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Jonathan Thibeault

SAINT-NAZAIRE — Jean-Denis Toupin, directeur général de Construction Proco, incarne l’évolution et la réussite d’une entreprise qui célèbre cette année ses 40 ans. Originaire d’Alma, Toupin a gravité autour de Proco dès son jeune âge, influencé par son père, Michel Toupin, qui a été actionnaire dès 1983. Aujourd’hui à la tête de l’entreprise depuis 10 ans, il dirige avec une vision ancrée sur le travail d’équipe.

Jean-Denis Toupin a grandi à quelques minutes de Proco, à Alma. Après des études en génie civil à Polytechnique Montréal et une maîtrise en charpente métallique à McGill, il débute sa carrière professionnelle dans la métropole. Cependant, l’appel du Saguenay–Lac-Saint-Jean était trop fort.

« J’ai travaillé seulement un an à l’extérieur avant de revenir dans la région et d’atterrir chez Proco en tant qu’ingénieur junior », explique-t-il.

Rapidement, il a gravi les échelons, étant nommé directeur de l’ingénierie, puis chargé de projet, avant de devenir actionnaire en 2006 et directeur général en 2014. Pour lui, même si l’entreprise faisait partie de sa vie de par la carrière de son père, il n’envisageait pas forcément un parcours entrepreneurial.

De la construction résidentielle aux ouvrages d’envergure

L’histoire de Proco reflète une évolution impressionnante. Fondée en 1961, l’entreprise a débuté ses opérations avec des projets de construction résidentielle et commerciale. Au début des années 1990, elle a pris un tournant vers les projets industriels, notamment dans les secteurs du bois et des papeteries.

Le début des années 2000 a marqué un point culminant avec le projet d’Alcan à Alma, propulsant Proco vers des projets industriels majeurs, tels que des raffineries et des alumineries. Depuis, Proco est devenu un acteur clé dans la construction de ponts et d’ouvrages métalliques. Parmi les projets marquants, mentionnons la super poutre livrée d’urgence sur l’ancien pont Champlain de Montréal en 2013.

Malgré l’expansion de ses projets au-delà des frontières régionales, Proco demeure fermement ancrée au Saguenay–Lac-Saint-Jean avec des usines à Saint-Nazaire et La Baie.

« Nous croyons fermement aux valeurs régionales,» souligne le directeur général. « Notre équipe est composée de gens de la région, ce qui soutient l’économie locale et préserve l’expertise locale.» Cette approche permet à Proco de rester connecté à ses racines tout en abordant des projets ambitieux à l’extérieur.

Gestion de proximité

La philosophie du dirigeant repose sur une gestion de proximité, typique aux PME. « Nous avons des rencontres régulières avec tous les employés pour expliquer les bilans et les projections. Même si nous sommes devenus une entreprise de plus de 400 employés, on ne pourrait pas faire autrement. Ça fait partie de notre ADN de gérer l’organisation comme une PM » explique-t-il. La collaboration est au cœur de la réussite de l’entreprise.

« Nous avons développé une philosophie d’entreprise basée sur le travail d’équipe. Au fil des années, nous avons inclus de plus en plus de personnes dans notre planification stratégique, permettant une meilleure visualisation des enjeux et une exécution plus fluide des stratégies. Chaque lundi, notre comité de direction de 12 personnes se réunit, ce qui permet d’avancer » croit-il.

Investissements dans les jeunes entreprises

Pour Jean-Denis Toupin et son équipe, il est important de redonner à la communauté. « Nous investissons régulièrement dans de petites entreprises régionales, apportant un soutien direct aux jeunes entrepreneurs. Cela crée un écosystème entrepreneurial dynamique et renforce notre attachement à la région », explique-t-il.

Parmi ces investissements, on compte MR FAB, Produits Boréal et Le Saint-Crème. « Nous leur apportons un coup de pouce pour démarrer, sans risquer Proco. Cela permet de créer de nouveaux entrepreneurs qui, à leur tour, contribueront à l’économie locale», soutient celui qui croit que ce genre d’investissement fait partie de son rôle.

Projets futurs et relève

Proco semble bien positionné pour l’avenir, grâce à des investissements constants dans l’automatisation et la robotisation, augmentant ainsi sa capacité de production. « Nous avons investi plusieurs millions de dollars provenant de nos bénéfices dans l’automatisation, ce qui nous permet de réaliser des projets de plus grande envergure et d’augmenter la productivité de nos installations » précise
M. Toupin. En ce qui concerne la relève, le directeur général est confiant.

« Nous avons une équipe solide de neuf actionnaires et nous continuons à former et à accompagner de nouveaux talents. Je suis convaincu que cette approche permettra à Proco de prospérer sans recours à des sources externes. »

Lorsqu’on lui demande quels conseils il donnerait à la communauté d’affaires à partir de son cheminement, il répond: « Il est crucial d’avoir une vision à long terme et d’inclure le plus tôt possible les personnes passionnées par l’entreprise dans les discussions sur la relève. Cela permet de créer des opportunités et de résoudre une partie des problèmes de succession. Chez nous, nous avons ciblé des personnes qui avaient le sang bleu, ceux qui ont Proco tatoué sur le cœur. C’est ce qui nous permet de préparer l’avenir. Si on ne le faisait pas, c’est évident que la relève serait difficile à trouver et qu’on serait plus ouverts aux offres d’achat de fonds d’investissement ou d’autres » admet-il.

« Depuis 2006, chaque fois qu’il y avait un départ, on a ciblé des personnes. Aujourd’hui, Proco a une équipe de neuf actionnaires. On croit que si on le fait petit à petit, ça permet de faire de plus petites bouchées, autant pour l’entreprise que pour les investisseurs… mais surtout de faire ça en douceur », ajoute-t-il.

Un succès d’équipe

Sous la direction, de Jean-Denis Toupin et ses partenaires, Proco continue de croître tout en demeurant fidèle à ses racines, mais pour lui, tout ce succès repose sur la mobilisation de l’équipe.

« Notre succès est attribuable à la qualité et à l’engagement de notre équipe. On étale de plus en plus nos objectifs et nos stratégies à toute l’équipe afin de permettre à tous de ramer dans le même sens pour la croissance, la performance, la SST, la qualité. Ça me ressemble beaucoup d’être axé sur la transparence, mais ce sont aussi des valeurs qui transcendent toute l’entreprise », conclut l’homme d’affaires.

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