut être possible », confie la directrice générale de l’organisme.

Lors de la rencontre, les femmes ont mentionné leur intérêt à avoir des ateliers pour développer leur esprit entrepreneurial et la SDEI a répondu à ce besoin. Une activité a permis de mieux comprendre ce qu’est un projet entrepreneurial tandis que l’autre a porté sur les communications. Ces différentes actions ont eu un impact important, si bien que les consultations de femmes auprès du service aux entreprises sont passées de 300 à 650.

Des camps entrepreneuriaux

Afin de poursuivre le développement de la fibre entrepreneuriale, la SDEI a développé le camp entrepreneurial jeunesse Nimeshkanam (Mon chemin) pour les 13-17 ans en 2017 et le camp entrepreneurial féminin Tapuetatish (Croire en soi) en 2019, grâce à la contribution financière du ministère de l’Économie et de l’Innovation (MEI), de Produits Forestiers Résolu (PFR), de Rio Tinto et de Desjardins. Le camp jeunesse dure cinq jours et est ouvert autant aux jeunes autochtones qu’aux allochtones de la MRC. Sur les 10 inscriptions, la SDEI recrute en général la moitié de jeunes Ilnu. La dernière journée du camp permet aux participants de présenter leur projet devant un jury composé de trois membres provenant de Desjardins, PFR et Katakuhimasheta (Conseil des élus), qui remettent trois prix.

Chez les femmes, un premier camp prenant la même forme que celui des jeunes, avec présentation devant jury, a été tenu en 2019. L’équipe de la SDEI est à revoir la formule pour la seconde édition, pour donner plus de temps aux entrepreneures. Le prochain événement devrait donc se dérouler sur trois semaines à raison de deux jours par semaine, ce qui permettrait aux participantes de continuer à développer leur projet et travailler plus sérieusement sur leur plan d’affaires, tout en comportant une présentation devant le jury. « Pour les femmes, elles peuvent continuer leur projet, elles n’ont pas à retourner à l’école. On veut vraiment leur donner un plus à ce niveau-là, » précise Caroline Bouchard.

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