SAGUENAY - Alors que le Québec s'engage dans la transition énergétique, le gaz naturel compressé (GNC) se profile comme une solution complémentaire à l'électrification pour décarboner le secteur du transport lourd. Dans la région, RL Énergies a pris les devants de cette transition annoncée en ayant installé, avec l'aide d'une subvention d'Ottawa, deux stations de ravitaillement en GNC : une à Chicoutimi et l'autre à Saint-Félicien.

Selon Éric Larouche, PDG de RL Énergies, ce carburant permet une réduction significative des émissions de gaz à effet de serre. « On ne parle pas d'une réduction à 100 %, mais le GNC contribue largement à la baisse des GES par rapport au diesel traditionnel », explique-t-il. En plus de ses bénéfices environnementaux, le GNC se distingue également par son coût inférieur au diesel, un argument de poids pour les transporteurs cherchant à optimiser leur rentabilité.

La mise en place de ces infrastructures permet de soutenir le développement d'une flotte de camions adaptés au GNC, dont les premières livraisons sont attendues d'ici 2025. D'ailleurs, RL Énergies collabore déjà avec plusieurs clients ayant passé commande de ces nouveaux véhicules. « Nous commençons à voir des manufacturiers offrir des moteurs de 15 litres spécialement conçus pour le GNC et le climat rigoureux qu'on connait au Québec, et les entreprises de la région s'y intéressent de plus en plus », observe le PDG.

Couverture adéquate

Est-ce qu'il serait pertinent pour des compagnies de transport d'avoir leurs propres points de ravitaillement en GNC ? Éric Larouche explique que les coûts d'installation des infrastructures de GNC sont un enjeu important. « Les coûts-bénéfices d'avoir ses propres installations sont très élevées. C'est pour ça qu'à la base, on a eu un coup de main du fédéral. On n'est pas à l'étape de voir une entreprise posséder une installation chez elle. » 

Le nombre actuel de postes de ravitaillement en GNC serait adéquat, indique Éric Larouche. « Pour le moment, ces deux stations sont amplement suffisantes pour répondre aux besoins régionaux. Le GNC est encore en phase de développement et demeure marginal. Avec une autonomie de 1 200 km, les emplacements de Saint-Félicien et de Chicoutimi assurent une couverture intéressante pour répondre aux besoins de la clientèle », croit-il.

« Le réseau est réfléchi pour répondre aux distances de parcours et aux demandes des transporteurs », ajoute-t-il. « Maintenant, il faut augmenter le nombre de véhicules au GNC sur la route pour que ces stations soient utilisées », rappelle M. Larouche.

Le bon produit pour le bon usage

Les transporteurs sont à la recherche de performance et de rentabilité. L'homme d'affaires à la tête de RL Énergies rappelle que son entreprise adopte une approche pragmatique quant aux choix énergétiques proposés à ses clients. « Nous priorisons le bon produit pour le bon usage. Pour les circuits courts et la livraison locale, l'électrique ou la biénergie utilisant le GNC s'imposent comme des solutions viables. Notre objectif est de fournir n'importe quel type d'énergie en fonction des besoins réels des clients, et nous recommandons la source d'énergie la plus adaptée selon la logique d'usage de chaque entreprise. »

Il précise par la même occasion que la flexibilité est essentielle dans l'industrie du transport : « On ne proposera jamais à un forestier d'opter pour un camion électrique, par exemple. Ce que nous faisons, c'est analyser les distances à parcourir et ensuite proposer la source d'énergie qui convient le mieux, qu'il s'agisse d'électricité, d'essence, de GNC ou de biénergie. Ce qui est intéressant avec la biénergie, c'est que ça offre une alternative fiable et flexible pour plusieurs types d'opérations. »

Stations multiénergies

L'entreprise régionale souhaite se positionner comme un pionnier. Elle a l'ambition de développer des superstations : des infrastructures multiénergies combinant essence, diesel, bornes électriques et gaz naturel compressé (GNC). Ces stations, conçues pour répondre aux besoins variés des transporteurs et consommateurs, s'inscriraient dans l'effort de transition énergétique plus complète et flexible.

Quant à la technologie électrique, Éric Larouche anticipe des progrès technologiques significatifs dans les prochaines années, « avec une optimisation des temps de recharge et une augmentation de la puissance des bornes, ces améliorations visant à rendre la recharge plus rapide et plus accessible », de conclure l'homme d'affaires.