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Carol Néron

SAGUENAY ─ Le coordonnateur du Comité de maximisation des retombées économiques régionales (CMAX), Guy Bouchard, estime à plus de 5 milliards de dollars les projets à caractère public et privé qui seront réalisés d'ici 2033 au Saguenay–Lac-Saint-Jean ou qui feront l'objet de mises à niveau annuelles. "Une véritable Baie James attend la région", image-t-il.

"Il s'agit d'un montant d'investissements historique pour la région. Il faut tout mettre en œuvre, dit-il, pour que nos entrepreneurs profitent de cette manne." Rien que pour les principaux projets, la liste dressée par Guy Bouchard est impressionnante. À Port Saguenay, elle fait état de l'installation d'un convoyeur électrique (80 millions $), du prolongement du Quai Marcel-Dionne (92 millions $) et de l'aménagement de terrains industriels avec services (105 millions $).

Les autres investissements privés prévus pour être réalisés dans la région sont les suivants : construction du Centre de billettes à l'Usine Alma, propriété de Rio Tinto (300 millions $) ; agrandissement de l'Usine AP60 de RT (1,4 milliard $) ; four de refonte de Jonquière (35 millions $),  le projet Elysis (en planification); et, sur une base annuelle, les mises à niveau et l'entretien des installations de la multinationale (environ 350 millions $).

Investissements publics majeurs

En ce qui concerne les projets financés par Québec et Ottawa, la liste fait état de la construction du Bloc opératoire à l'Hôpital de Chicoutimi (500 millions $) et des travaux prévus au Centre de réadaptation de l'Hôpital de Jonquière (en planification) auxquels il faut ajouter ceux de 70,3 millions déjà autorisés à l'Hôpital de Dolbeau-Mistassini. Il faut aussi tenir compte du prolongement de la route 170 vers Alma à partir de Saint-Bruno (en planification) et celui de l'autoroute de l'Aluminium en direction de La Baie (306 millions $). Les travaux annuels du ministère des transports et de la Mobilité durable (MTMD) pour la mise à niveau du réseau routier régional sont estimés à 250 millions $ annuellement.

Hydro-Québec n'est pas en reste avec la construction d'un poste de 25 kV pour desservir les installations de Bagotville. La société d'État prévoit également un raccordement avec les Serres Toundra en plus de ses projets et de ses mises à niveau annuelles dans les centrales du Nord-du-Québec. Par ailleurs, le plan stratégique de décarbonation, présenté récemment par HQ, prévoit des investissements globaux de 185 G$, qui auront certainement des retombées importantes pour la région.

Du côté fédéral, la liste comprend des travaux d’infrastructures à être réalisés à la Base militaire de Bagotville (BFC), soit la construction du quartier général de la 2e Escadre celle du hangar qui accueillera les futurs F-35 ainsi que le projet rattaché à la nouvelle Zone d’alerte. D’autres travaux de support et d’infrastructures sont prévus ce qui pourrait générer des investissements totaux de plus de 1 G $, à la BFC de Bagotville.

Dans la région voisine, le coordonnateur du CMAX est certain que le Saguenay–Lac-Saint-Jean peut tirer son épingle du jeu dans le projet de modernisation du chantier naval de la Davie (800 millions $) et la construction des futurs brise-glace polaires (8,5 milliards $).

La BDE02, un outil précieux et unique

L'un des outils qui peut les aider, ainsi que l'ensemble de la région à atteindre cet objectif, est la Banque de données des entreprises (BDE02). Cet outil unique au Québec permet notamment d'informer les promoteurs et donneurs d'ordre du potentiel entrepreneurial et de l'expertise régionale dans tous les secteurs de l'économie.

