Dominique Savard
Auteur

Dominique Savard

SAGUENAY – Depuis plusieurs mois, le créneau d’excellence de la transformation de l’aluminium travaille à se rapprocher des donneurs d’ordre dans les secteurs maritime et militaire, des marchés qui pourraient s’avérer fort intéressants pour répondre aux besoins et au développement des entreprises régionales. Une stratégie qui passe par les ententes inter-créneaux.

« Notre mandat en tant que créneau d’excellence consiste à développer tout ce qui se passe dans le secteur de l’aluminium. Nous sommes un gros joueur autant pour les entrepreneurs, que pour ce qui se fait en transformation et pour les projets à venir. Je travaille avec tous les organismes qui ont un lien avec l’aluminium en plus des 36 autres créneaux d’excellence mis sur pied en 2004 par le projet ACCORD (Action concertée de coopération régionale de développement). Ici, au Saguenay–Lac-Saint-Jean, on retrouve quatre créneaux. En plus de l’aluminium, il y a l’AgroBoréal, les drones civils et commerciaux, ainsi que le tourisme d’aventure et écotourisme », explique dans un premier temps Lilianne Savard, directrice du créneau d’excellence de la transformation d’aluminium.

La Gaspésie dans la mire

Dans le cadre d’une rencontre de tous les créneaux du Québec, Mme Savard a demandé au responsable du créneau maritime pourquoi les bateaux de pêche (homards et crabes) étaient fabriqués en aluminium en Europe et un peu partout ailleurs, mais pas beaucoup ici au Québec. C’est un secteur, selon elle, qui représente un gros marché. « Le créneau maritime n’avait rien contre le fait de regarder à développer ces produits en raison de tout ce qui s’en vient avec l’allègement des véhicules et des bateaux et la propulsion électrique. Depuis, les expertises du maritime et de l’aluminium travaillent ensemble pour développer quelque chose de vraiment pertinent. Nous avons fait une mission d’accueil avec des gens de la Gaspésie qui sont de gros fabricants de bateaux pour les pêcheurs de homards et de crabes et nous, on a fait le tour de ces fabricants en septembre 2019. Ils ont d’ailleurs commencé à utiliser l’aluminium, mais le gros problème versus l’acier, c’est qu’ils mettent la même épaisseur de matériau et ce n’est pas comme ça qu’il faut penser. C’est là que nous, le créneau d’excellence, sommes en mesure de les aider à développer les composantes et les alliages d’aluminium pour développer le meilleur bateau possible, le plus léger et le plus efficace », explique Lilianne Savard.

Des sous-traitants dans la région

Après l’étape de recherche du CNRC-RTA à Chicoutimi pour trouver la meilleure façon de fabriquer un bateau en aluminium, un prototype est en voie d’être complété en Gaspésie. « Il reste à faire des tests. Les fabricants voient des possibilités à développer ce produit et les pêcheurs sont intéressés et c’est pourquoi le projet avance rapidement. Évidemment, les bateaux vont se faire en Gaspésie, mais on travaille aussi avec plusieurs sous-traitants de la région pour fabriquer des pièces. On peut s’attendre à des débouchés dans les prochains mois. Nous voulons qu’en 2021 dans sa stratégie, le maritime utilise de l’aluminium dans tout ce qui se construit et ça ne concerne pas seulement les bateaux, mais également les équipements », précise la directrice, avouant que ça fait deux ans que ce projet est en cours.

Le militaire accessible aussi

Selon Lilianne Savard, le créneau d’excellence en aluminium travaille en même temps à intégrer les entreprises régionales dans le secteur de la Défense nationale (militaire). Une étude récente révélait, en effet, que les entreprises du Saguenay–Lac-Saint-Jean étaient prêtes à se lancer dans ce secteur, mais en même temps, que les gens trouvaient compliquer de s’intégrer dans ce marché en raison des normes de sécurité sévères à respecter.

« C’est ce qui explique pourquoi nous avons monté une formation avec les nouveaux programmes qui sont sortis dans le temps de la COVID dans le cadre du PACME avec des firmes d’ingénierie et de consultants pour prouver à nos entrepreneurs que ce n’est pas si difficile que cela. Nous avons eu 20 entreprises qui se sont inscrites et qui ont été formées dans les derniers mois. L’an prochain, on devrait avoir une phase deux pour les intégrer dans le marché militaire. C’est un secteur tellement intéressant pour nos entrepreneurs. La Défense nationale prévoit dépenser des milliards de dollars dans les 10 prochaines années et la région peut récolter sa part de retombées économiques. Pour le secteur qui nous intéresse (aluminium), par exemple, il y a des pièces de camions pour les véhicules militaires, les radiateurs, etc. Ils peuvent obtenir des contrats directement avec un sous-traitant ou en parallèle », laisse tomber Mme Savard dont l’organisme est hébergé depuis ses tout débuts par la SVA (Société de la Vallée de l’aluminium).

Commentaires