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Karine Boivin Forcier

SAGUENAY – Malgré la fermeture définitive de la Boucherie Davis, les propriétaires, Emmanuel Ross-Morel et Élysabeth Savard, demeurent en affaires. En plus du Dépanneur Voisin de Shipshaw, acquis en 2022, ils viennent de faire l’achat du dépanneur Sagamie Langelier.

« Nous avons réalisé l’acquisition du dépanneur Sagamie Langelier, près du Faubourg Sagamie récemment. Nous avons d’autres projets qui s’en viennent pour le printemps. Nous sommes toujours à l’affût des opportunités. […] Pour l’instant, nous n’avons pas l’intention d’ajouter de services de boucherie à notre nouveau dépanneur, même si nous comprenons que c’est un service qui va manquer à Arvida », indique M. Ross-Morel, qui avait repris la Boucherie Davis en 2019.

Celui-ci avoue qu’il est dommage de fermer un commerce existant depuis 1943, mais considère qu’il ne pouvait pas s’accrocher à l’aspect historique pour prendre sa décision. « C’est vraiment une décision stratégique. Ce n’est pas une question d’argent. La clientèle était au rendez-vous, nous avions des commentaires positifs », assure-t-il.

Deux irritants

Ce sont principalement deux situations qui ont poussé le couple à cesser les activités de la boucherie. En décembre, le commerce a vécu son troisième dégât d’eau majeur en trois ans. « C’est un vieux bâtiment qui date de 1929. Le bâtiment est solide, mais la mécanique commence à être désuète. Ce n’était qu’une question de temps avant qu’on ait encore un autre sinistre. Et à ce moment-là, est-ce que les assurances auraient accepter de payer une nouvelle fois? », se questionne Emmanuel Ross-Morel.

L’autre aspect, qui compte pour 40 % de la décision, selon l’entrepreneur, c’est celui de la terrasse installée au Carré Davis durant l’été. M. Ross-Morel affirme que celle-ci nuisait à l’achalandage de sa boucherie. « Ça nous coupe du stationnement. […] Une boucherie, la bonne période, c’est l’été. Et là, avec la terrasse, mon chiffre d’affaires estival était coupé de 35 %. En plus de la période actuelle qui n’est pas facile, on nous met des bâtons dans les roues. J’ai essayé d’en parler avec le centre-ville, mais je n’ai pas eu d’ouverture. […] Nous n’avons pas eu d’écoute de la part de la Ville », estime-t-il.

Lorsque Emmanuel Ross-Morel et Élysabeth Savard, qui étaient également propriétaires du bâtiment, ont eu une offre pour son acquisition, la décision s’est prise d’elle-même. « Il y a des occasions, des moments qu’il faut saisir. […] Celui qui achète l’immeuble va le remettre en ordre, le retaper. C’est quelqu’un qui sera capable de faire quelque chose de bien », précise le propriétaire.

Des possibilités évaluées

Le couple assure avoir évalué les possibilités de déménager ou de vendre le commerce. « Je ne peux pas vendre à n’importe qui. La boucherie, ce n’est pas un domaine évident. Ça prend quelqu’un qui connaît ça. […] La main-d’œuvre n’est pas facile à trouver et on ne peut pas toujours offrir des salaires très élevés. Les gros magasins vendent les produits à des prix avec lesquels une petite boucherie comme nous ne peut pas compétitionner. Ça complexifie vraiment la gestion », explique M. Ross-Morel.

Il ajoute que sa conjointe et lui apprécient le secteur de la boucherie. « Ce n’est pas une fermeture parce que nous sommes tannés. […] Nous ne sommes pas complètement fermés à retourner dans ce domaine s’il y a une opportunité qui se présente. »

Le conseiller Carl Dufour réagit

Le conseiller municipal du secteur Arvida, Carl Dufour, s'attriste évidemment de la fermeture de la Boucherie Davis, qui a causé une commotion dans le milieu, selon lui. « C'est une institution, mais aussi un commerce de proximité, comme on essaie d'en amener dans le Carré Davis. Parmi les fermetures des derniers mois dans le centre-ville, c'est celle qui fait le plus mal », croit-il.

Quant aux raisons qui ont poussé les propriétaires à fermer, le conseiller municipal préfère ne pas élaborer sur le sujet. « Ils ont leurs raisons. Cependant, je doute fortement que ce soit la terrasse qui cause la fermeture d'un commerce. C'est insensé », affirme-t-il.

Monsieur Dufour ne craint pas pour l'avenir du centre-ville d'Arvida. Selon lui, il y a une ouverture du nouveau propriétaire pour maintenir une boucherie, mais le temps est limité pour trouver une façon de conserver ce commerce. « J'ai discuté avec le nouveau propriétaire. C'est sûr qu'il veut remplir l'espace le plus rapidement possible. Les locaux du Carré Davis sont très courus. Il y a déjà des offres sur la table pour amener d'autres types de commerces. » Il y a d'ailleurs plusieurs autres projets qui se brassent dans le secteur, dont un de restaurant pour le printemps. « Si on se reparle en mai, je suis convaincu que tous les locaux qui sont vacants actuellement seront pleins », conclut le conseiller.

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