SAGUENAY – La Fête de la Pêche, dont le but est de favoriser la relève dans la pratique de ce loisir, est sans doute l’un des événements familiaux du début du mois de juin parmi les plus courus au Québec par les amateurs de plein air. À La Baie, Pêche en herbe invite notamment à cette occasion les familles à se rendre à la Pyramide des Ha ! Ha ! pour s’inscrire à différentes activités.
À partir d’Alma, le Défi ouananiche s’est inscrit pour la deuxième fois cette année dans le même esprit de participation avec, pour cadre, les tributaires et les décharges du lac Saint-Jean. En 2022, ce rendez-vous avait comme thème la persévérance scolaire et il en a été de même pour 2023.
Rémi Aubin, l’un des spécialistes de la pêche sportive parmi les plus connus dans la région, également responsable de la section pêche à l’Accommodation des 21 de La Baie, fait partie des nombreux bénévoles qui, à chaque année, font un succès de Pêche en herbe. « On implique les quatre écoles primaires de l’arrondissement en remettant aux enfants un permis valide jusqu’à 18 ans. On leur donne une canne, un moulinet, un coffre contenant des agrès de pêche. Nous sommes une équipe d’environ 60 bénévoles. Chacun de nous accompagne trois participants et nous allons faire en sorte que chaque jeune puisse revenir à la maison avec sa première truite à vie ».
Le goût de pêcher en toute sécurité
Le plaisir relié à la pêche ne doit pas faire oublier la nécessité de mettre en pratique les règles de base de la sécurité nautique. « Dès le matin, sur le site de la Pyramide, précise Rémi Aubin, des animateurs et des kiosques Facebook attirent l’attention des participants sur l’importance de porter une veste de flottaison dès que l’on monte dans une embarcation ou que l’on pêche à gué. L’activité, en soi, devient également une formation. L’idée qui prévaut, c’est de donner aux jeunes le goût d’aller pêche en toute sécurité avec leurs parents dès qu’ils en auront l’occasion ».
Le bon côté de la pandémie
Les statistiques relatives à la vente de permis depuis 2021 démontrent que la pandémie aura eu au moins un effet bénéfique sur la pratique de la pêche sportive. « Il y a un retour évident à cette activité, constate Rémi Aubin. Le nombre de pêcheurs augmente de façon significative. L’histoire mesurera l’ampleur de ce phénomène mais il existe bel et bien. Il y a eu un déclic et ça n’a pas cessé. Pendant presque deux années, les gens n’avaient pas la possibilité de se déplacer ailleurs que dans leur environnement immédiat. Au Québec, en particulier dans notre région, la nature est à la portée de tous. Il y a des lacs où j’allais auparavant sans croiser personne. Ce n’est plus le cas à présent, il m’arrive même fréquemment de me retrouver sur certains plans d’eau éloignés en compagnie de trois ou quatre autres pêcheurs ».
Place à une autre génération
Selon Rémi Aubin, ce regain remarquable a permis de compenser le manque d’intérêt pour la pêche constaté ces dernières années par la génération des babyboomers. Ceux-ci ont formé pendant plusieurs décennies le contingent le plus important d’adeptes de ce sport, tant au Québec qu’au Saguenay–Lac-Saint-Jean.
Il y a un autre indice révélateur de l’augmentation de la pratique de la pêche, toujours selon Rémi Aubin. « Je fréquente beaucoup de pourvoiries et des Zecs. Je constate que, pour préserver la ressource, des lacs sont interdits à la pêche plus tôt qu’auparavant ; cela démontre une augmentation révélatrice du nombre de prises, donc de pêcheurs. C’est également plus difficile de réserver dans certaines pourvoiries en raison du manque de places ».
Les femmes s’ajoutent à la clientèle
La relève dans la pratique de la pêche n’est pas seulement l’affaire des jeunes ou d’une nouvelle génération d’adeptes. Les femmes apportent aussi leur contribution aux statistiques, ainsi que l’illustre Rémi Aubin. « C’est terminé l’époque où elles se contentaient de tenir compagnie à leurs maris ou à leur conjoint. Je vois régulièrement débarquer à l’Accommodation des 21 des groupes de quatre, cinq femmes, qui viennent faire le plein de provisions ou mettre à jour leur équipement. Elles se rendent dans des pourvoiries, des Zecs. On ne voyait pas ça il y a 20 ans. C’est aussi le cas pendant la saison de pêche blanche alors qu’elles sont presque égalité dans le fjord avec les hommes ».