SAGUENAY – Arianne Phosphate effectuera au cours des cinq prochains mois une étude de préfaisabilité pour la construction d’une usine d’acide phosphorique à Belledune, au Nouveau-Brunswick. Elle vient d’annoncer [09-08-2017 NDLR] la signature d’une entente avec le gouvernement néo-brunswickois, qui contribuera financièrement au coût de cette étude, évalué à 675 00 $, par le biais d’Opportunités Nouveau-Brunswick (ONB).
L’étude de préfaisabilité est la prochaine étape. « On va, avec notre fournisseur de technologie, qui est une technologie belge, travailler avec eux, avec New-Brunswick Power, Port de Belledune et une firme locale d’ingénierie, Stantec […] pour avoir une bonne idée des impacts et du potentiel réel de cette usine », explique le chef des opérations de la minière, Jean-Sébastien David.
L’entreprise de Saguenay acheminera également 600 kg de concentré de phosphate provenant du site du Lac-à-Paul en Belgique afin de procéder à des tests de production d’acide phosphorique. Ces tests permettront de connaître les équipements qui seront nécessaires pour une production à grande échelle, de les chiffrer et de tester la qualité du produit. « Nous testerons aussi la qualité de notre rejet, le gypse. S’il est de bonne qualité, il y a un marché pour ça. Nous allons tester ce marché », indique M. David.
Rappelons qu’Arianne Phosphate avait annoncé, la semaine dernière, qu’elle approfondissait son évaluation pour l’implantation d’une usine d’acide phosphorique. Une telle installation représenterait un débouché de plus pour le minerai qu’elle compte produire à sa mine du Lac-à-Paul, au Saguenay–Lac-Saint-Jean, sans que 100 % de la production y soit envoyée. Cela permettrait à Arianne Phosphate de capturer une marge de profits supplémentaire. « On ne met pas tous nos œufs dans le même panier. […] Ce sont deux marchés différents et on pourrait jouer les deux marchés », précise le chef des opérations.
Avantages très forts
Selon le chef des opérations, la minière a évalué plusieurs sites potentiels au Québec, aux États-Unis et dans l’Ouest canadien, mais celui de Belledune ressortait clairement du lot. « Il a des avantages très forts, c’est pour ça qu’on va de l’avant pour pousser plus loin. […] D’abord, ils ont des installations portuaires de premier niveau et ils sont prêts à nous recevoir. […] On a besoin d’énergie, et il y a une usine thermique voisine du terrain qu’on regarde. De l’autre côté, il y a une fonderie dont le sous-produit est de l’acide sulfurique [essentiel à la production d’acide phosphorique NDLR], donc qui pourra être une partie de notre approvisionnement », souligne Jean-Sébastien David. La grandeur du terrain disponible, de même qu’une proposition pour un bâtiment existant, qui va faire partie de l’évaluation, ont aussi fait pencher la balance.
Mentionnons que la fonderie jouxtant le terrain potentiel de l’usine d’acide phosphorique projetée appartient à la compagnie avec laquelle Arianne Phosphate a conclu le protocole d’entente pour l’approvisionnement en acide sulfurique, annoncé la semaine dernière. Cette entreprise est l’un des plus grands distributeurs d’acide sulfurique au monde et possède plusieurs autres usines dans d’autres pays. « Notre approvisionnement est donc sécurisé pour du long terme », affirme le chef des opérations.
Conjoncture économique favorable
Selon M. David, la conjoncture économique actuelle est favorable, tant au projet de mine du Lac-à-Paul qu’à celui d’usine d’acide phosphorique. « Le prix a vraiment augmenté dans les derniers six à huit mois pour revenir à la normale. […] Il y a un intérêt. On s’aperçoit qu’il y a des clients potentiels », mentionne-t-il. Il explique que le Maroc est de plus en plus fort sur le marché, ce qui inquiète des clients, qui veulent diversifier leurs sources d’approvisionnement, ce qu’un nouveau jouer comme Arianne Phosphate peut permettre.
Par ailleurs, le prix du concentré de phosphate devrait également augmenter dans les prochaines années, puisque l’offre est désormais plus restreinte. Depuis le début de l’année, le prix du phosphate est déjà en hausse de 25 % et, selon les principaux observateurs du marché, cela devrait se poursuivre. La minière saguenéenne profiterait ainsi de cette opportunité. S’il reste encore quelques questions de financement à régler avant la première pelletée de terre à la mine du Lac-à-Paul, Jean-Sébastien David est confiant et il souhaite pouvoir annoncer de bonnes nouvelles en septembre.