SAGUENAY – La minière Arianne Phosphate souhaite construire une usine d’acide phosphorique purifié pour le marché des batteries lithium-fer-phosphate (LFP) dans la zone industrialo-portuaire de Saguenay. Elle a annoncé hier avoir entrepris une étude de préfaisabilité en ce sens.
Arianne Phosphate, qui développe un projet de mine d’apatite (phosphate) au Lac à Paul, veut ainsi poursuivre son intégration verticale afin d’aller au-delà de la production et de la vente de concentré.
Le chef des opérations de la minière, Raphaël Gaudreault, estime qu’il s’agit d’un projet à fort potentiel pour l’entreprise. « Basé sur la qualité et la haute pureté de notre concentré, je pense que ça nous donne un avantage pour la production d’acide phosphorique purifié (APP). Notre teneur en phosphate est substantiellement plus élevée que celle de la moyenne des gisements mondiaux et nous avons moins de contaminants. Nous pourrions donc produire plus d’APP », indique-t-il.
Demande en hausse
L’acide phosphorique purifié constitue un ingrédient important des batteries LFP et sa demande est en hausse en raison de la croissance de l’utilisation de ces batteries dans les automobiles électriques. Par ailleurs, l’offre de cet acide est actuellement limitée, en particulier en dehors de la Chine, qui produit 90 % de toutes les batteries LFP au monde.
« C’est un marché qui est porté à se développer beaucoup. Nous prévoyons qu’il y aura des besoins supplémentaires d’acide phosphorique purifié d’environ un million de tonnes par année », explique M. Gaudreault.
Plus grand producteur occidental
La construction d’une usine d’acide phosphorique purifié (APP) permettrait donc à la minière bénéficier d’une économie considérablement améliorée. Selon les plans actuels, celle-ci produirait 350 000 tonnes d’APP de qualité batterie annuellement, ce qui en ferait le plus grand producteur d’APP à l’extérieur de la Chine.
L'installation produirait également plus de 200 000 tonnes d'acide phosphorique secondaire de qualité supérieure utilisé pour les aliments pour animaux et les engrais spécialisés. La minière estime qu’en raison des fermetures prévues en Amérique du Nord et en Europe, ce marché secondaire sera largement sous-exploité et offrira des opportunités économiques supplémentaires.
Étant située sur la zone industrialo-portuaire de Saguenay, l’usine aurait facilement accès à tous les marchés émergents des batteries, tant en Amérique du Nord qu’en Europe, par voie maritime ou ferroviaire. « La région offre l’accès à une main-d’œuvre qualifiée, à des infrastructures de pointe, notamment portuaires, ferroviaires et hydroélectriques », ajoute Raphaël Gaudreault, qui estime que le projet serait aussi bénéfique pour le Saguenay–Lac-Saint-Jean et le Québec.
L’étude de préfaisabilité se penchera sur les technologies, les coûts d’opération et les coûts de construction de l’usine. Ses résultats sont attendus au printemps.
Minéraux critiques
Rappelons que le phosphate a été reconnu la semaine dernière dans la liste des minéraux critiques et stratégiques du Québec. Ce statut permettra au projet d’Arianne Phosphate de bénéficier des incitations économiques prévues par divers programmes gouvernementaux.
La révision de la Liste des minéraux critiques canadienne, d’abord prévue en 2023, est attendue cette année. Le député de Jonquière, Mario Simard, qui a qualifié le projet d’usine d’Arianne Phosphate « d’opportunité exceptionnelle de développement pour la région », s’est d’ailleurs engagé à demander un échéancier clair pour la mise à jour de cette liste.
« Le phosphate répond à l’ensemble des critères pour être reconnu comme minéral critique. Je vais donc demander au ministre de nous fournir un échéancier clair sur l’ouverture de la liste. Sa reconnaissance par le Canada permettrait notamment à l’entreprise d’avoir accès au soutien financier des programmes de la stratégie canadienne sur les différents minéraux critiques. D’autant plus qu’elle contribuerait à la dynamisation de la zone industrialo-portuaire de Saguenay en permettant d’attirer de nouveaux joueurs dans la région », a affirmé M. Simard par voie de communiqué.