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Sophie Villeneuve

Cette expression consacrée, que l’on doit à l’auteur Hugh MacLennan, réfère à la distance qui existe entre les deux groupes linguistiques de la société canadienne. Dans tous les débats entourant le fait québécois, on a toujours parlé des anglophones et des francophones en y référant. Dans le Canada, il y avait le Québec et le ROC, le « rest of Canada ».

J’ai l’impression que l’avenir récent nous mène à la définition de deux différentes solitudes et la sortie récente du chef du Bloc Québécois, Yves-François Blanchet, a beaucoup résonné en ce début d’année. Parce qu’elle est opportune politiquement, mais aussi parce qu’elle est justifiée du point de vue du momentum. Presque un peu en retard.

Depuis mon retour en région, je vous partage des réflexions alimentées certes par les défis économiques et politiques de chez nous, mais aussi par les grandes différences et divergences de visions qui résident entre les populations des centres et celles des périphéries.

Différences

De plus en plus de différences se posent entre ces deux groupes. Les défis sont également différents. La situation démographique brandie pendant longtemps comme une menace à l’économie serait-elle en train de devenir le problème inverse de celui qui nous était prédit ?

Avec le vieillissement prévisible de la population et un taux de natalité famélique depuis le babyboom d’après-guerre, on nous expose la nécessité absolue d’être une terre d’accueil pour le maintien de l’économie.

Depuis l’arrivée au pouvoir de Justin Trudeau en 2015, ces pressions ont porté fruit et les seuils d’immigration sont devenus si imposants que nous voyons actuellement un certain éclair de panique dans l’œil de ceux qui tentent tant bien que mal de prévoir les besoins sociaux qui y seront associés.

Il est présentement impossible de connaître de manière précise le volume de nouveau arrivants au Québec puisque les données énoncent un minimum, mais varient et sont ajustées sur une base régulière.

Les permis de travail mettent un temps fou à être émis par cette même machine qui peine à trouver les bons systèmes pour réussir de manière productive à avoir une idée claire de ce qui se passe.

Et pendant ce temps des sonneurs d’alerte commencent à se faire entendre.

La crise du logement s'accélère

La crise du logement, prévisible depuis longtemps, s’accentue et suit une courbe vertigineuse. Et malheureusement l’industrie de la construction, qui a subi les contrecoups de la pandémie, de l’inflation et des problèmes d’approvisionnement, ne se remettra pas instantanément et ne pourra pallier tous les besoins en matière d’infrastructures publiques qui ont subi les contrecoups de l’immobilisme et du manque de prévoyance de plusieurs gouvernements successifs.

Maintenant, ce ne sont plus que les groupes sociaux qui se font entendre. Les mêmes économistes qui nous alertaient des impacts majeurs de la pénurie de main-d’œuvre réalisent que l’ouverture des valves fédérales en matière d’immigration est littéralement en train d’accentuer l’inflation.

La richesse par habitant tant souhaitée par le premier ministre Legault se heurte même actuellement, selon l’économiste Stéfane Marion de la Banque Nationale, à ce déferlement d’immigration sans précédent qui nous met à risque de voir le niveau de vie se détériorer.

Sans plan

Le moins rassurant dans tout ça, c’est de voir que le gouvernement de Justin Trudeau navigue sans plan, sans inquiétude et sans que sa propre incompétence semble l’inquiéter une seule seconde. Il faut être le plus beau meilleur grand pays accueillant du monde. C’est une catastrophe qui fait mal à regarder et que plusieurs craignent de dénoncer, de peur d’avoir l’air racistes, intolérants ou radicaux.

Les langues commencent à se délier du côté de la haute fonction publique fédérale. D’aucuns avaient informé le politique des risques de manque de logement en voyant monter le nombre de nouveaux arrivants il y a maintenant près de deux ans, alors que déjà les groupes spécialisés en habitation criaient à pleins poumons pour faire comprendre aux différents paliers de gouvernement que nous allions vers le mur.

L’alternance du pouvoir laisse à croire que la fin du règne de Justin Trudeau approche. Les alliances qui permettent de le sauver de la minorité qui l’afflige ne sont pas responsables de cet accroissement idéologique de l’immigration, mais le poussent vers la gauche, direction inverse de son principal adversaire, Pierre Poilièvre, qui lui semble tenté de suivre l’exemple de son homologue républicain du Sud. L’équilibre et la vérité en la matière ne seraient-elles pas quelque part entre les deux? Quelque part dans une régionalisation plus grande, une intégration mieux réussie de l’immigration déjà présente sur le territoire?

Le Québec se sort très bien des défis associés à l’immigration en matière de maintien du climat social si on compare avec les réalités occidentales qui ont été des pôles de mouvements migratoires depuis 20 ans. Très peu de drames sont à noter et afin que cela perdure, il serait plus que temps qu’un plan plus sérieux soit adopté.

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