SAGUENAY – « Notre région s’est construite à travers le secteur agroalimentaire. Il y a des opportunités qui se présentent et on est en bonne position pour aller les chercher. On est la seule région dotée d’un créneau d’excellence agroalimentaire qui intègre l’ensemble de la filière », affirme Isabelle T. Rivard, directrice générale du Créneau d’excellence AgroBoréal.
Celle-ci indique qu’à cause de la pandémie, la société a réalisé l’importance d’avoir un secteur agroalimentaire fort. « Il y a une prise de conscience de l’importance de notre secteur et des opportunités nouvelles qui se sont créées parce qu’il y a eu une évolution des marchés locaux, québécois et d’exportation. Pour pouvoir les saisir, il faut que la relance se fasse en tenant compte des différents enjeux qu’on vit : main-d’œuvre, adaptation de nos modèles, qu’on veut plus durables, respectueux de nos ressources », souligne Mme Rivard.
Pour étayer ses dires, Isabelle T. Rivard se réfère aussi à la consultation menée par le Hub Saguenay–Lac-Saint-Jean l’an dernier, qui avait nommé l’agroalimentaire comme secteur prioritaire pour la relance. « Quand c’est le secteur qui le dit, c’est intéressant, mais quand c’est d’autres personnes qui le reconnaissent et le nomment, ce l’est d’autant plus. C’est ça, le principal changement que je ressens. Avant, les gens, ça les intéressait, mais là, ce n’est plus juste un intérêt, on est en train de prendre un beau leadership en matière de développement économique et de développement concerté dans la région. »
Vision commune
La présence d’un Créneau d’excellence destiné à l’agroalimentaire est un atout pour la région. « Ça permet d’articuler une vision, une stratégie concertée avec les partenaires du milieu et les entreprises qui font partie de ce réseau-là. On suit la volonté et les enjeux des entreprises pour les accompagner là-dedans. […] On a tout intérêt à se mobiliser autour de cette vision-là », indique la directrice générale.
Des nouvelles opportunités
Parmi les opportunités en émergence, on retrouve toute la question de l’autonomie alimentaire. « Auparavant on se fiait que certains produits, on n’était pas compétitif pour les produire localement. […] Avec cette notion, il y a un changement de posture. »
« On cherche des solutions pour produire localement des denrées qu’on importait auparavant. On va demeurer dépendant de certaines denrées, mais si on est capable pour certains aliments de développer des alternatives et d’avoir le soutien de nos décideurs et de nos institutions, elle est là l’opportunité », croit la directrice générale, évoquant notamment les tarifs énergétiques en transition du côté d’Hydro-Québec et des programmes de financement du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ).
La meilleure sensibilisation des consommateurs pour l’achat local a également permis à plusieurs entreprises de connaître une croissance phénoménale. « Le fait que le gouvernement, dans ses stratégies d’approvisionnement est plus sensible à moins dépendre de l’importation, ça va s’appliquer aussi au niveau des chaînes d’approvisionnement alimentaires. De plus en plus, on va voir dans les marchés institutionnels une ouverture plus grande à intégrer des produits locaux dans les appels d’offres. Mais il va falloir que les entreprises soient prêtes à y répondre quand ces opportunités-là vont se présenter. »
Une relance durable
Selon la directrice du Créneau AgroBoréal, la relance sera agroalimentaire, mais ne doit pas être faite au détriment de la durabilité, qui représente un enjeu important dans plusieurs sphères du développement économique. L’impact des pratiques agricoles sur le climat et l’environnement doit être pris en compte.
Isabelle T. Rivard considère que la région est en bonne position, encore une fois, pour se positionner par rapport à ces enjeux. « Tout le concept d’agriculture nordique est très cohérent avec celui d’agriculture durable. On respecte les cycles naturels de notre territoire. On n’essaie pas de venir se positionner comme des compétiteurs avec des régions qui vont être performantes au niveau de la production maïs-soya, comme c’est le cas dans plusieurs systèmes agroalimentaires en Amérique du Nord. […] Ici, on a développé des productions qui sont mieux adaptées à notre climat », explique-t-elle.
L’innovation, à ne pas négliger
En agroalimentaire, le tissu économique est composé principalement de PME et de très petites entreprises, qui ont peu de ressources à l’interne pour travailler sur l’innovation. Or, cet enjeu devient essentiel pour assurer la croissance et la pérennité de ces entreprises. « Se lancer en affaires avec des projets innovants et accompagner nos entreprises dans leur croissance par le biais de l’innovation, ça va devoir être pris en compte. Il va falloir avoir des ressources à la disposition des entrepreneurs pour les aider à la gestion de leur innovation. Il faut offrir à ces entreprises un environnement qui leur permet d’accélérer leur croissance », estime Mme Rivard.
Tendances en croissance
Développement durable, responsabilité sociale, alimentation santé, nouvelles technologies, bioéconomie, valorisation des résidus. Il existe pour les entreprises agroalimentaires du Saguenay–Lac-Saint-Jean, de nombreuses opportunités liées à ces tendances en croissance à l’échelle québécoise, canadienne et même mondiale. « On est bien positionné avec notre vision d’agriculture durable, de mettre de l’avant des pratiques responsables en lien avec notre territoire boréal. On est capable de venir saisir de grosses tendances en croissance à l’échelle mondiale », conclut Isabelle T. Rivard.