Auteur

Karine Boivin Forcier

Dans le cadre du Mois du mentorat, en janvier, Informe Affaires a choisi de réaliser un dossier sur le sujet. Nous espérons que cette lecture vous permettra de mieux connaître ce service et les bénéfices qu’il apporte aux mentorés.

SAGUENAY – Le mentorat pour les entrepreneurs est un service qui a fait ses preuves. En effet, deux fois plus de propriétaires de PME mentorés franchissent les cinq ans d’existence par rapport à ceux qui ne profitent pas de cet accompagnement, selon les chiffres répertoriés par le Réseau Mentorat en 2016.

Chez Promotion Saguenay, les dirigeants sont convaincus des bénéfices du service, au point qu’ils ont choisi de dédier une ressource à temps plein à la gestion et au développement de la cellule de mentorat. Il s’agit d’une décision encore rare au sein des organismes affiliés au Réseau Mentorat. « Nous y croyons réellement. Nous avons voulu nous doter d’une structure solide pour pousser ce service », explique le directeur du service aux entreprises, André Blackburn.

Que l’entreprise aille bien ou non, et peu importe où en est l’entrepreneur dans son parcours, le mentorat peut être pertinent. « On s’intéresse à l’humain plutôt qu’à l’entreprise. On s’intéresse à ce qu’il vit dans son organisation. Il peut avoir besoin de parler à quelqu’un, de ventiler, d’avoir une meilleure vue d’ensemble. Il peut sentir de l’isolement en tant que gestionnaire ou manquer de temps pour se centrer. Avec le mentorat, on s’impose un temps d’arrêt avec quelqu’un qui est passé par là, qui a de l’expérience et qui a vécu des revers ou des échecs aussi bien que des succès », résume Émilie Lachance, conseillère aux entreprises et responsable du mentorat à Promotion Saguenay.

Les avantages pour le mentoré sont nombreux : augmentation de la confiance en ses capacités, clarification de la vision entrepreneuriale, meilleure gestion du stress, accroissement des compétences en ressources humaines, meilleure planification, et gestion des priorités ainsi que meilleure conciliation travail-famille. « Ça permet de briser la solitude, de jaser et de se confier à quelqu’un qui est neutre, mais qui a vécu le parcours entrepreneurial. Il ne s’agit pas de se faire dire quoi faire, mais plutôt d’avoir une oreille attentive et de se faire challenger sur des éléments auxquels on n’aurait pas pensé », indique Kathleen Voyer, directrice générale de la Chambre de commerce et d’industrie Lac-Saint-Jean-Est (CCILSJE), organisme responsable de la cellule de mentorat de ce territoire depuis plus de 10 ans.

Objectivité

L’objectivité et la confidentialité sont au cœur de la relation entre un mentor et un mentoré. « C’est une relation ouverte, d’égal à égal. C’est vraiment sans jugement », rappelle Mme Lachance.

D’ailleurs, le mentor ne doit jamais provenir du même domaine que le mentoré. « La richesse de la relation se trouve dans la diversité. Quand on jumelle deux personnes du même secteur, on tombe vite dans le savoir-faire. La diversité assure une meilleure objectivité et permet de rester dans l’humain », ajoute-t-elle.

Compatibilité

Lorsqu’un entrepreneur contacte l’une ou l’autre des cellules de mentorat régionales pour devenir mentoré, les responsables discutent avec lui de ses enjeux et de ses besoins. Elles vont aussi discuter de ce qu’il recherche chez un mentor. Il faut s’assurer que les personnalités soient compatibles, que le mentoré se sente inspiré et en confiance.

« On fait une première rencontre de jumelage supervisée, à laquelle j’assiste et j’invite nos chefs mentors. Chacun parle de son parcours, de ses enjeux, etc. Je me retire après une trentaine de minutes pour les laisser discuter. Ensuite, je fais un suivi pour m’assurer que tout fonctionne bien », précise Émilie Lachance. Même modus operandi du côté de la cellule d’Alma. « Je dirais que 99 % du temps, ça clique bien dès la première fois. Nous avons une belle équipe de mentors qui, mentionnons-le, sont bénévoles », renchérit Mme Voyer.

La fréquence des rencontres ainsi que leur lieu et leur forme sont à la discrétion du duo. « Idéalement, on recommande au moins une fois par mois pour garder le contact et se tenir à jour. L’important, c’est que ce soit dans un endroit neutre. C’est essentiel de prendre le temps d’arrêt », suggère Mme Lachance. Selon la directrice générale de la CCILSJE, les jumelages durent en moyenne de 12 à 18 mois.

Pour la relève

Les responsables des cellules de mentorat régionales estiment que le mentorat peut présenter un intérêt particulier dans le cas des relèves d’entreprise. Pour le repreneur, évidemment, cela permet de partager ce qu’il vit avec une personne externe à la transaction.

Par ailleurs, pour les cédants, un mentor peut aussi être un atout dans la transition. « Quand ils pensent à prendre leur retraite, il y a toute une série d’épreuves qu’ils traversent. Ils doivent lâcher prise, faire un deuil aussi. Ils peuvent se sentir isolés. Oui, les cédants ont de l’expérience, mais cette situation-là est nouvelle pour eux. Ils peuvent être accompagnés là-dedans par un mentor. […] C’est très bouleversant de céder une entreprise qu’on opère depuis 25 ou 30 ans. De pouvoir décanter avec un mentor, en parler librement, c’est très riche », concluent Émilie Lachance et André Blackburn.

Mentionnons que Promotion Saguenay et la CCILSJE sont membres du Réseau Mentorat. L’organisme a été mis sur pied en 2000 par la Fondation de l’entrepreneurship. Il constitue une communauté d’accompagnement d’entrepreneurs et focalise ses ressources vers le développement d’outils et de programmes pour soutenir le mentorat.

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