Lors de son discours d’ouverture, il y a quelques jours à l’Assemblée Nationale, notre premier ministre, François Legault, a accordé une place de choix aux régions en déclarant notamment qu’il favorisera l’immigration vers celles-ci pour aider à pallier la pénurie de main-d’œuvre. Il a aussi répété, tel qu’il l’avait promis en campagne électorale, de régionaliser quelque 5000 emplois gouvernementaux*. Mais il a surtout laissé entendre que les régions auront dorénavant autant d’importance que les grands centres pour son gouvernement. Il s’agit là d’engagements qui valent leur pesant d’or pour le Saguenay–Lac-Saint-Jean.
Il n’y a pas qu’en campagne électorale et dans son discours inaugural que le premier ministre partage sa vision du développement des régions. Dans son livre Cap sur un Québec gagnant : Le Projet Saint-Laurent, publié en 2013, François Legault parle abondamment de son projet de créer, le long du Saint-Laurent -avec incursion sur le Saguenay - des milieux de vie et de travail de qualité, des clusters, comme il en existe dans de nombreuses autres régions de monde. Il s’agit d’endroits séduisants et stimulants où la technologie et la qualité de vie sont susceptibles d’intéresser des citoyens à s’y installer. Voici ce qu’il en dit dans son livre :
«Les clusters sont des lieux géographiques regroupant des centres de recherche et des industries, un amalgame qui permet de passer de l’idée au marché, autrement dit du concept théorique à l’application commerciale, ou si vous préférez, du laboratoire jusqu’au produit sur les tablettes et en ligne. Les organismes publics et privés, les universités et les entreprises y soutiennent ensemble la recherche et le développement. Dans notre monde transformé par l’économie du savoir et de la connaissance, la recherche assure la croissance à travers la capacité des divers partenaires, investisseurs et chercheurs à trouver des applications commerciales aux avancées scientifiques et techniques. La recherche, créatrice de valeur, est la pierre angulaire de ces grands projets, et c’est ce que nous devons encourager et développer ici.»
Le vanadium, stratégique pour la région
Cette approche du premier ministre a trouvé un écho dans une discussion que j’ai eue récemment avec Jean Rainville, président et chef de la direction de Métaux BlackRock (MBR). Celui-ci a parlé avec ferveur des possibilités de créer une zone géographique d’innovation et de développement dans la région, autour du vanadium, un métal de grande valeur issu du procédé de transformation du minerai qui sera traité à l’usine projetée de MBR à Grande-Anse. L’homme parle spécifiquement de mettre en place, à l’UQAC, une chaire de recherche appliquée sur le vanadium, qui permettrait, selon lui, de créer des opportunités stratégiques pour la région et le Québec.
Il faut savoir que ce métal entre dans la fabrication de l’acier à haute résistance, mais recèle de nombreuses caractéristiques intéressantes pour les applications technologiques. Par ailleurs, Jean Rainville se projette déjà dans l’« après BlackRock » et estime que le Saguenay–Lac-Saint Jean devrait aussi profiter de la présence de cette usine sur son territoire et de l’important réseau développé par MBR pour créer une grappe industrielle autour du complexe de cette fonderie. C’est une vison formidable et très porteuse d’un potentiel de diversification dons la région à cruellement besoin. Bravo M. Rainville!
Mais revenons à François Legault, qui souhaite également rendre une partie des crédits d’impôt accordés aux entreprises chaque année pour la recherche et développement, conditionnelle à l’investissement du privé dans les centres de recherche et les universités régionales, ce qui augure bien pour la suite des choses et la vision de Jean Rainville.
Toutefois, au-delà des promesses et des vues de l’esprit, les décideurs régionaux devront rester à l’affut pour s’assurer, dans les mois qui viennent, que les « bottines suivront les babines » et constater si François Legault est véritablement un gars des régions…
Entretemps, toute l’équipe d’Informe Affaires souhaite de Joyeuses Fêtes et une très bonne année 2019 à ses lecteurs, annonceurs et partenaires!
* (Lire la chronique de Roger Boivin dans le mensuel Informe Affaires de d’octobre dernier)