L'hypocrisie sous-jacente à l'actuel débat sur le financement des partis politique démontre non-seulement la courte vue de plusieurs relativement à cet enjeu, mais représente surtout une manifestation supplémentaire de la loi de Murphy qui s'abat sur la CAQ depuis sa réélection.
En effet, tout ce qui est susceptible d'aller mal va mal pour le parti qui avait pourtant le vent dans les voiles depuis son arrivée au pouvoir. Les décisions prises sur des coups de tête s'enchaînent les unes après les autres et rendent les observateurs de la scène politique encore plus cyniques, si cela était possible.
Et c'est malheureux. Ça affecte tout le monde et ça entraîne des dérives. Comme si la confiance de la population n'était pas suffisamment affectée, on en ajoute une couche en dramatisant des maladresses.
Plusieurs choses par rapport à tout cela. Premièrement, les ministres de la CAQ ne se cachent nulle part. Objectivement, il s'agit d'un gouvernement ouvert à rencontrer les groupes de pression, les entreprises, les organisations et les citoyens. Depuis l'arrivée de la CAQ au pouvoir, on peut leur reprocher une série de choses, mais certainement pas leur inaccessibilité.
Comme quoi la théorie selon laquelle le malheur attire le malheur est possiblement plus à l'origine de cette séquence que le côté réel d'une tendance aux dérives éthiques. Mais l'affaire est belle.
Ce qui est surtout troublant de tout cela, c'est la nouvelle manière du premier ministre de réagir aux situations qui se présentent à lui.
Sans avoir l'air d'avoir consulté qui que ce soit, il sort des lapins de son chapeau.
Fini le financement populaire pour son parti, pour au moins deux ans.
Rappelons au premier ministre que sans le financement populaire des partis, la CAQ n'aurait jamais pu se retrouver au pouvoir.
Rappelons que si un parti souhaite, pour la première fois, présenter des candidats à une élection, il doit obtenir du financement populaire au préalable.
Que des lois ont été mises en place pour éviter les dérives de financement par l'un des actuels ministres de son gouvernement, il n'y a pas 10 ans.
Sans le financement populaire, la CAQ n'aurait jamais pu se retrouver au pouvoir.
Avant d'être un parti officiellement représenté à l'Assemblée nationale, un mouvement citoyen doit obtenir un appui populaire qui se traduit notamment par des dons. Quand tu crois suffisamment à une idée pour prendre la décision de l'endosser financièrement, c'est que tu crois que des changements peuvent s'opérer.
Et c'est suivant ce principe que son parti a pris le pouvoir. C'est sain, et ça témoigne d'une démocratie soutenue.
En retirant à la population la possibilité de soutenir financièrement un mouvement porteur de ses idées, on évacue toute possibilité de voir la volonté populaire triompher.
Réfléchir avant de trancher est souvent signe de maturité. Y revenir pourrait être une bonne idée.