SAGUENAY - Pour Julie Dubord, directrice générale de Tourisme Saguenay–Lac-Saint-Jean (TSLSJ), la pierre angulaire du succès de notre industrie touristique est, incontestablement, l’être humain. « À la limite, il n’y aurait aucun bâtiment ni infrastructure et nous aurions quand même une offre touristique », lance-t-elle. Ce qu’elle veut exprimer par cette boutade, c’est que nous avons une nature magnifique et généreuse, certes, mais que l’engagement, l’authenticité et le professionnalisme des gens de l’industrie constituent, en soi, un produit d’appel.

Julie Dubord n’hésite pas à comparer nos entreprises touristiques avec celles de certains pays d’Europe offrant beaucoup de trésors architecturaux ou à connotation historique, qui ont peut-être tendance à éclipser l’humain au second niveau. Cela dit, la DG de TSLSJ explique que les acteurs du milieu et leurs équipes cherchent à offrir une expérience touristique plus globale et une expérience vacance différente. En fait, guidés et supportés par TSLSJ, ils développent des produits qui permettent aux touristes de vivre une expérience plus près de la nature, proche de nos valeurs et de notre terroir.

La Norvège et le tourisme d’aventure

Gilles Simard, directeur du créneau d’excellence en tourisme d’aventure et éco-tourisme, confirme cette approche de proximité avec les gens, qui sied très bien à son secteur d’activité. « C’est cette clientèle que l’on recherche, […] celle qui s’intéresse au tourisme d’aventure, au contact avec les gens et, aussi, au tourisme durable », confirme-t-il. C’est d’ailleurs dans cette optique que TSLSJ a paraphé, le 18 octobre dernier, une entente de coopération avec la Norvège, dont l’industrie touristique présente de grande similitude avec la nôtre, selon Gilles Simard.

Pas juste de bons amis…

Le principal objectif de cette entente de coopération est de favoriser l’échange de connaissances et d’expériences entre la Norvège et le Saguenay–Lac-Saint-Jean. À titre d’exemple, les défis de la main-d’œuvre et la saisonnalité de ce secteur économique. L’homme a cependant été surpris et ravi de constater que la vie en plein air et la communion avec la nature sont un mode de vie pour les norvégiens, qui, dès leur plus jeune âge, ont intégré le plein air et la nature dans leur vie.

« On a beaucoup à apprendre d’eux, mais l’inverse est aussi vrai. Ils ont été notamment surpris de notre capacité à intégrer les institutions d’enseignement à notre industrie touristique […]. Mais étonnamment, nous avons beaucoup d’enjeux en commun. Il s’agit donc d’un partenariat pour s’accompagner et se soutenir dans nos défis, nos expertises dans des projets mutuels », souligne Gilles Simard.

Pour sa part, Julie Dubord précise que cette entente aura rapidement des résultats concrets des deux côtés de l’Atlantique. « On ne s’est pas juste fait de bons amis. Nous sommes déjà en préparation pour recevoir une délégation de la Norvège en mars prochain. Il y aura dévoilement d’un plan d’action et d’un échéancier pour planifier et rendre concrète la suite des choses », lance-t-elle, sans en dévoiler davantage.

Épuisement potentiel

À l’instar de l’ensemble des marchés du Québec, les deux dernières saisons touristiques estivales ont été exceptionnelles pour les entreprises régionales. Cette importante croissance de l’achalandage et des revenus, qui est une excellente nouvelle en soi, cache cependant un défi pernicieux. Celui de l’essoufflement de nos gestionnaires de PME.

« La croissance est un heureux problème. En revanche, un des dangers qui guette nos entrepreneurs, c’est l’épuisement. Les saisons sont beaucoup plus intenses et elles s’étirent au printemps et à l’automne. Sans compter que la disponibilité de la main-d’œuvre est problématique en début et fin de saison », lance Julie Dubord. Il s’agit d’une préoccupation importante pour TSLSJ, qui travaille avec ses partenaires du milieu de l’éducation (Cégep de St-Félicien et UQAC) pour former davantage de travailleurs du tourisme en leur démontrant qu’une carrière dans le secteur est une option plus qu’intéressante.

Un art de vivre

Pour Gilles Simard, une des meilleures stratégies pour le développement de la main-d’œuvre en tourisme est de démontrer aux jeunes que ce secteur d’activité est attractif et passionnant. Il va même jusqu’à dire qu’il constitue plus qu’un gagne-pain. « C’est un art de vivre », lance-t-il. Il considère d’ailleurs que le domaine se rapproche de plus en plus de certaines valeurs des jeunes, liées au concept de l’écoresponsabilité touristique et du développement durable.

 

Former les intervenants et… la population

 

SAGUENAY - Pour Marie-Eve Claveau, directrice du développement de la destination à Tourisme Saguenay–Lac-Saint-Jean (TSLSJ), la promotion de nos entreprises touristiques est essentielle. Toutefois, elle estime qu’avec une stratégie d’accueil bien planifiée, les retombées seront bien plus substantielles et durables pour ces PME. Elle explique qu’il faut outiller les entreprises pour quelles se connaissent davantage et se propulsent mutuellement. En fait, il faut que les uns soient des ambassadeurs pour les autres, et ce, à l’échelle de la région.

Elle va même plus loin. La population régionale devrait être mise à profit pour que les citoyens deviennent eux-aussi des outils de référence pour nos visiteurs.

« La population régionale devrait aussi, idéalement, être active dans l’accueil des touristes », lance-t-elle. D’ailleurs, sur ces enjeux, un important plan stratégique a été mis en branle à Tourisme Saguenay–Lac-Saint-Jean. Grâce à une subvention de 556 000 $, accordée de printemps par le Fonds d’aide au rayonnement des régions (FARR), la mise en œuvre de cette stratégie d’accueil touristique régionale. permettra notamment d’offrir de l’information de qualité sur l’ensemble de la région, en développant des outils numériques, modernes et bien adaptés.

Passer la puck

Un des volets majeurs de cette stratégie est de mieux outiller les intervenants des treize bureaux d’information touristique de la région pour qu’ils deviennent davantage promoteurs qu’informateurs des entreprises de leur milieu, mais également qu’ils « passent la puck » et se transforment en ambassadeurs des autres sites de la région pour faire découvrir les nombreux trésors cachés qui s’y trouvent. « Il faut que les visiteurs aient envie d’y aller pour ce qu’ils vont y apprendre, plutôt que d’être obligés de le faire. […] Chaque acte d’information touristique de ce type génère en moyenne 104$ de plus de dépenses par visiteurs de passage dans la région, selon une étude du Ministère du Tourisme publiée en 2011 », explique Marie-Eve Claveau.

Cette stratégie passe évidemment par la formation des ressources humaines qui sont en première ligne. L’équipe de TSLSJ est donc à pied d’œuvre pour mettre en place une série de capsules de formation en ligne - un total de six heures – en collaboration avec le cégep de Saint-Félicien et une firme privée. Les intervenants touristiques auront donc accès à des outils polyvalents, modernes et performants pour améliorer leurs connaissances de l’offre globale de la région. Par ailleurs, ces formations permettront aux employés participants de se voir confirmer leurs compétences, sous la forme de badge de reconnaissance, qui garnira éventuellement leur curriculum vitae.