Dominique Savard
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Dominique Savard

SAGUENAY – Fondé en 1986 par Gérald Perrier, Groupe-conseil Perrier se spécialise en santé-sécurité. La société a vu le jour à Chicoutimi et ses services de prévention, formation ainsi que son expertise rayonnent sur tous les continents, dans quelque 70 pays et dans une quinzaine de langues.

Le président-fondateur est natif de Valleyfield et il est arrivé au Saguenay en 1980 pour enseigner en Technique de prévention au Cégep de Jonquière. « Je n’ai pas enseigné longtemps auprès des jeunes, ayant été dirigé aux adultes et aux entreprises. Tout cela dans le contexte de la nouvelle Loi québécoise en Santé et sécurité au travail. Pendant six ans, j’ai parcouru le Québec pour le Cégep et je me suis bâti un réseau dans l’industrie. C’est alors que j’ai découvert que je voulais faire autre chose que de la formation. J’avais un penchant pour la consultation et c’est là que j’ai démarré le Groupe-conseil Perrier, démissionnant du Cégep en décembre 1985. Au bout de deux ans, j’avais huit conseillers à temps plein et on avait beaucoup de travail à aider des entreprises régionales comme Alcan, les papetières, scieries, etc. », raconte M. Perrier en ajoutant que sa femme et lui ont vite adopté la région.

C’est en 1991 que l’entreprise chicoutimienne a obtenu son premier contrat majeur à l’échelle canadienne avec le groupe Pratt & Whitney. Celui-ci donne la mission au Groupe-conseil Perrier de réduire les accidents à travers toutes les usines du Canada. Bombardier a suivi et beaucoup de travail s’est ajouté avec des compagnies québécoises qui avaient des opérations à travers le Canada.

Approche universelle

Au début des années 2000, après un séjour de deux ans à l’Université de la Sorbonne à Paris afin de se perfectionner en Santé sécurité au travail. M. Perrier a alors commencé à promouvoir une autre approche « universelle » qui pouvait intéresser les entreprises un peu partout dans le monde. On voyait qu’il y avait une globalisation qui s’installait. J’ai eu la chance de relever ce défi avec quelques entreprises dont Alcan qui venait d’acquérir les sociétés Algroup en Suisse et Pechiney en France. Vers 2008, il y avait une quarantaine de pays où l’on a aidé des entreprises à réduire les accidents de travail. C’est dur à expliquer. Tu acceptes un premier mandat où un client nous dit qu’elle a 15 usines et ça nous procure du travail du même coup dans huit pays. Il faut alors réagir rapidement. On accepte le boulot en demandant un délai de quelques mois et on trouve des partenaires qui parlent la langue du pays concerné », explique l’homme d’affaires.

Rayonner à partir de Chicoutimi ?

Pourquoi s’intéresser à une petite firme de Chicoutimi qui compte un petit groupe d’une quarantaine d’employés se demanderont bien des gens. « La SST, c’est avant tout une question de culture, de comportements et de leadership d’entreprise. Depuis le premier jour, nous adaptons nos services, conseils et formation à la culture des organisations, des régions et des pays où nous sommes appelés en renfort. De plus, les grosses compagnies mondiales avec des sièges sociaux ne veulent pas se soucier de magasiner des consultants. Ils tentent de trouver une organisation qui a une expertise et les effectifs pour les aider partout dans le monde. Nous avons de beaux exemples avec les multinationales comme ABB, Sanofi, Velia et Thales. Ce sont des groupes dont les effectifs varient de 100 000 à 150 000 travailleurs dans le monde. Ça fait peur au départ quand ils désirent travailler avec nous. Il faut trouver les bons joueurs et il arrive que nous ayons des semaines où nous devons avoir des intervenants dans 10 pays en même temps », précise-t-il.

Garder le siège social au Saguenay

Gérald Perrier avoue qu’il a toujours été passionné par la planète, le monde et les voyages. Aider un pays où la santé et sécurité ne vont pas bien, ça le fascine.

