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Karine Boivin Forcier

ROBERVAL – Le Centre de formation professionnelle du Pays-des-Bleuets a profité de la mise en place de la nouvelle mouture du programme Opération d’équipements de production pour élaborer une version intégrant formation individualisée, expérience de travail, outils numériques et machines miniaturisées novatrices. L’établissement d’enseignement souhaite ainsi répondre de façon optimale aux besoins de l’industrie.

La formule du programme du CFP du Pays-des-Bleuets, dont la première cohorte de 14 étudiants a débuté le 1er février, a d’abord été développée pour l’industrie de la transformation du bois, avec le soutien du Comité sectoriel de main-d’œuvre du bois (Formabois), mais pourra s’appliquer à d’autres types d’industries. Cette version a été conçue en formule duale, un système venu notamment d’Allemagne dans lequel plus de la moitié de la formation se déroule en entreprise, complémentée par une formation en école sur les savoirs généraux, théoriques et techniques indispensables à l’exercice du métier. Cette façon de faire permettrait une meilleure adéquation formation-emploi.

Ainsi, pour le programme du CFP du Pays-des-Bleuets, plus de 60 % du développement des compétences sera réalisé en milieu de travail, sous forme de stage rémunéré, grâce au support financier de Formabois. « C’est un programme de 870 h et les apprenants vont passer 555 h en entreprise. Les enseignants vont intervenir en entreprise aussi, valider les apprentissages avec le superviseur. Les participants sont engagés d’avance par l’entreprise. […] La formule duale, c’est quelque chose dont on va entendre parler de plus en plus dans les centres de formation professionnelle », explique le directeur du CFP, Patrice Boivin.

Des entrées en continu

L’enseignement du programme Opération d’équipements de production (volet transformation du bois) au CFP du Pays-des-Bleuets se fera également de façon individualisée, avec des entrées en continu au lieu des traditionnelles cohortes à l’automne et au printemps. Pendant la pandémie, une quinzaine d’étudiants à la fois pourront suivre le programme en même temps, ce chiffre grimpant à 22 sans les mesures sanitaires. « Les départs à date fixe, à l’automne et à l’hiver par exemple, actuellement, c’est très difficile, parce que les gens n’attendent pas très longtemps. […] Les cohortes en continu permettent aussi d’avoir des étudiants qui ont presque terminé en même temps que ceux qui commencent. Il y a une modélisation, de l’entraide qui se crée », indique M. Boivin.

Des outils numériques

Dans le but de donner la même qualité de formation et de s’adapter à cette réalité, les enseignants de ce programme au centre de formation jeannois, Jacques Girard et Claudie Painchaud, ont développé divers outils numériques. « C’est vraiment interactif. On a monté des vidéos pédagogiques pour qu’ils comprennent comment fonctionnent les machines. […] On a aussi filmé tous les postes de travail que les élèves vont avoir à opérer, directement dans les entreprises. Quand ils vont arriver en usine, ils vont avoir déjà vu ce qu’il y a à faire en détail sur vidéo. Toutes les interventions sont documentées et les vidéos sont approuvés par les entreprises. C’est une nouvelle façon d’apprendre », précise Jacques Girard.

Les enseignants ont aussi élaboré les manuels de formation pour le volet transformation du bois avec le CEMEQ, organisme qui se spécialise dans la conception et la production de matériel pédagogique pour la formation professionnelle et technique. C’est également le financement de Formabois qui a permis à l’équipe de développer le contenu pour ce volet du programme. Selon Patrice Boivin, ce mode de fonctionnement est bénéfique pour les élèves, puisqu’il leur permet d’apprendre à leur rythme. « Ça permet à l’élève de revoir les vidéos autant de fois qu’il le souhaite et d’assimiler les connaissances à son rythme. Ça offre beaucoup de flexibilité », mentionne-t-il.

Un modèle à partager

Le directeur du CFP du Pays-des-Bleuets souhaite élargir le programme à d’autres secteurs d’activités rapidement. Il évoque notamment les industries agroalimentaires et manufacturières. Le secteur de l’aluminium pourrait aussi être envisagé éventuellement, mais dans un partenariat qui reste à définir avec le CFP de Jonquière.

Des machines miniaturisées pour former des opérateurs

ROBERVAL – Le Centre de formation professionnelle (CFP) du Pays-des-Bleuets a développé des machines novatrices pour former les élèves du programme Opération d’équipements de production (volet transformation du bois). Ces machines miniaturisées comprennent toutes les composantes que les étudiants sont susceptibles de rencontrer dans leur futur emploi.

