Auteur

Karine Boivin Forcier

N.D.L.R. Le texte qui suit fait partie d’un dossier rédigé dans le cadre du cahier thématique dont le thème est : « Espace aluminium, un regard tourné vers l’avenir ! » publié dans notre édition du mois d’octobre.

SAGUENAY – Le Centre des technologies de l’aluminium (CTA) du Conseil national de recherches Canada (CNRC), situé sur le site de l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC), constitue un élément distinctif pour la région en matière de recherche et développement. Il est le seul centre dédié à la transformation de l’aluminium du CNRC, plus vaste organisme de recherche publique au Canada.

Selon le directeur de la recherche et développement au CTA, Stéphan Simard, le centre, qui effectue de la recherche et développement (R&D) touchant toutes les applications en transformation de l’aluminium, représente un argument intéressant pour convaincre des entreprises du domaine de s’installer dans la région. « On collabore avec la Société de la Vallée de l’aluminium (SVA), qui tente d’attirer des investisseurs dans la région. On doit démontrer aux investisseurs que s’ils viennent dans la région, ils vont avoir accès à un centre de recherche. Une entreprise qui arrive et veut développer des projets n’aura pas besoin de se dire qu’elle part son usine, mais doit aussi créer un laboratoire de R&D. Nous, c’est le mandat qu’on peut prendre. On est un argument attractif pour les investisseurs », affirme-t-il.

Expertise locale

Le CTA compte près de 45 employés, dont environ 35 dédiés à la R&D. Depuis une dizaine d’années, la plupart de ses activités sont dédiées à des applications dans le secteur de l’automobile et du transport de surface, telles que trains de passagers, autobus, camions et remorques. « On a eu une grosse croissance en direction des applications de transport de surface en raison du désir de l’industrie d’aller vers l’allégement de ses véhicules. Dans l’industrie automobile, beaucoup de compagnies ont adopté l’aluminium, mais les entreprises n’étaient pas habituées à travailler avec ce matériau, donc elles ont eu des défis pour la mise en forme, l’assemblage, la sélection des alliages. C’est pour cela qu’ils ont fait appel à nos services », explique Stéphan Simard.

Le CTA peut effectuer différentes recherches pour résoudre les problématiques vécues par les entreprises qui font appel à lui. Il peut travailler autant sur la mise en forme, l’assemblage, la durabilité, la corrosion. Des entreprises d’un peu partout dans le monde viennent donc ici chercher l’expertise de l’équipe du CTA. Celui-ci offre ses services à des PME de la région, mais également à des manufacturiers ou fabricants de pièces d’ailleurs au Québec et au Canada. L’équipe a également travaillé sur des projets avec Ford aux États-Unis, de même qu’avec divers manufacturiers automobiles européens, principalement allemands.

Une véritable mini-usine

D’une superficie de 1 200 mètres carrés, le laboratoire de recherche comporte une véritable usine à échelle pilote. Il possède des équipements qu’on retrouve dans l’industrie, telle qu’une presse de moulage sous pression de 600 tonnes entièrement automatisée, une presse de mise-en-forme de métal en feuilles et d’hydroformage d’une capacité de 1 000 tonnes, une machine de soudage par friction-malaxage et deux chambres de soudage robotisées reliées à un laser de 10 kW.

« Ça fait en sorte que quand on développe une méthode de travail pour une entreprise, elle est capable de partir avec la recette développée et l’appliquer directement dans son usine. Ce qu’on est capables de développer, c’est quelque chose qui est directement exportable à l’industrie en production », note le directeur.

Recherche précompétitive

Le CTA développe aussi de la recherche précompétitive, qui s’effectue bien en amont de la phase de mise en marché d’un produit. Cette recherche se réalise à l’intérieur du groupe industriel Metaltech, qui réunit 25 à 30 entreprises de toute la chaîne de valeur. « En amenant toute cette communauté-là, nous, on est capables de dégager quels sont les besoins de l’industrie, quelles sont les tendances vers lesquelles il faut aller pour s’assurer que nos recherches soient toujours pertinentes », précise Stéphan Simard.

Par ailleurs, une large part des activités du centre de recherche, soit environ 40 % de son volume d’affaires, est destinée à la simulation numérique des procédés. « C’est quand même assez unique. La façon dont on aborde la recherche au CTA, ce n’est pas seulement sur la base essai-erreur. On va commencer en regardant les contraintes et les buts à atteindre, en faisant des simulations numériques qui vont nous donner les paramètres de base à explorer. […] Ensuite, en allant chercher des données expérimentales, on va alimenter nos modèles numériques et en arriver à la solution optimale », mentionne le directeur.

Ce type de recherche s’effectue par le biais de logiciels spécialisés, dans lesquels les chercheurs peuvent entrer des modèles, imposer des contraintes et entrer des données, par exemple sur la résistance des matériaux, puis les modifier en fonction des résultats obtenus lors de la simulation numérique. « On est capables d’optimiser et de prédire le comportement des pièces qui vont être fabriquées. […] Ce ne sont pas des logiciels à la portée de tous, en termes de complexité et de coûts. Ça prend des connaissances derrière ça », conclut M. Simard.

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