SAGUENAY – L’acceptabilité sociale était au cœur des discussions lors du Rendez-vous économique organisé par la Chambre de commerce et d’industrie Saguenay–Le Fjord (CCISF) ce matin. Les panélistes présents ont insisté sur l’importance de la transparence, de la communication, de l’ouverture et du travail en amont dans l’obtention de cette acceptabilité essentielle à tout projet de développement économique.
Quelque 115 personnes ont assisté à l’événement, qui a permis de dégager un consensus sur l’importance de travailler très en amont des projets. Les sept panélistes, divisés en deux groupes de discussion, ont estimé que cela assure une meilleure communication des informations et favorise l’acceptabilité sociale, mais réduit aussi les risques sociaux pour les investisseurs.
L’exemple de la filière batterie est ressorti, puisque le travail a été lancé par le gouvernement avant même l’implantation d’industries. « Un des grands enjeux, c’est d’informer les gens et de transmettre l’information. […] Avec la filière batterie, ça fait deux ans que nous nous promenons dans les communautés ciblées. Nous sommes allés diffuser l’information sur les projets à venir avant même d’avoir une entreprise. Il faut en parler et que les gens soient au courant », a indiqué Simon Thibault, directeur principal Filière Batteries, Investissement Québec.
À ce stade, les promoteurs ou les représentants d’organismes de développement économique, tout comme les citoyens, doivent accepter de ne pas avoir toutes les réponses. Il est possible que celles-ci se précise au fil de la mise sur pied du projet. L’ouverture, l’empathie et le respect sont de mise tout au long du processus.
Transparence
La transparence est également essentielle à l’acceptabilité sociale. « C’est important dès le début d’être transparent. Il ne faut pas cacher des choses. […] Il faut éviter de tomber dans le greenwashing. Ça ne sert à rien de faire paraître notre projet plus vert qu’il ne l’est en réalité, parce que ça va nous rattraper plus tard », a affirmé Luc Caza, directeur des ventes chez RSI Environnement.
Les panélistes présents ont rappelé qu’il ne s’agit pas de vendre un projet, mais bien de le présenter pour qu’il soit bien compris. Pour ce faire, il faut comprendre où les communautés visées veulent aller et quelles sont leurs préoccupations. « C’est important de rester dans la nuance, dans la discussion. […] Il faut incarner l’acceptabilité sociale. À Port de Saguenay, nous avons créé mon poste dans ce but. C’est une manière de travailler en amont, de connaître le milieu et ses enjeux, d’œuvrer en concertation, d’aller chercher de l’information. Nous déployons des outils de collaboration », a déclaré François St-Gelais, conseiller principal, Communications et relations avec la communauté au Port Saguenay.
Une vision que partage Serge Simard, directeur économique et partenariats stratégiques de Pekuakamiulnuatsh Takuhikan. « Quand on s’engage dans un processus d’acceptabilité sociale, c’est important d’être vrai, sincère et senti », a-t-il renchéri.
Un ancrage local
Pour les panélistes, l’époque où on planifiait un projet à partir du centre-ville de Montréal pour l’implanter dans une communauté régionale est révolue. « L’ancrage local est incontournable. Il faut arrêter de gérer les projets à partir d’un bureau à Montréal. Il n’y a personne qui connaît mieux son territoire que celui qui y vit, donc c’est extrêmement important d’aller à la rencontre de ces gens », a mentionné Simon Thibault.
Jean-François Samray, PDG du Conseil de l’industrie forestière du Québec, a souligné que les promoteurs ou les industriels qui s’implantent sur un territoire sont des invités. « Tu es la visite. Et un moment donné, si tu es là assez longtemps et que tu te comportes bien, que tu es un bon voisin, tu vas finir par faire partie de la famille. »
Une discussion continue
Tous les panélistes se sont aussi accordés sur le fait que l’acceptabilité sociale n’est pas un processus fini. Il ne faut pas s’attendre à ce qu’elle se termine avec l’obtention de permis. « L’acceptabilité sociale, c’est une discussion continue. Ce n’est pas parce que ça allait bien il y a cinq ans que ça va bien aujourd’hui et que ça va nécessairement aller bien demain », Jean-François Samray.
Pour Luc Caza, il est essentiel, lorsque le projet avance, de garder les communautés informées. « Il faut les garder impliquées. Elles doivent sentir que le promoteur a pris le temps de trouver les réponses à leurs préoccupations. Il faut leur faire sentir que les questions qu’elles avaient sont importantes. »
François St-Gelais abonde en ce sens. « Il ne faut pas oublier le pendant et le après. Il ne faut pas que la communication s’arrête quand la construction commence. Il faut être flexible, ouvert et engagé », a-t-il conclu.
Mentionnons qu’outre les personnes nommées précédemment, les panels de discussion incluaient Mathieu Laneuville, ing., M.Sc.A. Président-directeur général Réseau Environnement et Denis Taillon, Ex-président du conseil d’administration, Société de l’énergie communautaire du Lac-Saint-Jean.