Une fois sur deux, quand on me demande de préciser si j’habite au Saguenay ou au Lac, on ajoute à la question « Parce qu’il semble que ce n’est vraiment pas la même chose ».

Au début, cette question me semblait naturelle, comme le petit commentaire l’accompagnant.

Je pense même qu’à une certaine époque, quand je rencontrais une personne originaire de la région, je véhiculais le même message lorsque je la questionnais sur son origine précise.

Depuis que je suis revenue en région, je fais mille et un constats, sur ces choses qui ont changé et sur celles qui demeurent. Sur la nécessité, pour que les choses bougent et que notre région tire son épingle du jeu, de parler d’une seule voix. De travailler ensemble.

Et maintenant, je me questionne sur la boutade et ses conséquences. Les gens du Lac sont comme si, les gens du Saguenay sont comme ça (et ne me partez pas sur les gué-guerres entre les arrondissements fusionnés depuis maintenant 20 ans). Qui gagne de ce tirage de couverte : personne.

En fait, tout le monde perd.

Le leadership rassembleur qui permet de pousser tous dans une seule et même direction, d’obtenir ce qu’on veut, de travailler ensemble pour y arriver me semble manquer de vigueur. J’ai l’impression qu’à toujours vouloir décrier que l’un a tout et que l’autre n’a rien, qu’à force de se quereller en public, les autres nous regardent, rient et sautent sur les opportunités qui se présentent.

Je ne peux m’empêcher de penser aux projets de développement économique qui atterrissent dans d’autres régions du Québec, en changeant le paysage, en abaissant les moyennes d’âge, en inversant la tendance au vieillissement, en favorisant l’innovation.

Plusieurs caractéristiques et plusieurs variables impactent la faisabilité de ces projets. Une chose est certaine, il est rare que l’on voie une partie d’une région se battre avec une autre et que le dénouement soit favorable. 

La perte de certaines structures encadrant les relations régionales comme les Conférences régionales des élus (CRÉ), en 2015, peuvent-elles expliquer à elles seules ce manque de collaboration, d’union?

De mon côté, je refuse de croire que la force d’un peuple se limite à ses structures. Les structures canalisent mais ne remplacent pas ce qui nous rassemble. Et si une chose nous unit, c’est la fierté. Une chose qu’on nous envie
partout.

Notre plus grande force.

Peu importe d’où on vient finalement, on a ce trait caractéristique en commun. On est de fiers bleuets. On a des dizaines de modèles d’entrepreneurs à succès, d’artistes connus et reconnus internationalement, on est une pépinière de talents, de réussites. Après, sommes-nous en mesure de prendre toutes ces capacités et toutes ces qualités qui sont les nôtres et de collaborer davantage?

Lançons donc ensemble un grand cri de ralliement. Travaillons à l’atteinte de cet objectif commun. Et peu importe où précisément atterrira le prochain projet, pourvu qu’il soit chez nous.