N.D.L.R. Le texte qui suit fait partie d’un dossier rédigé dans le cadre du cahier thématique dont le thème est : Économie autochtone : une force à découvrir publié dans notre édition du mois de janvier.

 

SAGUENAY — Un nouvel emblème permettant de distinguer les entrepreneurs autochtones a été lancé au cours des derniers mois. Chapeautée par la Commission de développement économique des Premières Nations du Québec et du Labrador (CDEPNQL), l’identification de l’ours vise à certifier que des produits ou services achetés proviennent d’une entreprise contrôlée majoritairement d’un membre des Premières Nations.

L’idée derrière la certification est de permettre indirectement l’autodétermination de chaque communauté. « Le logo de l’ours a été pensé pour et par les nations autochtones. Et je dois vous dire que ça les rend fiers d’avoir un outil qui leur permet de se distinguer. Il y a deux éléments importants qui sont mis de l’avant par ce logo-là : la protection et l’affirmation. Deux concepts clés qui sont intimement liés à l’ours dans la culture autochtone. […] En se dotant de ce logo, on vient offrir un moyen de diminuer drastiquement l’appropriation culturelle, car il ne faut pas se leurrer, il y a plusieurs boutiques dans les grandes villes qui vendent des produits reliés aux [premiers peuples], alors qu’il n’y a aucun autochtone dans le processus commercial », explique Emmanuel Bertrand-Gauvin, conseiller à la CDEPNQL.

Point de référence

Selon le représentant de la CDEPNQL, l’identification Premières Nations ajoute un point de référence unique et distinctif pour soutenir réellement l’économie des communautés. « Auparavant, il était difficile de repérer quelle entreprise était détenue par eux ou non. Maintenant, il s’agit d’un réel repère qu’une partie de l’argent qu’on investit dans l’achat de produits ou services et qui contient le logo aille vers eux », fait savoir M. Bertrand-Gauvin, rappelant qu’un mécanisme de traçabilité contribue à réduire la contrefaçon de la marque. « L’étiquette apposée, où le logo affiché numériquement contient un code balayable pour s’assurer de l’exactitude de la certification. Le code QR permet aussi de découvrir l’entreprise et voir les autres produits ou services qu’elle propose. […] Dans une prochaine phase, en plus de la traçabilité du code QR, il sera possible de faire une recherche selon des critères à partir du site internet de l’initiative (id1n.org) », ajoute-t-il.

En cette période où le mot réconciliation est sur les lèvres des politiciens, Emmanuel Bertrand-Gauvin rappelle qu’il est possible de participer à l’autodétermination des peuples autochtones en contribuant à leur développement économique, ce que cherche à faire l’initiative propulsée par la CDEPNQL.

« Elle offre aux Premières Nations de contrôler elles-mêmes les critères de sélection pour adhérer. Ça contribue à l’autonomie de gouvernance, mais aussi à l’autonomie économique. Et en tant que consommateur, l’idée nous permet de nous rendre compte qu’il y a des entreprises autochtones. Ça donne un effet levier pour l’entrepreneuriat autochtone », soutient-il.

« Les communautés veulent vraiment être autonomes. L’ours veut être un outil pour se donner le goût de se lancer. On entend parler de réconciliation de la bouche des politiciens, ce sont de belles phrases. En tant que citoyen, on a l’impression qu’on ne peut faire grand-chose. Si tu contribues à une relation d’égal à égal comme celui de contribuer à l’essor économique, il y a déjà un grand pas de fait  », d’ajouter le conseiller.

Notion de fierté

Aussitôt lancées, les différentes communautés autochtones accueillent avec fierté le logo de l’ours selon les propos du représentant de la CDEPNQL.

« Il y a un grand sentiment de fierté. Si la plus grande contribution c’est ça, c’est déjà un pas de géant. Lorsqu’on a présenté l’initiative devant la table des chefs, il y a eu une unanimité. Et même lorsqu’on la présente dans les communautés, les gens nous transmettent leur fierté de pouvoir enfin s’afficher, car à une certaine époque, il était recommandé aux autochtones de ne pas afficher leur culture. Nous sommes maintenant ailleurs et les gens sont prêts à passer à autre chose et à partager leur identité », conclut-il.