Auteur

Maxime Hébert-Lévesque

N.D.L.R. : Le texte qui suit fait partie d’un dossier rédigé dans le cadre du cahier thématique dont le thème est : « Le Transport : un actif stratégique pour la région », publié dans notre édition du mois de mai.

SAGUENAY – Les entreprises qui œuvrent dans le transport routier rencontrent plusieurs embûches sur la route du profit. L’équipement, la main d’œuvre et le prix du carburant sont des facteurs qui allègent leur portefeuille. À ces coûts fixes, il faut ajouter l’assurance. Une dépense obligatoire qui augmente de prix avec le temps. Discussion avec Pierre Paquet de chez Dale Parizeau Lussier.

M. Paquet fait du développement d’affaires dans le domaine de l’assurance d’entreprises depuis 1984. Administrateur auprès du CA du Club de trafic de Saguenay–Lac-Saint-Jean, l’homme connaît très bien le secteur du transport et remarque une tendance à l’augmentation du coût des couvertures. « Depuis trois ans, il y a d’importantes hausses pour les primes d’assurance. On parle d’une augmentation d’au moins 20 à 25 % ».

Cette situation serait causée, entre autres, par le manque d’intérêt envers l’industrie des assureurs pour les PME de camionnage. « Il ne faut pas oublier une chose, les assureurs sont des entreprises privées. Elles sont composées d’actionnaires et elles ont des objectifs. Si les revenus ne sont pas au rendez-vous, elles vont retirer leurs billes. Ces dernières ont ouvert leurs livres tout récemment et le constat est tombé : assurer les transporteurs, ce n’est pas un marché payant ».

Les causes derrière la hausse

Étonnement, une des raisons qui explique la montée en flèche des primes serait due à un travail de veille bâclé. « Les compagnies d’assurance n’ont pas vu l’augmentation des prix pour l’équipement. Elles n’ont pas ajusté leur prime de manière à suivre progressivement le marché. Il y a huit ans, les tracteurs de vanne les plus dispendieux valaient 125 000 $, maintenant, le prix pour un véhicule normal est de 175 000 $. Durant tout ce temps, les primes n’ont sensiblement pas bougé. Aujourd’hui, ils se réajustent brusquement à la plus grande surprise des assurés ».

Deux raisons peuvent expliquer l’augmentation des prix des véhicules : la technologie et l’esthétisme. « Un camion de nos jours, c’est un ordinateur sur roues. C’est équipé de caméras, de détecteurs et de GPS. Des éléments qui jouent sur la facture […] Les pièces aussi ont changé. Il y a moins de morceaux en métal qu’on peut faire débosseler en cas d’accident. Aujourd’hui, en cas d’impact, tu ne peux plus réparer, il faut tout remplacer ».

Encore les ressources humaines

Le secteur du transport n’est pas épargné par la rareté de main-d’œuvre. Cet enjeu a aussi un impact sur les primes. « Il est difficile de trouver des chauffeurs de classe 1 (tracteur routier à deux essieux). Les entreprises n’ont pas le choix de descendre leurs critères d’embauche. L’expérience du chauffeur a moins de poids dans la balance quand vient le temps de recruter. Or, les assureurs calculent une partie des primes en fonction du risque relié au conducteur ».

L’association, une solution efficace

Les marges bénéficiaires réduites, les assureurs peuvent refuser certains petits transporteurs, des clients qu’ils estiment non rentables. Dans le cas d’un refus, ces derniers n’ont d’autres choix que d’arrêter leurs activités. Pour éviter ces situations, le regroupement est favorisé. C’est notamment ce que fait l’Association nationale des camionneurs artisans (ANCAI) qui offre un programme d’assurance chez Dale Parizeau Lussier pour ses membres. En joignant la flotte de véhicules de plusieurs PME, ils ont un volume de six millions de dollars en prime et ils obtiennent un rapport de force dans les négociations avec les assureurs. Ils peuvent donc limiter les hausses et les refus.

Dans un contexte de pandémie, plusieurs camions sont inactifs. Les réclamations les plus fréquentes sont donc celles de remisage. Pierre Paquet fait donc le pont présentement entre les besoins de l’ANCAI et les assureurs « Nous sommes en négociation pour faire baisser le nombre de jours nécessaires pour avoir le droit à un crédit de remisage. Le délai de 60 jours devrait donc passer à 30 jours ».

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