SAGUENAY – Le 8 mars dernier clôturait la dernière année du programme Leadership au féminin. Après trois ans à outiller les femmes dans le milieu des affaires, le programme de la Chambre de commerce et d’industrie Saguenay-Le Fjord (CCISF) réapparaîtra dans le futur, sous un autre angle.
« Je m’étais donné l’objectif de réaliser le projet trois années consécutives. Leadership au féminin se réinvente annuellement et cette année, c’était pour la dernière fois. On va revenir, mais sous une nouvelle forme, car nos objectifs se sont tous réalisés », souligne Sandra Rossignol, présidente- directrice générale de la CCISF.
Mme Rossignol a mis sur pied ce projet au Saguenay–Lac-Saint-Jean il y a trois ans, après avoir constaté que le domaine de la gestion était beaucoup plus favorable aux hommes. « Le premier gala que j’ai organisé en tant que PDG à la CCISF, c’était le quinzième anniversaire du gala des Dubuc. Nous mettions en valeur quinze personnalités qui avaient marqué l’histoire économique de la région. Ce sont seulement des hommes qui sont montés sur la scène. Je le savais que le monde des affaires était un monde d’hommes, mais à ce moment-là, j’ai eu une révélation », a-t-elle expliqué.
Le programme a été créé à Québec, mais revisité de A à Z après que les droits aient été achetés par la CCISF. Des modèles de leaders féminins de la région ont participé dès le début au projet afin de donner une couleur plus saguenéenne au programme. « Je me suis posé la question : comment faire pour aider les femmes à avancer dans le monde des affaires? La gent féminine était encore, à ce moment-là, minoritaire dans la plupart des volets. J’avais envie de faire quelque chose à ma façon, je voulais aller plus loin que de simples formations ou réseautages. Je voulais un véritable changement. Ça prenait de vrais outils pour permettre aux femmes de se développer en gestion, de se faire confiance en matière de leadership et de réussir à se lancer dans ce milieu. »
Contribution à la société
Selon Mme Rossignol, le programme amènera sur le marché des affaires des femmes plus confiantes et mieux outillées en matière d’économie. « C’est notre contribution à la société parce que ce n’est pas payant en matière de sous. On a une ressource durant l’année juste attitrée au programme, mais je suis fière de ce qu’on a accompli depuis les dernières années. Ce sont 60 femmes qui ont participé au programme depuis le début et 50 ambassadrices qui les ont supportées tout au long du processus. Les femmes repartent avec un bagage économique et un réseau de contacts important. »
Malgré le soutien que le programme reçoit depuis les dernières années, la charge de travail demeure énorme pour un projet de la sorte. « C’est unique. Il n’y a rien au Québec qui offre quelque chose comme ça, même la Chambre de Commerce de Québec n’offre plus ce programme-là parce que c’est trop de travail. C’est toutes les deux semaines pendant six mois à des endroits différents. On n’a tout de même plusieurs partenaires financiers qui sont là pour nous soutenir; Investissement Québec, le ministère de l’Économie et autres », ajoute la créatrice de Leadership au féminin.
La gestionnaire féminine en 2023
La présidente et directrice de la CCISF affirme que les opportunités pour les femmes sont présentes dans le milieu de la gestion et encore davantage depuis la pandémie. Ce qui fait que le pourcentage de femmes gestionnaires est encore aussi bas, c’est la vision qu’elles ont d’elles-mêmes.
« On ne se fait pas assez confiance, on a le syndrome de l’imposteur et on se met nos propres barrières alors qu’on possède les qualifications. C’est une beauté de voir des femmes dans ce domaine-là. Je fais partie d’un groupe de 180 femmes qui militent pour la féminisation du leadership et les femmes ont souvent des qualités de leader innées. Elles ont tendance à avoir plus de proximité, de bienveillance et de sensibilité que les hommes », confie Sandra Rossignol.
Selon une étude réalisée par Moody’s Analytics, la place de la femme en gestion a augmenté quelque peu en 2023. Les femmes occuperaient maintenant, en moyenne 30 % des sièges des conseils d’administration. Malgré la hausse de 4 % comparativement à 2022, Sandra Rossignol considère qu’il reste du chemin à parcourir. « C’est un monde d’hommes encore et être une femme leader dans un milieu comme celui-ci est une difficulté supplémentaire. On a toujours l’impression de prendre trop de place, de se faire juger et de devoir se prouver davantage. J’entends des commentaires négatifs, même provenant de femmes. Il faut que l’on continue et qu’on ne lâche pas, mais c’est important de se supporter, surtout entre femmes », affirme-t-elle.