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Karine Boivin Forcier

SAGUENAY – C’est en constatant que de nombreux étudiants étrangers devaient acheter leurs livres neufs, puis les jeter après leur session lorsqu’ils repartaient chez eux, faute d’une solution pour les revendre, que Valérie Gauthier a lancé, il y a trois ans, Les Mots Passants. L’entreprise, offrant notamment la vente et le rachat de livres universitaires usagés, connaît depuis une popularité grandissante.

« J’ai fait un retour aux études il y a trois ans. Je rencontrais des étudiants internationaux qui devaient acheter leurs livres neufs, parce que les usagés étaient passés entre les Québécois avant leur arrivée. Ils devaient ensuite jeter les livres, parce que personne ne voulait les racheter à la fin de la session. Il se jetait des milliers de livres comme ça. Moi, ça m’a scandalisée », affirme la propriétaire.

C’est ainsi qu’avec un emprunt de 1 000 $ sur sa carte de crédit étudiante, Mme Gauthier a racheté ses 50 premiers livres pour les revendre. « Ça s’est su et, d’une année à l’autre, ça a grossi, jusqu’à la pandémie. […] Là, j’ai eu l’impression de reculer de trois ans. Il n’y avait plus d’étudiants internationaux, mais ça m’a permis de me faire connaître des étudiants québécois. La clientèle québécoise a beaucoup augmenté. Ils sont passés de 5 % à 35 % de notre clientèle », précise l’entrepreneure, qui compte désormais sur un inventaire de plus de 400 livres différents.

Des services innovants

En plus de faire l’achat et la vente de livres, Les Mots Passants offre également un service de consignation. Celui-ci permet à l’entreprise de récupérer les livres et de les revendre pour l’étudiant, en lui transmettant ensuite les revenus lorsque la vente est effectuée. « C’est nouveau comme concept au Québec. Ça n’existe pas un lieu comme ça où on reprend les livres usagés après la session. »

L’entreprise offre également, en nouveauté cette année, un service de location. « En fait, on vend le livre avec une promesse de rachat élevé, ce qui permet à l’étudiant de ne pas avoir à retrouver un acheteur avant de partir. C’est nous l’acheteur, on s’est engagé », explique-t-elle. Grâce aux étudiants qui lui fournissent les livres, la propriétaire arrive à couvrir de nombreux programmes d’études offerts à l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC), dont l’administration, l’ingénierie, le travail social, etc. Elle est toutefois toujours prête à ouvrir de nouveaux modules d’études dans sa bibliothèque selon les manuels que les étudiants lui apporteront.

Mentionnons que les livres qui ne sont plus demandés à l’UQAC peuvent maintenant être envoyés dans d’autres universités, à prix moins élevés, grâce à l’implantation d’une boutique en ligne. Les manuels qui n’ont plus de valeur monétaire sont envoyés dans des pays émergents, une grande victoire pour Mme Gauthier, puisqu’il n’y a plus de livres qui se jettent.

Une expérience d’accueil

C’est en suivant son cœur que Valérie Gauthier a lancé son entreprise et c’est une véritable expérience d’accueil qu’elle offre aux étudiants qui la visitent. « On les accueille tout au long du processus, on trouve leurs livres pour eux, on leur vend ou on leur loue, on offre la consignation. C’est vraiment une prise en main de l’étudiant, on est à leur service. Notre mission, c’est de transmettre le savoir d’un étudiant à un autre. Nous avons des valeurs très fortes de développement durable. Le social, l’économie et l’environnement sont tous rattachés », indique-t-elle.

En plus de l’aspect environnemental, Les Mots Passants permettent aussi aux étudiants de trouver des manuels selon leur budget. Les livres neufs peuvent coûter jusqu’à 150 $ chacun, ce qui représente un montant important pour les étudiants. « On vient ajuster ce marché-là, offrir une alternative. »

Mme Gauthier vise une expansion dans les prochaines années. Elle avait au départ prévu celle-ci après cinq ans, mais la pandémie est venue changer la donne. « D’ici deux ans, je pense que je vais pouvoir stabiliser les choses et peut-être ouvrir un local, puis prendre de l’expansion. Il y a une belle réponse au concept. Il y a des universités qui nous demandent aussi », mentionne-t-elle. Une deuxième ressource est d’ailleurs venue s’ajouter tout récemment à la propriétaire afin de répondre à la demande.

De nouveaux services pourraient aussi voir le jour au cours des prochaines années, notamment en ce qui a trait aux manteaux d’hiver. « On reprend les manteaux des étudiants internationaux, par le biais de la mise en consignation, et on fait un gros événement vers la fin septembre de revente, à moindre prix aux nouveaux étudiants d’autres pays qui arrivent. Ça leur permet au moins de récupérer une partie du montant », mentionne Valérie Gauthier.

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