Les équipements, réalisés par Industries Bofab selon les plans développés par Dolbeau Oxygène pour l’équipe du CFP, comprennent notamment des composantes mécaniques, électriques, électroniques, pneumatiques et hydrauliques qu’on retrouve sur les machines utilisées dans l’industrie de la transformation du bois. Ils permettent aussi aux enseignants de créer des problèmes que les étudiants devront trouver et résoudre.

« Nous voulions être capables d’expliquer le fonctionnement, que les futurs opérateurs comprennent ce qu’ils font. Les machines incluent des drive, automates, encodeurs, proximity switch, etc. […] On veut que l’élève soit capable d’entrer dans l’écran s’il y a un code d’alarme et d’agir. On a même prévu des bouchons pour bloquer certains systèmes et simuler des problèmes pneumatiques », explique Jacques Girard, enseignant au programme d’Opération d’équipements de production.

Les machines devaient aussi être compactes, puisque l’espace était un enjeu. « On a réfléchi à comment faire des équipements qui seraient sécuritaires, sans danger pour nos élèves, mais qui leur permettraient de bien comprendre le fonctionnement des machines », précise l’enseignant. Ces équipements se révèlent aussi facilement transportables, ce qui constitue un autre avantage pour les formateurs qui pourraient éventuellement les installer dans une usine dans le but de former sur place plusieurs employés en même temps, si la demande des entrepreneurs le justifiait.

S’ajuster aux besoins de l’industrie

Les deux machines développées par l’équipe du CFP du Pays-des-Bleuets ont dû être approuvées par le ministère de l’Éducation, puisque le MEQ établit une liste des équipements conformes qui peuvent être utilisés pour les formations.

« On aurait pu utiliser des machines existantes, par exemple celle pour produire les palettes, mais les professeurs trouvaient qu’elles étaient trop linéaires. Il y aurait eu des apprentissages manquants. On voulait un équipement plus proche des besoins de l’industrie », indique le directeur du Centre de formation professionnelle du Pays-des-Bleuets, Patrice Boivin.

Un partenariat régional

C’est à la suite d’un appel d’offres que la firme Dolbeau Oxygène a été sélectionnée pour concevoir les plans selon les directives de l’équipe d’enseignants, composée de M. Girard et de Claudie Painchaud. Un autre appel d’offres a permis le choix de la soumission déposée par Industries Bofab pour la fabrication des deux machines.

Le président de l’entreprise, Daniel Tremblay, et la directrice générale, Audrey Boily, ont été enthousiasmés par le projet, qu’ils jugent vraiment intéressant pour la relève dans l’industrie du bois. L’entreprise possède, en outre, une vaste expertise dans les équipements destinés à cette industrie, d’où proviennent plusieurs de ses clients. « Les équipements, c’est notre spécialité. On en a fait beaucoup pour les scieries, on avait l’expertise pour le faire », lance M. Tremblay.

Des équipements clés en main

Le président ajoute qu’Industries Bofab possède toutes les ressources humaines et matérielles sur place pour créer les machines demandées par le CFP du Pays-des-Bleuets. Industries Bofab compte sur une équipe de 30 à 40 employés. Plusieurs d’entre eux, notamment dans les départements de mécanique, soudure, machinage et hydraulique, ont contribué à la création des deux équipements. « Grâce à notre équipe, on est capable de faire n’importe quelle machine selon les besoins de nos clients. Tout est fait ici. On a quelqu’un pour la programmation, des machinistes, des mécaniciens. L’hydraulique a été faite ici aussi, même la peinture. C’est un vrai service clés en main, on ne fait pas affaire avec trois ou quatre sous-traitants », mentionne-t-il.

Cet aspect s’est d’ailleurs révélé un atout pour le projet du CFP, si l’on en croit Jacques Girard. L’enseignant considère que le fait d’avoir les employés qualifiés pour toutes les étapes du projet directement sur place est facilitant, puisque cela permet d’avoir une réponse rapide aux questions ou de régler les problèmes sans attendre. « On a été très content de faire affaire avec eux. C’est vraiment intégré, c’est un plus pour nous », souligne-t-il.

Les dirigeants d’Industrie Bofab croient que ce projet aura de belles retombées pour le centre de formation professionnelle et la région, mais également pour leur entreprise. En effet, l’établissement d’enseignement travaille en concertation avec d’autres CFP qui offrent le programme et son approche les intéresse. « On pense que d’autres gestionnaires de CFP auront un intérêt. On s’attend à avoir d’autres commandes », croit Daniel Tremblay.

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