N.D.L.R. Le texte qui suit fait partie d’un dossier rédigé dans le cadre du cahier thématique dont le thème est : Industrie numérique, un écosystème à propulser, publié dans notre édition du mois de mai.
SAGUENAY – En matière d’innovation, le Saguenay–Lac-Saint-Jean se démarque par sa concertation régionale forte. Malgré tout, il reste encore du chemin à faire pour passer à la vitesse supérieure.
« La concertation qu’on a avec les MRC et les organismes dans la région, ce n’est pas comme ça partout. Pour le ministère de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie (MEIE), c’est innovant ce qui se passe ici. De voir tout le monde assis à la même table pour discuter de projets communs et de société, c’est une innovation en soi », affirme Stéphane Pageau, conseiller en innovation pour Innovation 02, l’Espace d’accélération et de croissance (ERAC) du Saguenay–Lac-Saint-Jean.
Hébergé par la Conférence régionale des préfets (CRP), l’ERAC a pour mission d’animer l’écosystème régional d’innovation et d’accompagner les entreprises et organismes dans leurs projets qui y sont liés. De 28 collaborateurs à son lancement, Innovation 02 en compte maintenant 34, réunis autour de sa Table des partenaires. « Il s’agit d’un lieu d’échange pour que nous, les organisations, nous puissions partager entre nous des informations sur l’innovation. Nous pouvons discuter de ce qui se fait dans nos secteurs respectifs, voir comment on peut travailler en complémentarité et établir une synergie régionale. Ça permet de savoir ce que les autres font et de créer des maillages entre ces gens », mentionne Stéphane Lacasse, directeur général de la CRP. Les 34 partenaires proviennent de tous les territoires du Saguenay–Lac-Saint-Jean et de tous les milieux. Ils regroupent notamment les centres collégiaux de transfert technologique (CCTT), les Créneaux d’excellence, les institutions d’enseignement, les organismes qui accompagnent les entreprises, etc. « Il y a vraiment une synergie. Nous avons tous à cœur le développement et l’innovation de la région. Et tout le monde travaille dans le même sens », souligne M. Lacasse.
Un autre niveau
La synergie régionale devra toutefois être portée à un niveau supérieur afin de véritablement plonger le Saguenay–Lac-Saint-Jean au cœur du développement innovant. « Il y a de l’espace pour innover plus, entre autres pour l’automatisation et la robotisation. Il y a plusieurs degrés d’innovation. Ce n’est pas seulement lié à augmenter la productivité », rappelle Stéphane Lacasse.
Selon Stéphane Pageau, il reste encore du travail à faire, mais on sent qu’un mouvement se crée. « Même si on dit que la région tire de la patte, nous avons des projets en intelligence artificielle, en économie sociale, en économie circulaire. Nous sommes avant-gardistes à bien des niveaux et il faut prendre le temps de le mentionner. Il y a des aspects pour lesquels nous sommes des leaders et d’autres où on aurait besoin de se mettre à jour », estime-t-il.
Les deux hommes s’entendent sur l’importance de poursuivre le partage d’informations et de technologies. À l’image de celui que fait la Table des partenaires, cette coopération devrait être étendue encore plus largement aux entreprises des différents secteurs. « Il faut que l’écosystème soit solide. On peut partager ce qui se fait ici, mais aussi ce qui se fait ailleurs », précise M. Lacasse.
Transition numérique
Du côté de la transition numérique, même si le Saguenay–Lac-Saint-Jean accuse un certain retard, Stéphane Pageau constate que de nombreuses entreprises et organismes effectuent actuellement l’adoption de nouvelles technologies et méthodes de travail. « Chez Innovation 02, ce sont plus de 50 % des projets que nous accompagnons qui concernent le numérique. […] Nous avions des indicateurs en place initialement pour les deux ans à venir et, avec la demande que nous avons, nous les avons déjà surpassés en dedans de six mois », fait valoir le conseiller en innovation.
Des préoccupations se soulèvent toutefois avec l’échéance de plusieurs programmes d’aides financières gouvernementales, dont le renouvellement n’est pas assuré. Ceux-ci constituaient souvent la bougie d’allumage de projets de transformation technologique dans la région.Stéphane Pageau recommande aux organisations de poursuivre malgré tout leur cheminement vers la transition numérique, peu importe le financement disponible. « Ces technologies sont maintenant indispensables à la productivité et pour répondre au besoin criant de main-d’œuvre. Selon les experts, les entreprises qui n’en feront pas l’adoption sont condamnées », martèle-t-il.
Innovation avancée
Un autre enjeu concerne les projets d’innovation avancée. La région compte un bel écosystème numérique et de nombreuses entreprises capables de faire cheminer les différents projets. Cependant, les ressources deviennent rares dès qu’on parle d’innovation avancée. Or, plusieurs entreprises sont rendues à cette étape actuellement et ont besoin d’accompagnement. « C’est complexe de trouver des ressources qui ont ces compétences ou qui ont déjà réalisé ce genre de changements technologiques. Ça ne s’apprend pas à l’école. Il faut l’avoir vécu », explique Stéphane Pageau.
Selon lui, en ce moment, les organisations qui ont ces connaissances-là, ce sont celles qui implantent les solutions ERP ou de grandes compagnies qui l’ont acquis et qui sont primées. « Ce sont des outils qui sont convoités, qu’on va chercher et qu’on combine à autre chose dans l’entreprise. Mais est-ce que j’ai la combinaison gagnante, moi ? Est-ce que j’ai la bonne préparation pour intégrer cet outil ? Ce sont des questionnements qu’il faut avoir, parce que l’investissement est majeur. Si on n’a pas les bons outils pour la connexion à cet outil ni la bonne préparation, le rendement ne sera pas celui attendu », expose M. Pageau. Il invite donc les organisations à chercher l’accompagnement d’un expert et à ne pas sous-estimer l’impact d’un audit 4.0 ou d’une sélection de systèmes.