Le processus de relève comporte beaucoup d'éléments. Il est donc essentiel de se faire accompagner dans cette tâche ardue. Le côté financier, humain, légal et fiscal, sans oublier le management vont y passer, d'où l'importance d'être préparé.
Cette préparation peut prendre de deux à cinq ans pour être optimale. « Tout est dans la préparation et dans la planification », partage la directrice principale en Conseil en management de Raymond Chabot Grant Thornton, Clara Demers.
« Avant, pour ce type de mandat-là, les entrepreneurs se faisaient accompagner par leur comptable, parce qu'ils voyaient les chiffres, et pour eux, c'était ça l'important, l'aspect pécuniaire. Aujourd'hui, ce qu'on voit dans les mandats de relèves, c'est l'aspect humain, le management qui a plus d'importance dans la réussite ou l'échec d'une relève », ajoute-t-elle. C'est un aspect primordial, puisque les individus qui composent l'entreprise doivent garder un rôle et combler leur responsabilité.
Changement de mentalité
Auparavant, seulement un entrepreneur dirigeait une entreprise. Maintenant, c'est souvent un groupe d'individus qui composent la relève. Les jeunes ne veulent plus nécessairement travailler 70 heures par semaine, ils souhaitent trouver un équilibre entre le travail et la vie personnelle.
Cette équipe doit être composée de personnes qui se complètent et qui s'entendent bien. Ils peuvent même suivre des tests de psychométrie pour s'assurer de la compatibilité de leurs personnalités et ainsi trouver la bonne place pour chacun des membres de la relève.
Le rôle du cédant est aussi très important. Il doit rester et jouer un rôle de coach pour former les releveurs, qui sont d'ailleurs souvent de la famille ou des employés clés de l'entreprise. Le transfert se fait petit à petit après l'identification de l'équipe, avec un partage de connaissance progressif et des formations si nécessaire.
L'accompagnement diffère dépendamment de l'expérience des releveurs. Il est important de les former sur le suivi des chiffres et en littéracie financière, pendant au moins un an. Cette formation peut s'étirer sur deux ou trois ans, au besoin.
La première étape du processus de relève est d'établir la vision de chacun. Ensuite, un diagnostic de l'entreprise doit être fait, pour voir les forces et les aspects à travailler. La faisabilité du processus est ensuite analysée, en prenant compte des besoins financiers du cédant.
« Nous, là-dedans, nous travaillons pour la pérennité de l'entreprise. Nous ne travaillons pas pour le cédant, nous ne travaillons pas pour le repreneur, mais pour l'organisation. Nous cherchons à trouver un équilibre pour que chaque partie ait ce dont elle a besoin et que l'entreprise perdure dans le temps », laisse entendre Mme Demers.
Un plan de relève tactique est aussi pertinent, pour bien établir la direction des gestionnaires et les possibilités de financements. Les releveurs apprécient ce genre de plan, puisqu'il leur permet d'avoir une orientation pour commencer.
Aspect humain
« Il ne faut pas penser que la relève, c'est juste du financier, il ne faut pas laisser de côté l'aspect humain. C'est vraiment important. Il faut aussi laisser de la place aux repreneurs, il faut qu'il y ait un certain lâcher-prise des cédants. Il faut laisser la relève faire certaines erreurs. Les cédants en ont fait aussi dans le passé, et ça ne fonctionnera pas de la même façon, elle ne travaillera pas 70 h-80 h semaine. Le respect et la communication sont super importants », déclare Clara Demers.
L'entreprise va continuer de fonctionner, mais différemment, ce qui est normal avec le changement. Le mode de décision était surtout basé sur l'instinct et elles étaient exécutées par un individu. La communication est maintenant un enjeu majeur, avec des consultations entre les dirigeants.
La relève n'est pas tâche facile. Les coûts sont aussi dispendieux. Il faut passer chez le notaire et le fiscaliste, beaucoup de professionnels sont impliqués, ce qui explique le coût.
La communication est un outil essentiel, autant entre les impliqués dans la relève que pour le reste de l'organisation et de la clientèle. Il est important de faire savoir que le processus de relève est en cours, pour éviter qu'un vide se crée chez l'une ou l'autre des parties de l'entreprise.
Plusieurs acteurs sont présents pour aider le processus, autant des firmes comptables que le CETEQ (centre de transfert d'entreprise du Québec), les consultants, les organismes des MRC ou même Promotion Saguenay qui peut aider avec des subventions.
« Il faut bien le faire, c'est un processus compliqué, il ne faut pas sous-estimer tout ce que ça implique. C'est souvent le côté humain qui va nécessiter plus d'accompagnement », conclut Clara Demers.
Elle souligne aussi la difficulté des entrepreneurs d'avouer qu'ils sont rendus là, malgré le fait que la relève est un processus honorable, qui permet la survie d'emplois et la pérennité de l'entreprise. Ce processus devrait être enclenché dès que la flamme entrepreneuriale se meurt et que d'autres semblent prêts à prendre les rênes.