Incontestablement, Métaux BlackRock est en mode séduction. Les signes ne trompent pas. Ouverture d’un bureau à Saguenay avant les Fêtes, rencontre éditoriale avec Informe Affaires en décembre, conférences d’information avec les chambres de commerce régionales en janvier, Jean Rainville et son équipe mettent les bouchées doubles pour présenter et expliquer leur projet de fonderie à Saguenay, dont ils espèrent commencer les travaux de construction à l’automne.
Je leur souhaite vivement de réussir, l’économie régionale en a bien besoin. En s’adressant prioritairement aux gens d’affaires et décideurs, ils veulent mettre la table et s’assurer que les formidables retombées potentielles du projet pour notre région soient bien comprises. Bien entendu un accueil favorable du projet par la communauté économique ne nuira certainement pas à la démarche de MBR auprès des commissaires du BAPE, qui devraient se pencher sur le dossier de l’entreprise ce printemps.
Mais les gens de Métaux BlackRock veulent également que les entrepreneurs régionaux se tiennent prêts à proposer leurs expertises, leurs produits ou services pour qu’ils puissent profiter largement des retombées de cet important projet. Bien entendu, le fait pour MBR de pouvoir compter sur une grappe de fournisseurs dans la région constitue un avantage certain pour assurer la livraison des usines projetées dans les délais prescrits.
D’ailleurs, au cours de l’entrevue qu’ils ont accordée à Informe Affaires, Jean Rainville et David Dufour, ont été très clairs relativement aux retombées économiques du complexe de Grande-Anse. Ils s’engagent à faire en sorte qu’un maximum d’entreprises du Saguenay–Lac-Saint-Jean profite de contrats liés à la livraison des installations régionales de Métaux BlackRock.
Toutefois, malgré cette belle volonté des acteurs régionaux de MBR, nos décideurs devront être vigilants et faire leurs devoirs pour s’assurer que cette manne potentielle profite à nos PME. Même si l’économie du Québec vit une embellie, l’intérêt des fournisseurs hors région pour les grands projets est toujours très présent. Par ailleurs, les grands donneurs d’ordre comme Rio Tinto ou Métaux BlackRock sont souvent tentés de réduire au minimum leur volume de fournisseurs.
Le meilleur rempart pour permettre à la région de tirer son épingle du jeu des investissements qui sont prévus au cours des prochaines années dans la région demeure le repositionnement du Comité de maximisation des retombées des grands travaux (CMAX). Créé en 2005 par la défunte CRÉ, cet outil unique a largement fait la preuve de sa pertinence et de son impact pour doper l’économie régionale, au cours des vingt dernières années. En particulier pour les projets d’investissements de Rio Tinto et d’Hydro-Québec, qui ont vu leurs importants contrats être largement morcelés au bénéfice des fournisseurs du Saguenay–Lac-Saint-Jean.
Même si, faute de projet majeur, le CMAX fonctionne aujourd’hui au ralenti, son expertise et ses outils sont toujours accessibles à la communauté régionale. Métaux BlackRock propose certainement un projet d’envergure, mais je reste convaincu que d’autres annonces d’investissement se profilent à l’horizon. Pour Rio Tinto, Arianne Phosphate et qui sait, peut-être GNL. Dans ce contexte, la région doit impérativement et dès maintenant, s’assurer de restaurer à cent pour cent la mission et le mandat du CMAX, qui sera notre chien de garde pour faciliter l’obtention de contrats pour nos PME.
C’est d’ailleurs une des principales recommandations du Groupe de travail Mines et métaux, un des dix comités issus du Sommet économique de 2015, qui a déposé son rapport au printemps dernier.