« Comme présentement, nous avons beaucoup de travail en Inde. Il y a des parties du pays où ça ne va pas bien, mais on réussit à trouver des solutions. Nous avons toujours 15 à 20 défis qui roulent à travers le monde. J’ai une très belle équipe. J’ai des leaders en Europe, en Asie, au Canada évidemment, et c’est ce qui fait notre réussite. Et j’insiste pour que notre petite firme garde son siège social à Chicoutimi, même si j’avoue qu’il y a eu plusieurs bonnes raisons pour bouger vers Montréal et ailleurs. J’ai toujours dit qu’on va rester ici. J’y vis et pourquoi on bougerait alors que dans notre métier, on n’a pas besoin d’avoir des bureaux officiels avec pignon sur rue dans toutes les grandes villes du monde ? », laisse tomber Gérald Perrier qui, en plus du siège social sur la rue du Séminaire, compte un bureau satellite en France dirigé par le vice-président et associé Olivier Leroux, ainsi qu’un autre en banlieue de Porto au Portugal, en plus de nombreux partenaires sous-traitants installés un peu partout sur la planète, notamment en Chine et en Allemagne.

Soulignons que Perrier Groupe-conseil a mérité le titre de la PME de la semaine du Journal Les Affaires le 24 août dernier ainsi que le prix « Diversification de marchés » lors du Gala régional MercadOr le 10 octobre.

Gérald Perrier prépare son équipe de relève

Lentement mais sûrement, Gérald Perrier prépare son équipe de relève, notamment avec sa fille Myriam, conseillère associée et leader en marketing, Olivier Leroux, vice-président associé, et Guillaume Bergeron Cleary, directeur associé Systèmes de prévention.

« Ma fille et moi avons suivi un cours de préparation, mais ce ne fut pas concluant. Je me suis assis par la suite avec mes alliés que sont mon notaire, fiscaliste et comptable et nous avons construit ensemble un plan de relève. J’ai aussi démarré une nouvelle division « Perrier système de prévention » en janvier dernier impliquant Guillaume Cleary Bergeron, un ancien inspecteur de la CNESST qui n’est âgé que de 35 ans. On fait revivre ainsi la mise en œuvre des systèmes techniques en prévention. Une expertise qu’on avait mis de côté depuis quelques années parce qu’on était très accaparé par le leadership, la culture et le comportement. On est content, car Guillaume et sa division font partie de mon plan de relève tout comme mon vice-président et responsable de l’Europe, Olivier Leroux. Les trois sont solides et représentent un bon mélange avec la jeunesse et l’expérience », mentionne le président-directeur général Gérald Perrier.

De PDG à mentor

Âgé de 63 ans, M. Perrier avoue qu’il a encore la flamme sacrée. « Quand les jeunes veulent encore des fondateurs comme moi, on peut ralentir tout en demeurant actif. Dans mon plan de relève, je vais passer d’ici deux à trois ans, de PDG à mentor. Comme j’ai un très gros réseau à travers le monde et que c’est moi qu’on appelle le plus souvent pour les projets, ma stratégie est de les diriger vers ma relève. Ça fonctionne bien comme ça avec Olivier (Leroux) en Europe. Dans ma tête, c’est clair que Myriam va me succéder et elle a le potentiel pour le faire. »

Ne pas être la copie du père

De son côté, Myriam Perrier se dit très enthousiaste face au nouveau défi qui l’attend dans les prochaines années, mais elle prévient qu’elle ne veut surtout pas être une deuxième « Gérald Perrier ». « Mon père est issu d’une génération d’entrepreneurs qui travaillent énormément et qui y mettent leur passion. Je suis enthousiaste de prendre la suite, mais je ne le ferai pas seule, même si, comme mes deux sœurs (Roxanne est coordonnatrice au marketing depuis un an alors que Claudia a quitté depuis près de deux ans), je vois cette entreprise grandir depuis que je suis petite. C’est pourquoi je recherche des personnes pour compléter l’équipe de relève », mentionne la mère de jeunes enfants âgés de 8, 6 et 3 ans.

Pour Myriam Perrier, la recette est de travailler avec une équipe multidisciplinaire. « Il n’est pas défini encore qui prendra la place de PDG de mon père. Ce n’est pas clair. Il s’agit d’une grande organisation. Nous avons maintenant deux volets, stratégique et de Systèmes de prévention, qui sont tout aussi intéressants. J’aimerais aussi que l’on revienne un peu à la source. Quand l’entreprise a commencé, la clientèle était régionale avec Alcan principalement. Comme nous faisons des affaires avec la Grande entreprise un peu partout dans le monde, nous avons délaissé un peu la région. Avec le volet Systèmes de prévention, nous touchons aussi aux plus petites entreprises », de laisser tomber Mme Perrier.

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