"Nos agentes au recensement des entreprises, Johanne Bolduc et Audrey Thibault, effectuent une mise à jour quotidienne des entreprises et des services qu'elles mettent à la disposition des donneurs d'ouvrage. C'est un travail exigeant et difficile. Les gestionnaires contactés pour répondre aux questions ne se rendent pas toujours compte de l'importance de la précision de la cueillette de ces informations qui servent en quelque sorte à informer les donneurs d'ordre de leur existence et de leur champ d'activité."

"La BDE02 contient d'ailleurs des informations précieuses, notamment le nombre d'employés et le domaine d'activité de ceux-ci qui s'appuie sur le Classification nationale des professions (CNP). Près de 9000 entreprises de la région sont répertoriées dans cette Banque de données. Une entreprise de l'extérieur qui répond à un appel d'offre dans la région et qui est la recherche d'une main-d'œuvre locale compétente et expérimentée ne peut se passer d'un tel service. Nous sommes possiblement la seule région à posséder une base de données aussi complète."

Le CMAX et les grands donneurs d'ordres | Une relation basée sur la confiance

SAGUENAY ─ Le Comité de maximisation des retombées économiques régionales (CMAX) a été mis en place lors de l'annonce, à la fin des années 90, de la construction de l'usine Alcan, à Alma, pour assurer un maximum de contrats pour les entrepreneurs régionaux. Au fil des ans un constat important s'est dessiné : l'importance d'être en collaboration constante et étroite avec les promoteurs et donneurs d'ordres.

Le défi est important et la relation de confiance entre le coordonnateur du CMAX et les gestionnaires des projets a toujours été primordiale. Au fil des ans et en regard des différents projets qui se sont développés chez nous ou au Nord du Québec, le besoin de la création d'une banque de données des entreprises (BDE02) s'est imposé, pour soutenir cette relation unique. Notamment parce que les donneurs d'ordres et décideurs de l'extérieur ont besoin de connaître le potentiel de sous-traitance des régions dans lesquelles ils réalisent des projets.

" Une des tâches importantes du coordonnateur du CMAX est d'assurer une vigie des projets publics et privés et de permettre aux entrepreneurs régionaux, par le biais de la BDE02, d'avoir de l'information sur les appels d'offres ", explique le maximisateur actuel, Guy Bouchard. Celui-ci se donne aussi comme mission de discuter avec les donneurs d'ordres ou promoteurs pour, non seulement les informer de l'expertise régionale, mais de bien comprendre leurs enjeux et besoins.

Faire circuler l'information

" En résumé, mon rôle, ajoute Guy Bouchard, est d'être un peu le chien de garde et de démontrer que nos entrepreneurs et leurs équipes sont disponibles, que nous disposons de tous les outils nécessaires, notamment des fournisseurs compétents, qui faciliteront la réalisation de grands projets dans les délais voulus. Mentionnons que le contexte économique a grandement évolué dans les dernières années. Nous sommes passés d'une époque où les entrepreneurs s'arrachaient les contrats qui étaient plus rares, alors qu'aujourd'hui ils sont en mesure de choisir leurs clients. Nous sommes vraiment sur une autre planète. "

Dans cette conjoncture unique où la région connaîtra une période très intense au chapitre du développement économique dans les 10 prochaines années, je me suis donné comme objectif de resserrer encore mes relations avec les donneurs d'ordres ou promoteurs pour faire circuler l'information sur les projets des uns et des autres. Le but est d'identifier les goulots d'étranglement (main-d'œuvre, transport, habitation, etc.) que le déploiement de projets amènera dans son sillage.

En somme, il faut éviter que les grands projets régionaux se retrouvent trop en compétition ou au ralenti faute de n'avoir pas pu voir venir les enjeux qui en découlent. "À terme, cela permettra, j'en suis convaincu, de permettre à nos entreprises d'obtenir davantage de retombées de ces investissements publics ou privés. Dans cette période unique et stimulante pour la région, j'aime à penser que je suis un facilitateur ou une courroie de transmission qui permet aux acteurs des chaînes de valeur de notre économie de se connecter plus facilement et de créer davantage de richesse chez nous ".

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