Auteur

Karine Boivin Forcier

N.D.L.R. Le texte qui suit fait partie d’un dossier rédigé dans le cadre du cahier thématique dont le thème est : « Le Nord québécois, terre d’opportunités » publié dans notre édition du mois de janvier.

SEPT-ÎLES – Acquise par Investissement Québec en 2016 et placée sous la houlette de la Société du Plan Nord (SPN) en 2017, la Société ferroviaire et portuaire de Pointe-Noire (SFPPN), à Sept-Îles, connaît une croissance importante depuis et constitue un important vecteur de développement pour la Côte-Nord.

Société en commandite contrôlée par un partenariat public-privé entre le gouvernement du Québec et un consortium d’entreprises issues de l’industrie des ressources naturelles, la SFPPN offre un accès multiusager à ses services de transport ferroviaire et de manutention portuaire. Son développement fait partie des actions prévues au Plan d’action nordique 2020-2023 de la SPN.

« C’est vraiment un centre de logistique qui dessert les minières, mais d’autres types de clients aussi. […] Nous avons 34 kilomètres de chemin de fer qui est relié au chemin de fer QNS&L qui va jusqu’à Fermont. […] Sept-Îles, c’est un port en eau profonde ouvert à l’année. Avec le port multiusager, on peut accommoder les plus gros minéraliers au monde, les Chinamax. C’est un avantage important pour la Côte-Nord », affirme Louis Gravel, président-directeur général de la SFPPN.

En expansion

La Société est en pleine expansion. De cinq à six millions de tonnes de minerai transbordé en 2018, elle est passée à 10 millions de tonnes en 2019, puis à 11 millions en 2020. L’équipe a quant à elle augmenté de 30 à 260 employés sur la même période.

« Au départ, c’était une entreprise qui était déficitaire parce qu’il n’y avait pas beaucoup de volume. Maintenant, on dégage des profits de plusieurs millions de dollars depuis deux ans. Ces profits sont réinvestis dans l’entreprise. On ne donne pas de dividendes aux actionnaires », mentionne M. Gravel.

Investissements

L’un des utilisateurs de la SFPPN, Minerai de Fer Québec qui exploite la mine du Lac Bloom à Fermont, a annoncé un projet de 600 M$ pour doubler sa capacité de production. Afin de répondre à ses besoins, la Société septilienne a mis en œuvre un projet d’investissement de 135 M$ qui lui permettra de transborder huit millions de tonnes supplémentaires à compter de mars 2022, atteignant ainsi une capacité de 20 Mt.

« Cet investissement nous permet d’acheter des équipements supplémentaires, de doubler des voies ferrées surtout dans les gares de triage, pour prendre plus de trains, plus de wagons. […] Nous avons de 30 à 40 postes à combler en lien avec ce projet. »

Ces nouveaux investissements s’ajoutent à ceux déjà réalisés par le passé grâce au soutien du gouvernement. « Quand le gouvernement a acheté, les paliers provincial et fédéral, ont investi 180 M$ dans l’entreprise. Cela nous a permis de remettre les équipements à niveau et de combler des déficits au niveau environnemental. Entre autres, nous avons imperméabilisé toutes les cours d’entreposage pour le minerai, ce qui fait que nous traitons maintenant toutes les eaux de ruissellement dans une usine de traitement des eaux », précise le PDG.

500 hectares

Avec la phase d’expansion prévue, les infrastructures seront à pleine capacité. La SFPPN évalue les possibilités pour effectuer une deuxième phase d’expansion pour ajouter environ 10 Mt à sa capacité, selon les besoins des minières qui souhaitent se développer dans le Nord. Des investissements supplémentaires seraient alors requis pour l’ajout d’un déverseur, de chargeurs à bateau, d’entasseurs-récupérateurs, etc.

La SFPPN dispose pour ce faire de tout l’espace nécessaire, puisqu’elle compte 500 hectares de terrains industriels disponibles. La Société souhaite aussi intéresser des promoteurs à s’installer sur ses terrains. « Nous sommes en discussion avec plusieurs types d’industries qui ne sont pas du minerai de fer pour un développement potentiel. […] Nous allons vers des projets de nature verte, en accord avec les valeurs de notre entreprise et de la SPN », indique Louis Gravel.

Une première entreprise, dont la SFPPN est copropriétaire avec Englobe, s’est d’ailleurs installée sur le site. Le Centre de traitement de sols Pointe-Noire se spécialise dans le traitement de terres contaminées pour différents clients à l’échelle régionale.

Développer les communautés

En plus des emplois locaux directs et indirects générés, la SFPPN contribue à la vie communautaire, notamment en investissant plus de 50 000 $ par année dans la mission d’organismes locaux. La Société collabore beaucoup avec la communauté innue de Uashat Mak Mani-Utenam afin qu’elle bénéficie aussi des retombées qu’elle génère. La SFPPN s’est également dotée d’une politique d’approvisionnement qui favorise les entreprises locales, afin de soutenir leur développement. « Nous sommes très actifs », conclut M. Gravel, tout en précisant que plusieurs entreprises du Saguenay–Lac-Saint-Jean comptent parmi ses fournisseurs.

Historique

C’est en mars 2016 qu’Investissement Québec a acquis les infrastructures ferroviaires et portuaires dans le secteur de Pointe-Noire, à Sept-Îles, qui appartenaient à la minière américaine Cliffs Natural Resources. Un an plus tard, la Société ferroviaire et portuaire de Pointe-Noire a été transférée d’Investissement Québec à la Société du Plan Nord.

La SFPPN est devenue une société en commandite dont le conseil d’administration est formé d’un représentant de Tata Steel, d’un de Minerai de Fer Québec, d’un de Tacora Resources et d’un de la SPN. La SPN contrôle 100 % des orientations de la SFP Pointe-Noire.

Son objectif est de rendre les infrastructures accessibles à tous les utilisateurs potentiels ; de désenclaver l’accès au quai multiusager de l’Administration portuaire de Sept-Îles (APSI) ; de soutenir la réalisation de projets miniers ; d’assurer un accès aux marchés internationaux au meilleur coût possible afin de soutenir la compétitivité des projets miniers ; et de favoriser le développement économique de la région (Côte-Nord) et du Québec dans son ensemble.

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