SAGUENAY — Rendre la région moins dépendante des activités de la multinationale de l’aluminium, tel est l’objectif des fonds du bureau de développement économique régional (DÉR) de Rio Tinto. Depuis 2004, alors qu’elle était encore connue sous le nom d’Alcan, l’entreprise injecte des millions de dollars chaque année dans des projets innovants, autant à des organismes que directement dans des projets commerciaux.
Concrètement, en plus d’être souvent le premier levier à injecter des fonds dans ces entreprises, le DÉR de Rio Tinto peut également offrir du support stratégique aux promoteurs pour aller plus loin dans le développement de leurs projets.
Emmanuel Bergeron, directeur du développement économique pour RT, soutient que cette contribution offerte par son équipe et lui peut offrir une crédibilité supplémentaire aux entreprises soutenues. « Ça fait partie de notre modèle d’affaires. Ce qu’on veut, c’est d’être un catalyseur d’innovation. On ne pourra jamais compétitionner Investissement Québec et les autres leviers sur les montants. Mais on peut se démarquer en étant les premiers à donner du financement au tout début. D’avoir le nom Rio Tinto parmi les parties prenantes identifiées dans un plan d’affaires, c’est évident que ça permet de rayonner. On investit des heures pour développer des entreprises et on le fait par souci de rendre la région attrayante et diversifiée », indique le directeur.
L’exemple Letenda
Parmi les dizaines d’initiatives soutenues annuellement, il y en a qui proviennent de l’extérieur des frontières régionales. Malgré tout, l’équipe du DÉR porte une attention particulière à créer des maillages avec des organisations et entreprises régionales.
À titre d’exemple, le projet d’autobus urbain en aluminium et à propulsion électrique Letenda figure parmi les entreprises soutenues par les fonds de Rio Tinto. « En plus des montants injectés, nous cherchons à les attirer au Saguenay pour qu’ils amorcent leur phase manufacturière ici. Nous les avons présentés à des investisseurs locaux. Nous avons aussi joué un rôle en tant que facilitateur pour qu’ils trouvent des locaux avec l’aide de Promotion Saguenay et nous les avons référés à la Société de Transport de Saguenay, qui s’est engagée à intégrer leur prototype d’autobus zéro émission à un circuit urbain pour une période d’essais routiers en situation réelle », détaille M. Bergeron.
Partenariats avec le milieu
En 2020, c’est plus de 4 M$ qui ont été investis dans la communauté par différentes initiatives. « Que ce soit dans des fonds auprès d’organismes locaux comme Promotion Saguenay, la CIDAL, les incubateurs d’entreprises, directement dans des projets d’entreprises innovantes, la Société de la Vallée de l’aluminium, le Centre entrepreneurial multi-ressources et d’autres, nous savons que notre apport fait une différence », précise M. Bergeron.
Faciliter l’accès au marché de l’aluminium
Évidemment, Rio Tinto possède un gros trousseau de partenaires et clients partout dans le monde. Lorsqu’un des trois employés du DÉR entre dans des projets, il peut agir à titre de facilitateur pour accéder au marché du métal gris, explique Emmanuel Bergeron.
« À titre d’exemple, la startup régionale Stobia, qui veut offrir des contenants en aluminium de meilleure qualité que ceux produits en Asie, avait besoin de la matière première pour pouvoir la transformer. Notre conseiller Joseph Langlais les a accompagnés pour trouver l’alliage dont ils avaient besoin. Nous avons rejoint Novelis pour qu’ils puissent leur ouvrir un compte fournisseur. Normalement, ils ne feraient pas ça à une startup qui ne demande que 10 tonnes d’alliage, mais comme ils ont déjà eu des activités dans la région et qu’ils nous font confiance, ça a permis à Stobia d’obtenir son aluminium plus facilement. »
Pas seulement pour l’aluminium
Bien que l’aluminium fasse partie de l’ADN de la multinationale au Québec et dans la région, le bureau du développement économique régional est en mesure de supporter des initiatives d’autres industries. « Nous soutenons de nombreux projets de startups régionales, dont LUX Aerobot. Nous avons également passé le mot aux différentes organisations comme la Ruche et les incubateurs de nous référer les entreprises innovantes que l’on pourrait soutenir », de conclure Emmanuel Bergeron.