SAGUENAY — Les immigrants pourraient représenter de 29,1 % à 34,0 % de la population totale d'ici 2024 selon les projections démographiques récentes de Statistique Canada. Avec la pénurie de main-d'œuvre actuelle, c'est de plus en plus difficile de trouver les effectifs nécessaires pour former adéquatement les nouveaux arrivants, selon la firme de conseil sur l'intégration de la main-d'œuvre étrangère, Mosaïca.
" J'ignore les statistiques régionales, mais nous savons que l'immigration devrait continuer de s'accroître au cours des décennies à venir. Le nombre de travailleurs étrangers temporaires, c'est-à-dire qui possède un permis de travail en date du 31 décembre de chaque année a été multiplié par sept, passant de 111 000 en 2000 à 777 000 en 2021. Des statistiques qui nous obligent à nous questionner sur la préparation de nos dirigeants quant à leur capacité à propulser leurs codes culturels corporatifs au sein de leurs équipes qui seront de plus en plus composées de la diversité ", souligne Martin Lépine, président de Mosaïca.
Un travail collectif
Au Saguenay–Lac-Saint-Jean la demande est particulièrement élevée dans certains secteurs moins spécialisés comme l'agriculture, les services d'hébergement, de restauration ainsi que les services administratifs. Les travailleurs étrangers temporaires sont également très présents dans certaines industries plus spécialisées, comme le secteur de la mécanique, de la soudure et de l'électricité selon Mosaïca. M. Lépine ajoute que la formation pour les immigrants en milieu de travail, dans n'importe quel domaine doit être l'affaire de tous.
" La formation des nouveaux arrivants requiert de nouveaux types d'interventions, de nouveaux outils de suivi et un investissement de temps. Une charge de travail pour les gestionnaires, qui souvent, devra s'additionner à un emploi du temps déjà rempli. La formation des nouveaux arrivants est une affaire d'équipe. Ce n'est pas juste un mandat des ressources humaines. C'est une nouvelle posture d'affaires que devront adopter tous les intervenants de l'organisation. On dit souvent chez Mosaïca que le leadership inclusif est une responsabilité collective ", explique-t-il.
L'intégration et la formation
Les entreprises doivent se préparer à l'arrivée de nouveaux travailleurs. Des formations et une intégration plus poussées sont nécessaires s'il s'agit d'immigrants vu les normes qui diffèrent d'un pays à l'autre. Toujours selon la firme d'intégration de la main-d'œuvre étrangère, tout découle d'une prise de conscience des hauts dirigeants pour améliorer l'adaptation des nouveaux arrivants.
" Chez Mosaïca on croit fermement que tout débute par la prise de conscience des hauts dirigeants. Nous croyons que l'accueil et l'intégration des nouveaux arrivants sont les enjeux numéro un de notre génération. Au même titre que dans les années 2000, les enjeux de santé et sécurité ont forcé les hommes et les femmes d'affaires de la région à se doter de nouveaux outils et d'adopter une nouvelle culture d'entreprise ", affirme Martin Lépine.
" Nous commençons à voir de belles choses se produire en région, des pratiques nouvelles et innovantes. Il est impératif que les gens d'affaires s'éveillent et investissent du temps pour se familiariser à ce domaine ", ajoute-t-il.
Les travailleurs étrangers plus à risque
Selon Martin Lépine, en matière de santé et sécurité au travail, les nouveaux arrivants sont souvent plus à risque que les autres employés vu les formations peu approfondies. " Encore une fois, les dirigeants d'entreprises doivent réaliser qu'on ne peut pas penser faire les choses différemment en adoptant la même posture que par le passé. "
" Rappelons-nous le temps qu'il a fallu aux entreprises de la région pour atteindre un niveau de performance acceptable en matière de santé et sécurité au travail. Comme société, nous avons atteint un niveau de maturité rare que nous ne retrouvons pas partout. Il faut donc en être conscient et investir le temps qu'il faut pour transmettre ces éléments culturels à nos nouveaux arrivants. En santé et sécurité, les immigrants n'auront aucune passe droite et devront assimiler dès leur arrivée des concepts complexes et souvent en opposition à leur culture ", assure M. Lépine.